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Est-ce que le vin bio est meilleur?

Lab Natoli et CoeC’est une question qui m’est souvent posée lorsqu’on parle de vin bio.

Un vin bio est un vin qui est fait avec des raisins qui n’ont pas été contaminés par des produits chimiques. Des raisins qui proviennent de sols sains dont la faune microscopique n’a pas été détruite par de puissants pesticides, insecticides et autres phytosanitaires.

Est-ce que cela se reflète au niveau du goût?
Une chose est certaine, il y a des goûts, des saveurs, des arômes, des textures qu’on retrouve dans le vin bio et qui ne sont pas dans les vins issus de la viticulture chimique.

Comment expliquer cette différence?
Jean-Paul Mas, des Domaines Paul Mas, nous dit que «le vin bio n’est jamais semblable au vin conventionnel. Je ne sais pas trop pourquoi. Je suppose que c’est dû à la présence de minéraux que la vigne va chercher dans le sol non contaminé. Ces minéraux combinés à des enzymes qui s’y accrochent, s’y développent et donneraient des vins si différents.»

Toutefois, il ajoute que cela ne se fait pas en un jour. «Après des dizaines d’années de destruction par des produits chimiques qui tuent la vie sur et dans le sol, ça prend une bonne dizaine d’années de culture bio avant que le sol ne retrouve son état normal, sain et original.»

Alors, quoi de mieux pour vérifier si le vin bio est meilleur que d’aller en déguster.

Un dimanche, le 23 janvier, je me pointe en compagnie d’un groupe de collègues de Scandinavie et du Québec au laboratoire oenologique Natoli & Coe près de Montpellier (France). Il est formé d’une équipe d’oenologues qui conseillent les viticulteurs de la région et d’un peu plus loin. Ils ne conseillent pas que les vignerons bio. Ils nous ont préparé une dégustation de 40 vins bio du Languedoc et du Roussillon. Des vins qui sont exportés en Norvège, en Suède, en Finlande et au Québec, puisque nous étions un groupe de journalistes provenant de ces pays où la vente du vin est réservée à un monopole.

Le premier vin dégusté en ce dimanche matin me laisse une très belle impression. Il se nomme Pinot Noir Pur 2009 du Château de Brau, exportation privée au Québec, 22 $ (Syl-Vins), en Ontario et en Alberta. C’est jeune, bien fruité sur une note d’humus. C’est frais et original, je lui donne trois étoiles (très bien) ***.

Un autre vin de la même maison, le Fer Servadou 2009 21 $ (Québec IP Syl-Vins, Alberta) a un beau fruité que je qualifie d’original, riche, de texture lisse, il laisse une belle bouche fraiche. Très bien aussi ***.

L’an dernier, un vin de cette maison, le Cabernet Franc 2006 m’avait beaucoup impressionné.

Je continue avec le Saint Bart Vieilles vignes du Clot de l’Oum, Roussillon 2008, très foncé, rond, expressif, d’une belle bouche jeune, ample et assez élégante. (vini-vins) ***

Puis deux vins que je trouve insatisfaisants, le Canon du maréchal 2010 de Cazes, peut-être pas encore fait ainsi que le Pinot noir 2009 Les Chemins de Bassac. Par contre La Cuvée Marie Gabrielle Roussillon 2009 de Cazes (SAQ) est bien meilleure avec son fruité raffiné et sa structure assez fine **1/2; ainsi que l’élégante Cuvée Isa 2007 (17 $ Qc Ip Raisonnance) de Bassac ***.

Ensuite, une remontée en flèche avec Les Fontanilles, Corbières 2008 du Domaine des 2 Ânes, ample, riche, du corps, plus de tout, très long. Très bien (IP Planvin 20 $) ***1/2 (Norvège, Suède et Québec). L’Enclos 2008 de la même maison, d’un bel équilibre, séveux et plein ***1/2. Puis le Classique, Corbières 2009 du Château des Caraguilhes, disponible en Colombie-Britannique ***.

On redescant avec Le Roc des Mates, Pic Saint-Loup 2007 du Château Caseneuve, correct *. Par contre Les Calcaires 2008, de la même appellation et de la même maison nous séduit par sa belle longueur gustative. Il faut toutefois l’aérer longuement, il dégage au début des arômes un peu étranges. (Québec et Suède) **1/2

Les Garrigues 2008 du Domaine Clavel (Norvège, Suède et SAQ) est très bien, du fruit, du corps, une jolie finale **1/2. De la même maison, le Bonne Pioche 2009 (Québec, Suède, Norvège) AOC Pic-Saint-Loup est moins tannique, plus souple, d’un fruité bien agréable. **1/2

Dans un registre bien différant la Cuvée Laudun par Philippe Faure-Brac, Dom. Duseigneur Rhône 2007 (Québec Réserve et Sélection), souple et élégante ***.

Mentionnons aussi la Cuvée Plaisir 2009 du Domaine Monplesy (Québec, Suède) d’un riche fruité avec une sensation pétillante en bouche **1/2. Son rosé Plaisirs interdits 2010 est un beau vin de party **.

Parmi les 12 blancs, nous trouvons moins d’éclats, sauf pour le Cine Panetonne 2009 du Clot de l’Oum (Qc, On et CB), costaud, gouteux, cire, pêche, d’une belle personnalité *** et les mousseux du Domaine Delmas disponibles en Scandinavie. Son crémant de Limoux et surtout sa Blanquette ancestrale sont particulièrement bien réussis.

Le bio est-il meilleur?

Après la dégustation de 40 vins, peut-on finalement répondre à la question?
Oui, il y a de très bons vins bio. Il y en a aussi de moins bons. La proportion de bons vins et surtout de très bons vins l’emporte dans cet échantillonnage. Ce sont des vins encore jeunes, plaisants à boire, d’un fruité agréable. Il y a eu quelques mauvaises odeurs, mais pas trop, moins que dans les vins chimiques.

Donc, si les prix sont raisonnables, ces vins seront bien attirants, surtout qu’on aura encore plus l’impression de boire un produit sain, un breuvage santé.

Où trouver ces vins?
Ils sont ou seront disponibles au Québec, si indiqué, mais pas nécessairement à la SAQ, certains sont en importation privée, ce qui ne facilite pas la recherche. J’ai indiqué lorsque connus les liens vers la maison d’importation, sinon il faut aller voir sur les sites saq.com ou raspipav.com.

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Cette visite au Laboratoire oenologique Natoli & Coe et la tournée de presse a été faite à l’invitation de l’AIVB-LR dans le cadre du salon Millésime Bio 2011.