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La maison Trimbach : l’Alsace classique

Lors d’une dégustation récente, organisée par la Société Vincor Québec, M. Hubert Trimbach a présenté neuf de ses vins.

L’objectif de la maison est de produire des vins d’un style qualifié de «classique», c’est-à-dire bien secs, avec une bonne acidité, sans fermentation malolactique (pour plus de fraîcheur et de vivacité), sans élevage en fûts et sans assemblage de cépages; tout cela afin de maximiser l’expression du caractère inhérent de chaque cépage alsacien et de proposer des vins racés, faits pour la table.

Alors, ne cherchez pas chez ce producteur ces vins d’Alsace au sucre résiduel marqué (sauf en Vendange tardive et en Sélection de grains nobles, évidemment) ni au caractère boisé ou au taux d’alcool élevé.

Aussi, Trimpach continue d’être une des rares maisons à refuser d’utiliser l’appellation Alsace Grand Cru crée en 1983 (dans l’intention de promouvoir les meilleurs terroirs de la région). Appellation récupérée en bonne partie — près de la moitié selon M. Trimbach — par les caves coopératives et utilisée même sur les étiquettes de vins bon marché vendus en grande surface. Rien pour aider les grands vins d’Alsace à se démarquer.

La maison préfère donc ignorer cette A.O.C. dite Grand Cru et s’attacher à cultiver sa propre image de marque, celle du nom Trimbach, lié au vin alsacien depuis le XVIIe siécle.

La maison produit, sauf dans les années exceptionnelles comme 2007, environ 1,2 million de bouteilles par année, dont 85 % vont à l’exportation. Elle s’enorgueillit d’être présente sur toutes les cartes des restaurants 3 étoiles de France.

Les neuf vins dégustés étaient les suivants (les millésimes affichés sur SAQ.com peuvent varier; à vérifier en magasin) :

1- Pinot blanc 2006, Code 89292, 17,35 $ (produit régulier)
Le Pinot blanc d’Alsace est la seule appellation « de cépage » alsacienne à avoir droit à deux cépages, le pinot blanc (appelé parfois pinot d’Alsace) qui lui apporte sa fraîcheur et le pinot auxerrois (ou auxerrois) pour le fruit et le volume. Ce 2006 est composé d’auxerrois à 70 %.

C’est un vin d’un jaune doré assez clair, au nez bien ouvert, bien alsacien, fruité (pêche), floral, avec un une touche de minéralité. En bouche, il est plutôt gras (pour un pinot blanc), sec, le fruit s’exprime bien et ça ne manque pas de vivacité. Un vin de bouffe. Très bon rapport qualité-prix.  (Le site de la SAQ indique le 2007 parce que dernier est arrivé en entrepôt)

2- Riesling Réserve 2005, Code 969709, 28,05 $ (spécialité)
Un vin plutôt clair, avec des reflets verdâtres de jeunesse. Un nez très expressif et bien typé (citronnelle, floral, bien pétrolé). Une bouche d’ampleur moyenne, mais bien vive, minérale; le fruit ressort mieux en bouche. Bonne longueur. Très bon. (Le 2005 est sur les tablettes, le site SAQ indique le 2007 qui sera disponible dans quelques jours)

3- Riesling Cuvée Frédéric Émile 2001, Code 713461, 57 $ (spécialité)
D’un beau doré assez riche, ce riesling présente des signes de maturité (note grillée, très léger rancio), complexe tout en restant bien typé riesling. La bouche est plus élégante que corsée, bien sèche, avec une bonne acidité, mais équilibrée et une finale fruitée, minérale et juteuse (qui fait saliver) et une bonne persistance aromatique. Un grand riesling. (2001 et 2004 sur les tablettes)

4- Riesling Clos Ste-Hune 2002, Code 10223603, 213,25 $ (spécialité)
En Alsace, le millésime 2002 est considéré comme un «bon millésime», mais ayant produit de très beaux rieslings, bien équilibrés, avec un grand potentiel de garde. Ce riesling semble confirmer la chose. Il s’agit d’un des vins blancs les plus recherchés de la planète, provenant d’un minuscule vignoble (1,67 ha) situé sur une pente, au pied de l’église fortifiée de Hunawihr. La production annuelle moyenne n’est que de 9000 bouteilles.

Or clair chatoyant. Très aromatique, fruité, floral, note herbacée, minéralité, pétrolé plus discret, très complexe avec peu de signes de maturité. De la rondeur en bouche, avec une texture soyeuse, délicate; bien sec et d’un équilibre impeccable. Savoureux avec une fine note de miel et très persistant. Un très grand riesling.   (Probablement  à maturité).

5- Pinot gris Réserve 2005, Code 962332, 24,25 $ (spécialité)
Comme dans bien des régions vinicoles d’Europe, l’année 2005 est considérée comme un millésime exceptionnel.

Nez assez ouvert, fruité (pêche, poire), floral; certains y ont détecté une note fumée et même un peu de truffe blanche. La bouche est bien grasse et ronde et l’acidité plus modeste de ce cépage laisse une légère impression de sucré en bouche, même si le vin ne contient que 7 g/l de sucre résiduel (pour comparaison, la Cuvée Frédéric Émile est à 5 g/l). La finale est quand même bien fraîche, avec un peu de chaleur. Très bon vin. 

Ce pinot gris, dégusté immédiatement après le magnifique Clos Ste-Hune, a certainement souffert de la comparaison.

6- Gewurztraminer 2006, Code 317917, 23,90 $ (spécialité)
Doré foncé pour un vin si jeune (à cause du millésime plus difficile ?). Nez puissant, fruité (litchi, mangue), bien typé et assez fin, délicat. Charpente moyenne, belle acidité, pas gros, mais très bel équilibre. Finale fruitée, bien sèche et bonne longueur. Un autre très bon rapport qualité-prix. (Commenté aussi en février)

7- Gewurztraminer Cuvée des Seigneurs de Ribeaupierre 2001, Code 715615, 44,25 $ (spécialité)
Or pâle. Nez exubérant, bien typé (litchi, floral, épicé), peu évolué pour un 2001, mais belle complexité. En bouche, c’est gras, un peu moins vif que le 2006, mais sans lourdeur et bien fruité. La finale légèrement grillée montre un peu son âge. De la richesse, mais beaucoup d’élégance. 

8- Gewurztraminer Vendange tardive 2003, Code 10926894, 68 $ (spécialité)
Rappelons-nous que l’été 2003 a été celui de la canicule (des jours à 42 ou 43 degrés C en Alsace) et que, dans beaucoup de vignobles, le mûrissement des raisins a été extraordinairement précoce, avec une acidité plus faible qu’à l’habitude. La sécheresse n’ayant pas favorisé l’apparition de pourriture noble, il n’y a donc pratiquement pas eu de Sélection de grains nobles (SGN) et les Vendanges tardives (VT)ne présentent pas d’arôme de botrytis.

Celui-ci, d’un jaune doré, a tout de même un nez très puissant, fruité (abricot), avec du miel, de l’alcool et une légère note médicamentée (menthol ?). Bien gras en bouche, sans amertume, pas trop sucré, soyeux, avec une acidité tout juste suffisante. Léger caramel en finale et beaucoup de persistance. Délicieux.

9- Gewurztraminer Vendange tardive 1999, Code 10810277 (375 ml), 28,35 $ (spécialité)
1999, un millésime «moyen», sans les conditions extrêmes de 2003, mais où Trimpach n’a pas produit de SGN non plus. Les raisins botrytisés sont donc tous allés dans cette VT. Selon le producteur, ce vin serait dans la même catégorie que l’exceptionnel 1989 et mériterait au moins cinq autres années de cave.

La robe est d’un doré très riche, légèrement ambré. Encore une fois, un nez très puissant, bien typé, floral, fruits confits,  avec du miel et une belle note de botrytis, ce qui donne un nez d’une grande complexité. Le vin est corsé tout en restant soyeux. Sans être vif, le vin ne présente aucune lourdeur; cette fois, une bonne acidité vient assurer un équilibre irréprochable. La finale n’est pas trop sucrée, très parfumée et très longue. Encore meilleur que le précédent, à cause de l’acidité. (Millésimes 1999 et 2000 sur les tablettes)

Les images proviennent du site de la maison Trimbach www.maison-trimbach.com

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