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ÉcrisVins gentils et complaisants

Une citation :

Admettons toutefois que la situation, relativement sensible en matière de journalisme du vin, diffère d’un pays à l’autre. Les Anglo-Saxons manient très bien la plume, avec parfois autant de sévérité que d’humour. Les Français, en général peu flatteurs, n’ont pas la langue dans leur poche et sortent les crocs sans trop se gêner. De leur côté, les Belges ne laissent pas leur place, avec en prime un soupçon de dérision. Les Suisses sont assez accommodants, softs pourrait-on dire. À l’image du Québec où la plupart du temps il faut être gentil, respectueux et politiquement correct en faisant le moins de vagues possible. Ce qui, en corollaire, conduit plusieurs, au mieux à rester dans le propos nébuleux et imprécis, au pire à pratiquer une démagogie et une complaisance qui alimentent et renforcent des contre-vérités.» (Les caractères gras sont de la rédaction)

Ceci est un extrait du chapitre intitulé «ÉcrisVins» du livre à paraître cette semaine «Le vin snob» de Jacques Orhon, aux Éditions de l’Homme, Québecor Média.

Le journaliste québécois du vin gentil et complaisant !
Oui, nous le constatons aussi. Toutefois, nous pouvons nous demander si c’est seulement dû au bon caractère gentil du Québécois.

Ici nous vivons sous la coupe du Soviet des alcools, qualificatif donné par un chroniqueur de La Presse. Le journaliste du vin d’ici se sent peut être obligé de se comporter comme un journaliste de la Pravda: être bien gentil s’il craint de ne plus profiter des faveurs de la direction du monopole du vin, de ne plus être invité aux dégustations de prestige, de ne pas bénéficier de la pub de la SAQ pour son guide de vin, ses écrits et pire d’être boycotter par les mousquetaires du service de presse de la société d’État, comme c’est le cas de certains d’entre nous.  

Il n’y a qu’à consulter les quelques blogues d’ici sur le vin pour constater que des blogueurs gaspillent leur liberté de parole en tenant des propos lénifiants sur les vins et nos beaux monopoles.

Il y a là matière à réflexion.

Pour ce qui est du «les Français …qui n’ont pas la langue dans leur poche et sortent les crocs». Oui et non! En privé, les journalistes du vin de France en général sont très critiqueux comme on dit en québécois, toutefois lorsque je lis La Revue du vin de France et pire la revue Terres de vin, ce n’est souvent ce qui semble être que des textes promotionnels et louangeurs l’un après l’autre.

Le vin snob, le dernier livre de Jacques Orhon, sortira mercredi. Je vous invite à le lire. Il y a là-dedans bien d’autre chose et des plus intéressantes. J’en parlerai cette semaine.