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Forcer la vente de vin de piètre qualité

ÉDITORIAL

Nos politiciens débordent d’idées farfelues. Sous le couvert de bonnes intentions, certains veulent nous inciter à acheter des vins de basse qualité!

Un député libéral a déposé à l’Assemblée nationale un projet de loi forçant la Société des alcools du Québec a promouvoir les boissons alcooliques fabriquées au Québec.

«Ce projet de loi prévoit que la Société des alcools du Québec a pour fonction de promouvoir les boissons alcooliques fabriquées au Québec.»

Le projet de loi no 395, déposé par le député de Huntington, Stéphane Billette, propose aussi que ces boissons alcooliques québécoises puissent être vendues par les épiciers.

«Il prévoit aussi que la vente de ses produits peut être effectuée directement à un titulaire de permis d’épicerie ainsi que directement à un titulaire de permis de restaurant pour servir

Vin ou distillat?
Étonnamment, le projet de loi ne mentionne pas du tout le mot vin. Il y est plutôt fait mention de «distillateurs», de «boissons alcooliques», d’«alcools et des spiritueux», de «permis de distillateur artisanal», de «fabriquer des alcools et des spiritueux», de «distiller les boissons alcooliques fabriquées», de «permis de production artisanale», de «permis de distillateur artisanal» et plus étonnant d’«importer les boissons alcooliques prévues par règlement pour les mélanger aux produits qu’elle fabrique».

Donc, ce projet de loi vise surtout à aider les distillateurs de boissons alcooliques de la province.

Du vin aigre
Il est tout de même fort probable que le terme boisson alcoolique employé dans cette loi concerne aussi le vin. On veut donc forcer la SAQ à promouvoir la vente de vin québécois. Mais agir ainsi c’est forcer les employés de la SAQ à vendre du vin de basse qualité. Car, disons-le franchement, le vin fabriqué au Québec est de piètre qualité en général. À quelques exceptions près, il est trop acide, acre, peu fruité, alcooleux et a des arômes et des saveurs déplaisantes.

Si le vin québécois est en général bien mauvais, ce n’est pas parce que nos vignerons sont mauvais, mais parce qu’ils utilisent de mauvais ingrédients. En effet, ici au Québec, sauf très rares exceptions, on utilise des cépages de piètre qualité, des cépages inférieurs, des cépages hybrides et rustiques qui donnent des raisins rustiques, acides et faibles en sucre.

Ces cépages sont interdits en Europe parce que donnant des vins de mauvaise qualité. Notre climat et nos connaissances actuelles ne nous permettent pas de faire pousser facilement des vignes de la classe des Vitis vinifera.

Cépages vinifera
Cabernet, merlot, syrah, sauvignon, chardonnay, riesling, pinot, sangiovese…

Cépages hybrides
Frontenac, seyval, vidal, maréchal Foch, de Chaunac, Lucie Kuhlman…

Donc, ces vins produits avec des raisins acides, doivent être corrigés par un ajout de sucre et de désacidifiant. En Europe, ces jus de faible qualité sont envoyés à la distillerie.

Québec, Niagara et Okanagan
Si on force la SAQ a vendre des vins acides du Québec, pourquoi ne pas aussi l’obliger à vendre des vins du Canada?

En effet, les vins de l’Ontario sont un peu moins mauvais que ceux du Québec et ceux de la Colombie-Britannique encore un cran supérieur à ceux de l’Ontario, malgré leur goût de vanille et de noix de coco.

Dans les épiceries
Les épiciers du Québec n’ont pas le droit de vendre du vin de bon niveau qualitatif. Ils sont obligés de vendre uniquement du vin importé en vrac et embouteillé au Québec.

Si on leur permet de vendre du vin du Québec, pourquoi ne pas leur permettre aussi de vendre du vin du Canada? Et tant qu’à faire, permettons-leur de vendre du vin de qualité embouteillé en Europe.

Position de la SAQ
Les dirigeants du monopole ont répondu à ce projet de loi en publiant un communiqué de presse dans la section Mise au point de leur site internet et dans la page opinion du quotidien La Presse. On y lit qu’«Environ 300 produits alcooliques du terroir, des vins, des cidres, des hydromels, des alcools de petits fruits et des liqueurs à base d’érable sont offerts sur les étalages des magasins SAQ.»

Puis, plus loin «la SAQ a fixé à 250 le nombre de magasins qui mettent davantage en valeur les alcools du terroir. Cette action permet de donner à ces produits une visibilité soutenue tout en respectant la capacité de production et de mise en marché des producteurs, qui ne pourrait pas soutenir tous les points de vente en ce moment.»

La SAQ termine sa mise au point par ceci: «La SAQ entend poursuivre ses efforts quant au rayonnement des produits québécois et elle le fera en respect des accords internationaux

Les accords internationaux? Voici, où ça devient intéressant! Est-ce qu’un monopole d’État peut favoriser les vins de son coin de pays au détriment des vins du reste du pays et des autres pays?

Intérêt des fabricants ou des consommateurs
Finalement, ce projet veut encourager les fabricants de boissons alcooliques du Québec, mais est-ce vraiment dans l’intérêt des consommateurs d’ici?
Nous croyons que non.

Il y a toutefois un point positif. Favoriser la production nationale au détriment de la production internationale, c’est ouvrir une brèche dans l’hermétisme du monopole. Et ceci pourrait être favorable à long terme aux consommateurs et amateurs de bon vin.

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Projet de loi no 395 – Loi modifiant la Loi sur la Société des alcools du Québec et la Loi sur les permis d’alcool:
Position de la SAQ – La SAQ, partenaires des produits d’ici; et Partenaire des vins d’ici, André Caron, SAQ.