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SAQ: hausse des prix des grands vins?

Après la baisse des prix des petits vins à la SAQ, est-ce que l’on doit s’attendre à une hausse des prix des vins de milieux de gamme et des grands vins?

La direction de la SAQ veut appliquer une majoration linéaire comme celle de la LCBO en Ontario pour remplacer sa majoration régressive qui taxe plus les vins à bas prix.

La SAQ a réduit le prix de 1600 de ces vins courants, ses plus gros vendeurs.

En effet, avec sa marge linéaire — la même pour tous les vins — l’Ontario offre des vins à petits prix moins chers qu’au Québec, toutefois, ses vins de plus de 20 $ sont souvent plus chers qu’à la SAQ. À tel point qu’en Outaouais des restaurateurs d’Ottawa s’approvisionnent à l’occasion dans des SAQ de Gatineau pour obtenir leurs vins de plus de 30 $ inscrits à leurs cartes de vin et souvent plus chers ou en rupture de stock à la LCBO!

Un exemple, le Beringer Knights Valley Cabernet-Sauvignon 36,10 $ à la SAQ, mais 44,95 $ à la LCBO
Ce vin est vendu dans plusieurs restaurants d’Ottawa, dont un le Al’s Steakhouse de la rue Elgin l’affiche à  105 $ à sa carte de vins!

Il nous arrive même de voir chez des cavistes en France des vins français de 30-100 euros plus chers là qu’ici à la SAQ!

C’est bien beau réduire les prix des vins à moins de 15 $, mais si c’est pour augmenter les prix de ceux à plus de 20 $ — ceux qu’on achète — nous nous serons perdants dans cette affaire-là, me dit l’ami Pierre.

Allez-vous taxer les riches?
Les vins achetés 5 $ sont triplés à 15 $ à la SAQ (avant la baisse de 1,40 $); pendant que ceux achetés 50 $ sont seulement doublés à 98 $.

Je pose donc la question au président de la Société des alcools du Québec. Vous avez été accusé de taxer plus les pauvres avec votre marge régressive. Vous avez réduit cette marge. Allez-vous maintenant taxer plus les riches pour compenser?

Je ne veux pas créer un choc tarifaire auprès de la clientèle. On ne veut pas créer un choc pour les vins en haut de 30 $,» nous dit le président Alain Brunet.

Nous sommes à la deuxième année de notre plan de trois ans, ajoute M. Brunet. Dans la première année, on a baissé les prix des vins d’entrée de gamme. On a appliqué rapidement une solution pour nous amener le plus vite possible à la parité avec l’Ontario. «On a procédé à vitesse grand V». Le travail s’est bien fait rapidement. «Et on l’a vu, on a mesuré que la perception de prix s’est améliorée de 15 % auprès des clients.»

Donc on a fait ce travail, mais ce n’est pas assez, il faut que cela soit durable et solide. «Nous sommes en train de faire beaucoup de simulations. Il faut bien le faire parce que là on est dans le coeur financier de l’organisation. On va la présenter cette nouvelle marge. Elle sera linéaire, égale pour tous et on préservera la parité avec les marchés limitrophes (l’Ontario)», nous dit M. Brunet qui ajoute que de toute manière y a très peu de volume sur les vins au-delà de 30 $ que ça n’équilibrerait pas la baisse sur les vins courants.

C’est pour ça que la SAQ a fait un virage financier, dit-elle. Elle a compressé ses coûts, entre autres en réduisant de 30 % son personnel administratif, en négociant plus sérieusement avec ses fournisseurs afin «de subventionner la baisse de prix». De plus, la direction de la SAQ a convenu avec le gouvernement que l’augmentation du bénéfice sera de seulement 1 % pour les 2 ou 3 prochaines années, affirme le président.

C’était le temps d’agir
«On a donc répondu rapidement à la demande du client qui était la plus visible. C’était le temps d’agir. Ça a fait le travail. C’était parfait. Mais ce que l’on veut ce n’est pas faire juste un coup de circuit et un coup publicitaire. Il faut que ce soit pondéré, durable et transparent.»

La baisse des prix de 1,40 $ — soit 9 % selon M. Brunet — a été compensée en partie par une hausse des ventes en volume de 6,6, % au cours des 6 derniers mois. (Voir Forte hausse des ventes de vin à la SAQ.)

Au sujet de la transparence, M. Brunet ajoute «qu’il faudra que le consommateur voie ce qui est notre marge d’affaires et notre marge fiscale.» C’est-à-dire qu’il faudra que l’on distingue la différence entre les deux marges. Autrement dit que l’on voit si la SAQ est vraiment profitable.

La SAQ profitable? La SAQ rentable ou non?
La question semble étrange pour une entreprise qui rapporte 1 milliard $ au gouvernement, mais elle est pertinente. La même question a été posée à la LCBO. Et la réponse a été que la LCBO est peu rentable! Pourtant, elle donne 2 milliards de dollars au gouvernement de l’Ontario chaque année!

«La LCBO, comme la plupart des détaillants, est une entreprise dont la marge bénéficiaire est très faible» a dit l’an dernier le Conseil consultatif de la première ministre pour la gestion des biens provinciaux, présidé par Ed Clark, anciennement PDG de la Banque Toronto Dominion.

«En combinant les impôts théoriques (dividendes exigés par le gouvernement) aux bénéfices de l’entreprise, la LCBO donne à la direction et aux employés un faux sentiment de rentabilité.» (Voir La LCBO est peu rentable, septembre 2016)

C’est la même chose pour la SAQ qui mêle son profit de commerce de détail (marge financière) avec le milliard exigé par le gouvernement (marge fiscale) qui est en fait une taxe imposée. La SAQ va donc être plus claire en séparant dans ses résultats financiers ses profits d’affaires de la marge fiscale exigée par le gouvernement. Ce sera ainsi plus transparent.

Donc, en résumé, pour revenir à la question du début, la direction de la SAQ rassure nos amis amateurs de grands vins: ils n’auront pas un choc en voyant les prix de leurs vins préférés montés en flèche.