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Une dégustation de vieux nebbiolos 1958-1974

​Les vins du Piémont ont une très bonne réputation, particulièrement les barolos qui sont au sommet de la pyramide. Ils commandent aussi des prix très élevés. Le prix médian est de 94 $ à la SAQ.

Ils sont suivis par les barbarescos, prix médian 74 $ à la SAQ.

Puis, les autres vins du Piémont ont une réputation de vin ordinaire. Parmi ces derniers, mentionnons les gattinaras, les ghemmes, les nebbiolos d’Alba et les langhes qui sont beaucoup moins réputés et beaucoup moins chers.

L’Académie du vin de l’Outaouais a organisé une dégustation de 10 vins de vieux millésimes de cette région. Des vins de 1958 à 1974. Plusieurs participants étaient donc plus jeunes que certains de ces vins.

Les vins de ces régions, particulièrement les barolos et les barbarescoa sont très austères en jeunesse avec des tanins rugueux et astringents. Toutefois, ils ont la réputation de bien vieillir. Il faut donc les attendre souvent plus de 10 ans. Ici ce fut une attente encore plus longue.

Ces 10 vins sont donc bien matures, ce que nous avons pu constater. Les tanins sont aussi pour la plupart de ces vins bien fondus. Ce sont des vins qui sont rendus presque délicats. Du moins, ils ont une certaine finesse et ont développé des aromes de vin mature.

Fiore Umberto, Sogno di Bacco Gran Reserva, Gattinara 1958
Berteletti Fratelli, Castello di Lozzolo, Spanna 1967
Flli Francoli Expo, Ghemme 1970
M. Mascarello & Figli tenuta, Nebbiolo d’Alba 1971
Barbaresco Produttori del Barbaresco 1974
Barbaresco Produttori del Barbaresco 1973
Barbaresco Produttori del Barbaresco 1970
Barolo Brunate 1971, Borgogno Francesco
Barolo 1971, Pio Cesare
Barolo Vigna La Rosa 1971, Fontanafredda

Fort étonnamment, ce ne sont pas les barolos qui sont apparus les plus costauds, ni nécessairement les meilleurs. Le vin le moins apprécié a été un barolo (Vigna La Rosa). Les barbarescos ont paru plus riches et plus costauds avec encore de beaux tanins. Pourtant, certains disent que les barbarescos sont la version féminine des barolos.
Notons aussi que le 1973, dit millésime très mauvais, a été très bien reçu. De plus, les trois barbarescos provenaient d’une coopérative.

Les trois vins des appellations mineures sont très beaux. Les deux vins les moins chers ont été parmi les préférés du groupe de 16 dégustateurs connaisseurs!

Encore plus surprenant, le vin, le plus vieux, le 1958 est apparu comme étant celui qui avait le fruité le plus jeune! En fait, il a même été servi en dernier parce que l’organisateur le trouvait, ainsi que le nebbiolo d’Alba, plus costaud que les autres!

Enfin, «Le vin de la soirée qui a (à une exception près) fait l’unanimité aura été le moins cher», note le président de l’Académie Alain Brault. Soit le nebbiolo d’Alba.

Donc, de quoi déboulonner certains mythes et certaines idées reçus.

Quelles conclusions en tirer?
Ce n’est certes pas un grand échantillon. Seulement 10 vins divins.
Mais tout de même que les vins d’une coopérative soient aussi bons et même meilleurs que certains barolos; que ses barbarescos soient plus costauds que les barolos, que les plus vieux semblent plus jeunes; que le moins cher soit jugé le meilleur et surtout que les vins des petites appellations fassent aussi bonne figure que les barolos! C’est étonnant.

Doit-on alors cesser d’acheter des barolos et plutôt encaver des barbarescos, des nebbiolos d’Alba ou des gattinaras?  Comme l’a dit l’organisateur de l’événement Pierre Bélanger, «aujourd’hui, on fait des vins différemment. Les méthodes ont changé. Les connaissances aussi.»

Je dois tout de même dire que c’est un bon coup de pied dans la pyramide!

Vous trouverez des commentaires sur ces vins dans la page Facebook de l’Académie du vin de l’Outaouais.