Pour la deuxième fois en quelques années, le gouvernement du Québec abandonne son projet de rabaisser de 0,08 mg à 0,05 mg/l le taux d’alcool permis dans le sang pour conduire un véhicule.
«Il faut être à l’écoute des gens, et on constate que la sensibilité n’est pas là pour le moment chez les Québécois. C’est correct, on comprend ça. Alors on la retire», a dit le ministre des Transports, Sam Hamad.
Les Québécois s’opposaient à cette mesure trop sévère de retrait du permis de conduire sur le champ et de la saisie du véhicule.
Le gouvernement s’attaquera plutôt aux récidivistes. Ceux qui auront été déclarés coupables d’une troisième infraction en dix ans devront munir leur auto d’un démarreur qui détecte les vapeurs d’alcool. On augmentera aussi le nombre de barrages routiers.
Le groupe Éduc’alcool appuie cette nouvelle version du projet de loi qui devrait être adopté d’ici vendredi. «Il faut accroitre la perception qu’on va se faire prendre si on conduit en état d’ébriété», dit Hubert Sacy, directeur général de l’organisme.
Les restaurateurs qui craignaient que les consommateurs d’ici fassent comme ceux de France et cessent de boire au restaurant se disent satisfaits du changement de cap du gouvernement. «On se trompait de cible», dit François Meunier président de l’association des restaurateurs.
Il faut dire qu’au Québec, le vin représente de 20 à 40 % du chiffre d’affaires et des bénéfices des restaurants (au nombre de 20 000, un secteur de 10 milliards de dollars). Les Québécois vont au restaurant pour manger, sociabiliser et boire du vin. De plus, cette mesure aurait énormément nui à l’essor des restaurants apportez-votre-vin, très populaire auprès des amateurs de vin.
La raison principale du changement de cap du gouvernement québécois se trouve peut-être du côté du gouvernement fédéral. En effet, une étude du ministère de la Justice du Canada, dévoilée en octobre, prévoyait que le 0,05 aurait surchargé le système judiciaire, répressif et policier.
«Les implications de cet impact éventuel sont très étendues, puisque davantage de Canadiens risquent de se retrouver avec un dossier criminel. La police pourrait nécessiter davantage de ressources pour traiter les dossiers, et les services correctionnels auront besoin de ressources supplémentaires pour gérer les individus trouvés coupables», écrivait Andre Solecki de la division recherches et statistiques du ministère férérale de la Justice.
Donc, le 0,05 aurait coûté beaucoup plus cher en cette période de budget restreint. Toutefois, le gouvernement dit qu’il pourrait revenir avec ce projet dans trois ans.
Le Québec — peuplé d’irréductibles Gaulois — est encore une fois distinct et restera la dernière province du Canada à maintenir le seuil du 0,08 mg/l.
À ce sujet, regardez et écoutez les reportages et extraits sonores présentés sur le site de Radio-Canada.
Un outil : Calculateur de taux d’alcool sur internet.