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Des vins de Charles Joguet

Dégustation avec Mme Anne-Charlotte Genet de la maison Charles Joguet qui exploite une quarantaine d’hectares, plantés de cabernet franc et d’un peu de chenin blanc, en culture biologique (en processus de conversion à la biodynamie), dans l’appellation Chinon en Touraine (Vallée de la Loire).

Premier vin : Silènes 2015 (ex- Cuvée Terroir), un assemblage parcellaire d’un superbe millésime. Vinifié en inox, avec macération pelliculaire, le vin est rubis, très aromatique, bien fruité (fruits noirs), épicé (poivre), pas très corsé, plutôt fin, avec une bonne acidité et une astringence assez marquée. La fin de bouche est un peu pointue, mais très fruitée.

Ensuite, une série de vins de 2014 (un autre très beau millésime de garde) commençant par Les Petites Roches (SAQ 13232679 à 25,25 $), qui passe habituellement 16 mois en cuve inox. Rubis plus foncé que le précédent, il est bien ouvert, bien typé cabernet franc, fruité, équilibré, avec une note florale, une fine astringence et beaucoup de fruit épicé en finale. Ce vin, fait pour être bu entre 3 et 5 ans est délicieux maintenant.

Suit la Cuvée de la Cure 2014, ayant également subi une macération pelliculaire, en plus de la malo en fûts de 5 vins et un élevage de 8 mois (parfois jusqu’à 12 mois) en fûts. Du même rubis que Les Petites Roches, ce vin est également bien ouvert, fruité, assez poivré, mais une belle note animale s’ajoute. Il est plus rond en bouche, plus soyeux, avec des tannins plus enrobés, et un très bel équilibre. La fin de bouche est juteuse et très fruitée. Tiendra encore quelques années.

Les Charmes 2014. Même macération cellulaire, même malo et élevage en barrique, même rubis, mais un nez plus discret, avec des fruits noirs bien mûrs. Il est moyennement corsé, assez vif, avec des tannins bien présents et un bon équilibre de jeunesse. Plutôt astringent en finale, il est un peu pointu, poivré et bien persistant.

On arrive aux vins de garde avec, d’abord, Les Varennes du Grand Clos 2014, issu de vieilles vignes de plus de 40 ans, sur une parcelle de 4,5 ha. Encore une fois, macération pelliculaire et malo et élevage en barrique (6 mois pour celui-ci, parfois jusqu’à 16 mois). Jusqu’à récemment, une partie des vignes (environ 1 ha) de cette parcelle étaient non greffées (franc de pied), mais ce n’est plus le cas; le phylloxéra a eu le dessus… pour le moment. La robe est rubis violacée, le nez intense, fruité (fruits rouges bien mûrs), très épicé, avec une légère note florale et un peu de bois. La bouche est grasse, ample, sur le fruit, bien fraîche, avec des tannins fins mais encore un peu asséchants, sans empêcher un très bel équilibre. La finale est bien sèche, légèrement astringente, fruitée et très longue. Prometteur, pour ceux qui auront la patience de l’attendre.

Le Clos du Chêne Vert est une parcelle pentue de 2 ha. Ce 2014 est rubis foncé, au nez plus discret (presque fermé), fruité, avec une note animale. La bouche est grasse, ronde, très fruitée et les tannins très fins, pour un équilibre impeccable. La fin de bouche est juteuse, bien fruitée, avec une belle astringence, du chocolat amer et une bonne persistance. À attendre au moins 5 ans, probablement le double. Le 2012 (13162261) est 61 $ à la SAQ Signature de Québec.

Le Clos de la Dioterie 2014 est également issu d’une petite parcelle (2,1 ha), mais de très vieilles vignes de plus de 80 ans. Il est vinifié et élevé comme le Chêne Vert, habituellement 25 mois, dont 18 en fût de chêne. Également rubis, mais plus clair que le Chêne Vert, il est aromatiquement un peu plus expressif, mais très semblable de style. Le corps est moyen, plus vif et plus fruité, mais aussi bien équilibré. La finale est juteuse et un peu plus fruitée. Même potentiel de garde. Le 2012 (13162279) est également disponible à la SAQ (64 $).

Suit un (rare) chinon blanc : le Clos de la Plante Martin 2013, fait à 100 % de chenin blanc. En Loire, 2013 est réputé être un très bon millésime, dont les vins blancs secs sont généralement encore jeunes, mais commencent à être accessibles. Cette parcelle de 3 ha, entièrement plantée de chenin blanc, sur un sol calcaire, vient tout juste d’être rattachée à l’AOC Chinon (en fait, ce 2013 porte toujours l’appellation Touraine). Le nez est intense, très fruité, citronné, minéral, avec de la cire d’abeille, du miel et une belle note florale : un chenin blanc classique. Il est gras en bouche (légèrement huileux), avec une acidité marquée (n’a pas fait la malo) et une finale très juteuse, bien sèche, très fruitée, un peu saline et très, très longue. Superbe! et encore bien jeune.

Trois vins matures ont suivi ; d’abord, Les Charmes 2009 (excellent millésime, qui devrait être à son apogée). Le vin est grenat avec encore des reflets rubis de jeunesse. D’intensité moyenne, il est surtout sur les fruits noirs; il est assez corsé, encore tannique, assez vif, très droit et équilibré. La finale est épicée et plutôt astringente. Décidément encore bien jeune.

Du millésime 2006 (très beau millésime, mais qui serait sur son déclin), d’abord le Clos du Chêne Vert. Grenat avec une couronne brique assez évoluée, il est bien expressif et complexe, encore fruité, très épicé, avec des notes florale, crémeuse, tertiaires. En bouche, il est fin, élégant, avec un très beau fruité, des tannins encore présents et un très bon équilibre. La fin de bouche est encore astringente, avec des fruits cuits et très persistante. Tout sauf sur son déclin.

Enfin, le Clos de la Dioterie 2006. grenat moins évolué que le Chêne Vert. Nez intense de fruits mûrs, de noix de coco (14 mois de vieux fûts), de chocolat amer, avec une légère note sauvage. Rond et gras en bouche, aux tannins soyeux, plus fondus; il est plus évolué (contrairement à la robe) que le Chêne Vert. Finale fumée, boisée, avec des herbes sèches. Un très beau cabernet franc à son apogée.

  Le site du producteur : www.charlesjoguet.com

  Les vins de Charles Joguet sont représentés au Québec par l’agence Roucet.