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Le vin de Corse

Le vin de Corse est peu connu au Québec.
C’est une petite production: 48 millions de bouteilles, dont seulement 20 % est exporté.
Les principaux clients sont les États-Unis et l’Allemagne avec respectivement 2,6 millions et 2 millions de bouteilles. Le Canada est le 7e client avec le Japon et la Chine avec seulement 133 000 bouteilles.

Il n’y a que 22 vins de Corse à la SAQ et très peu de chaque: quelques dizaines de caisses dans quelques dizaines de succursales.

 
La Corse produit du blanc, du rosé, du rouge et du muscat un vin doux muté.

On fait du vin en Corse depuis longtemps, mais on n’y fait du vin de qualité que depuis quelques années. En 2008, on a lancé le plan de relance de la viticulture corse.

La viticulture a passé proche de disparaître de l’île; du moins la viticulture commerciale, lors de la fin des subventions pour le transport sur le continent.  Dans les années 1960-1970, on cultivait 25 000 hectares, aujourd’hui c’est 5,800 (équivalent du Chablis, trois fois moins qu’en Alsace, vingt fois moins que Bordeaux). On a arraché les plants de vigne en plaine.

Le plan de redressement de 2008 était prévoyant. On y lit que «le marché est en pleine évolution, les consommateurs quotidiens d’un produit d’entrée de gamme disparaissent au profit de nouveaux consommateurs à la recherche de qualité, d’originalité, d’éclectisme, mais également soucieux de leur santé. Le prix du produit peut être élevé s’il correspond aux exigences de ces nouveaux consommateurs.» Les axes de développement étaient la recherche de la qualité, l’innovation, et l’originalité.

Les autorités viticoles ont donc fait des recherches et mis en place une charte des bonnes pratiques viticoles. «Puis les compétences de l’ensemble des techniciens de la filière ont été mobilisés pour les mettre en application dans le vignoble et former les vignerons.» L’accent a été mis sur «la maîtrise de pratiques respectueuses de l’environnement.»

Il y a 300 000 habitants seulement en Corse, à peine plus qu’à Gatineau. Toutefois, il y a 3 millions de touristes par année.

Il y a 110 caves particulières et 4 coopératives.
Il n’y a pas de grands domaines. Peu dépassent 30 hectares.

Le climat est méditerranéen avec influence montagnarde et maritime. Plusieurs vignobles en AOC sont à plus de 140 mètres d’altitude.
Les Corses sont très fiers de leurs vins. D’ailleurs, on en trouve dans toutes les épiceries et dans la tous les restaurants. Dans plusieurs restaurants, il n’y a même que du vin corse.
Le vin représente la première exportation insulaire en valeur.

J’ai passé 17 jours de vacances sur l’île de Beauté. J’ai pu y boire une quarantaine de vins, surtout des vins de la Haute-Corse.
Je vais vous donner ici mes impressions générales.

De beaux rouges
Les rouges m’ont semblé bien plus intéressants que les blancs. Des vins rouges avec de belles acidités, du fruité légèrement épicé, des tanins fins, pas de boisé apparent. Des vins pour accompagner les repas.
Ils sont faits de niellucciu (sangiovese), de sciaccarellu et certains sont complétés avec de la syrah et du grenache.

 
Muscat
Le meilleur vin que j’ai goûté en Corse est un vin du domaine Gentile, un vin sucré, la Cuvée Authentique,
Un muscat non muté, donc non AOC. Mais beaucoup plus fin que les Muscats AOC Cap de Corse, qui sont souvent très longs en bouche, mais donnent une sensation de brulure en finale. Il est difficile d’en prendre deux verres.

Les blancs sans saveurs
Il y a beaucoup de poisson et de fruits de mer dans la gastronomie corse.
Évitez toutefois les langoustes qui sont horriblement chères et ressemblent à des queues de homard trop cuites et hargneuses.
Les poissons sont frais et bien présentés, mais les vins blancs que j’y ai goûtés ne sont pas à la hauteur. Ils sont faits de vermentino et sont sans arômes et presque sans saveurs.

 
Les rosés sont souvent friands et bien agréables.
Une belle note pour le muscat pétillant de la maison Casanova qui fut un bel apéritif à plusieurs reprises.

Notons aussi les bières Pietra et Colomba qui sont bien désaltérantes, ainsi que l’eau gazeuse Orezza qui m’a permis de bien digérer les repas copieux servis dans les restaurants corses.

Du vin en bidons de plastique
Au Domaine Lazzarini, les clients se présentent avec leurs bidons de plastique et M. Lazzarini se fait un plaisir de les remplir à même des citernes de rouge, rosé et blanc à 2,50 euros le litre.

Donc, il y a de belles découvertes à faire en Corse. Et ça bouge, de nombreux jeunes ont pris en mains des vignobles à flanc de coteaux. Les productions sont petites, les prix un peu élevés dans certains cas (8 à 20 euros). Toutefois dans les restaurants, les prix des vins sont raisonnables et pas beaucoup plus chers que dans les magasins, de 20 à 30 euros.

Fait remarquable, dans les restaurants et même sur les terrasses le personnel a presque toujours pu nous parler avec grandes précisions des vins qu’ils ont à leurs cartes.
 

Des coups de coeur
Plusieurs coups de coeur. En particulier pour les vins du Domaine Gentile à Patrimonio. Des vins plus fins et plus élégants. Une belle gamme de vins de grande qualité.

Voici des vins d’autres domaines qui m’ont paru très bons et que l’on devrait retrouver sur notre marché au Québec.

Domaine de Gioielli Coteaux du Cap Corse  – Petit fruit fin, un pur délice aie-je noté.
Domaine Renucci  Calvi rouge 2011 – Très beaux tanins, très bon.
Clos Colombu rouge 2013  – Épicé, élégant, rappelle certaines syrahs. Bien meilleur que son blanc. Des vins de ce domaine sont disponibles ici.
Domaine Fiumicicoli, rouge Sartène 2013 – Très beaux tanins, fruité épicé, très bon, bio. D’ailleurs, la plupart des vins de Corse sont bio. Il fait si beau, c’est sec, il vente souvent, donc, ils n’ont pas besoin de produits chimiques pour combattre les champignons et autres maladies.

Clos Venturi 1769 rouge 2012  –  Année de naissance de Napoléon, une vedette du coin avec Tino Rossi; niellucciu, sciaccarellu et un peu de syrah.
Clos Venturi rouge 2011  –  Costaud et très bon.
Petra Bianca, Figari 2011  –  Très différent, plus fruité, chocolaté, tout en ayant une belle acidité.
Domaine Pieretti, rosé Cap Corse  –  Rosé gris élégant, fin et délicieux. Les rosés que j’ai goûtés en Corse, m’ont, sauf un, paru très agréables.
Orenga de Gaffory rosé – Un rosé corsé, bien fruité, plutôt costaud, qui a bien accompagné l’agneau.
Domaine Orenga de Gaffory , Muscat Cap Corse  –  Un muscat fin.
Clos Capitoro blanc  – Agréable et facile à boire.
Orenga de Gaffory blanc  – Bien.
Domaine Saparale, Sartène blanc  –  Correct
Clos Nicrosi blanc 2012  –  Presque sans saveurs.
Les vins de Lazzarini  –  correct
Les vins du Domaine de Piana  –  correct.
 
Les cépages corses
Niellucciu
À la base de la renommée des vins de Patrimonio, on le trouve aujourd’hui dans
de nombreuses autres appellations. Frère jumeau du sangiovese. Ce cépage noir est le cépage principal puisqu’il représente 35% des surfaces. Arômes épicés, de réglisse et de petits fruits rouges. Bien charpenté.
 
Sciaccarellu
Sciaccarellu veut dire croquant. Il représente 15% des surfaces, surtout dans l’Ouest. Souple, fin, bouquet poivré et de garrigue.
 
Vermentinu
Cépage blanc, malvoisie de Corse. 17 % des surfaces. Le cépage principal de toutes les AOC blancs de Corse. Donne des vins très secs et acidulés.
 
En Corse, le o et le ou deviennent souvent u; et de prononce ou. Ils escamotent souvent la dernière syllabe des mots. Le Corse est un dialecte originaire du nord de l’Italie. L`île a été gérée cinq siècles par les Génois, de 1284 à 1768.
 
Les appellations
Les trois principales AOC sont
Patromonio 907 ha, 19,491 hl et 35 caves particulières;
Ajaccio 242 ha, 8175 hl. 12 caves particulières;
Calvi 276 ha 8141 hl et 12 caves particulières.
Puis Sartène 163 ha 6590 hl et 10 caves;
Figari 130 ha 4585 hl et 6 caves.
Porto-Vecchio 89 h 3220 hl et 6 caves;
Coteaux du Cap Corse 34 ha 969 hl et 5 caves.
Une appellation régionale: Vins de Corse avec 1456 ha 69 000 hl 19 caves particulières et 4 coopératives.
Vin doux muté Muscat du cap Corse sur 98 ha une production moyenne de 2800 hl par 35 caves particulières. (source dossier de presse Civc 2014)

Des chiffres sur la viticulture en Corse
5800 hectares
663 ha certifiés bio et 52 ha en conversion (Agence bio)
360 000 hectolitres (2013)
dont 110 000 hl en AOC.
100 000 hl sont consommés sur place.

60 000 hl exporté.
Le reste en France.
AOC
9 AOC 35 % de la production; IGP 61 % et vin de table 5 %.
AOC 55 % rosé; 31 % rouge; 14 % blanc.
AOC 60 % consommé sur place; 10 % export et 30 % continent.

IGP 60 % rosé; 20 % rouge et 17 % blanc. Sur place: 18 %, continent 56 % et 26 % export.
110 caves; 350 producteurs, 4 coopératives.
 

 
Site web du Comité interprofessionnel des vins de Corse
www.vinsdecorse.com