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Pourquoi le Ménage à Trois est si populaire

Il y avait une discussion hier sur le réseau social Twitter au sujet du succès du vin Ménage à Trois. La sommelière Jessica Harnois a lancé la discussion en demandant «Pourquoi le monde aime le vin Ménage à Trois?».

C’est le vin le plus vendu au Québec en valeur au Québec avec plus d’un million et demi de bouteilles. C’est un vin rouge sucré. Il contient l’équivalent de 14 grammes de sucre au litre. On considère qu’un vin est sec lorsqu’il contient 4 grammes et moins. (14 grammes, c’est comme ajouter 3 cuillers à thé de sucre au litre.) (Son prix a été baissé maintenant au niveau de celui de l’Ontario, soit de 19,20 $ à 16,95 $.)

En plus d’être sucré, il n’est pas tannique, pas vif (pas acide) et n’a pas d’amertume. Ce qui fait dire à plusieurs grands connaisseurs de vin que ce n’est pas du bon vin. Plusieurs ne comprennent pas pourquoi ce vin (détesté par les connaisseurs) est si populaire.

C’est la même chose pour le rosé le plus vendu au Québec. C’est un rosé très sucré avec l’équivalent de 37 grammes de sucre au litre et seulement 8,5 % d’alcool, le White Zinfandel de Gallo. (SAQ 11,55 $ – LCBO 9,45 $)

On qualifie ces vins de pelucheux, doucereux, doucinés, compotés et pommadés.

Vin comme bière
C’est pourtant bien simple. C’est le même phénomène avec la bière. Les connaisseurs de bières préfèrent les bières artisanales bien gouteuses; alors que les grands buveux de bière préfèrent la Budweiser ou les bières dry.

Les bières dry ont été mises au point en 1989 pour les Japonais qui n’aimaient pas l’amertume de la bière, mais voulaient quand même en boire. On a donc inventé la Dry en enlevant l’amertume de la bière. Ce fut un succès.

Le Ménage à Trois, c’est un peu comme le Pepsi. C’est sucré et ça répond au «goût de bébé» que nous avons conservé en Amérique. C’est un peu comme mettre trois sucres dans notre café, si on n’aime pas l’amertume du café.

Il n’y a rien d’étonnant à commencer dans le monde du vin par du vin sucré. C’est ce qu’on fait les gens de ma génération. Jeunes nous avons pris contact avec le monde du vin par les Black Tower (29 g/l sucre), Leibfraumilch (38 g/l), Blue Nun (32 g/l). Nos tantes buvaient de l’Oiseau Bleu (voir la vidéo). Des vins blancs sucrés fort populaires à l’époque. Ils sont passés de mode maintenant au Québec.

Aujourd’hui, nous apprécions les vins plus vifs, plus tanniques, plus secs, plus tendus même et quelquefois avec un petit amer en finale.

C’est un processus normal: du sucré vers le sec.
Certains resteront toujours au sucré; d’autres progresseront vers des vins plus secs. Le vin sucré est agréable à boire par lui-même, mais avec la nourriture, il finit par lasser.

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