La Revue du vin de France pose la question : les pesticides sont-ils solubles dans le temps?
Le magazine a fait mener des analyses sur 12 vins des millésimes 1997 à 1974.
La réponse : les molécules de synthèse ont la vie très longue.
Clofentezine, fluzilazole, hexaconazole, iprodion et autres sont encore présents dans des vins de Bordeaux et de Bourgogne après plusieurs dizaines d’années.
Le Sociando-Mallet 1994 contient encore de la bifenthrine, un insecticide, et de l’iprodion, un fongicide. «C’est que les quantités utilisées étaient trop importantes ou que la pulvérisation était trop proche de la date de vendanges», dit Pascal Chatonnet, du laboratoire d’analyse Excell.
L’iprodion a été trouvé dans un bourgogne de plus de 30 ans. On doit donc s’interroger sur les effets de l’accumulation de ces produits dans l’organisme humain, disent les chercheurs.
Selon le professeur Dominique Belpomme, ce n’est pas la dose ingérée, mais la fréquence d’accumulation qui est dangereuse pour l’homme.
L’industrie ne cesse d’inventer de nouvelles molécules pour tuer les insectes et les champignons. En 1974, il y avait 48 molécules chimiques utilisées dans la viticulture de France. Ce nombre avait doublé en 1986. On a atteint le summum en 2000 avec 130 molécules. Puis aujourd’hui, on en utilise 106. Chaque fois que les autorités interdisent une molécule, l’industrie en invente une autre.
L’an prochain, plusieurs de ces substances seront toutefois interdites en Europe dont le tenace iprodion.
La RVF nous apprend que les interprofessions viticoles françaises ont lancé en 2009 une vaste et discrète enquête sur l’utilisation des produits phytosanitaires. Six laboratoires ont analysé des milliers de vins. Les régions de Bordeaux et de Champagne – grandes utilisatrices de ces produits – s’opposeraient à la publication des résultats.
Finalement, une bonne nouvelle : le vin blanc contiendrait moins de ces produits de la mort parce que le jus reste moins longtemps en contact avec les peaux où sont fixés les pesticides.
Sources :
Pesticides sont-ils solubles dans le temps? Revue du vin de France, mars 2010
Pesticide Properties Database