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Une pub inexacte de la SAQ

La SAQ se paie toute une publicité dans La Presse+ ce matin !

Le monopole d’État y vante les avantages des vins importés en vrac et embouteillés ici.

Citant une vice-présidente du plus gros embouteilleur du Québec, elle écrit que « Seule différence : son mode de transport est optimisé, ce qui assure la qualité du produit et permet de réduire son empreinte environnementale. »
— Mira Natal, Arterra, le plus gros embouteilleur de vin au Québec.  

C’est loin d’être la seule différence. La SAQ ne nous dit pas d’où vient le vin en vrac et comment il est fait. C’est en général du vin fait en grande quantité, en plaines irriguées, plantées de vignes à gros rendement, bien arrosées aux pesticides et bien sulfité. On ne vise pas la qualité, mais le rendement. Et le tout est vendu à environ un dollar le litre.

Je reprends ici des extraits d’un texte publié en 2015 et qui explique comment est fait le vin destiné à la vente en vrac.

Le producteur de vrac
Il veut produire du volume. C’est sur le volume qu’il fait son argent. Il s’installera donc en plaine, plantera des clones de cépages les plus productifs possible. Il visera à faire au moins deux bouteilles par plant de vigne pour un rendement de 50 à 80 et plus hectolitres à l’hectare. Il irriguera son sol afin de stimuler la production. «Il fera pisser la vigne», comme on dit. Il utilisera les insecticides, fongicides et autres pesticides de manière préventive et répétitive afin de protéger son immense culture. La récolte se fera à la machine. Tous les raisins sont récoltés pêlemêle, les murs, pas murs, trop murs et endommagés. Il ajoutera des sulfites afin que les raisins endommagés ne contaminent pas les raisins sains.
 
À la cave, il utilisera des levures industrielles, car les naturelles auront été tuées par les pesticides et les sulfites. Si ses raisins sont trop acides (climat froid ou récolte hâtive), il corrigera en ajoutant un désacidifiant dans ses cuves. Si ces raisins sont peu acides (en région chaude), il ajoutera de l’acide tartrique. Si le jus est trop pâle, il ajoutera un colorant (Mega Purple). S’il n’est pas assez sucré, il y versera des poches de sucre pour monter le taux d’alcool; un procédé appelé chaptalisation. S’il est peu concentré, il y ajoutera du mout concentré. Il pourra ajouter des enzymes pour faciliter l’action des levures, puis de l’écorce de levure morte pour donner un gout plus sucré au vin. Des dizaines de produits sont autorisés en oenologie et les contrôles sont moins sévères dans les pays du Nouveau Monde. Finalement, il vendra son vrac de 1 à 2 dollars le litre et n’indiquera pas toujours son nom sur le produit.
C’est une culture industrielle faite sur de grandes propriétés ou par de grandes coopératives.
 
Ce vin ne sera pas nécessairement mauvais. Il peut en sortir même du bon vin, mais vous comprendrez que le processus n’est pas le même. En vrac, on vise à produire du volume plus que de la qualité. (Commen est fait le vin en vrac)

C’est très payant pour la SAQ et les embouteilleurs
Une bouteille de vin sur trois au Québec est du vin qui a été importé en vrac et acheté environ un dollar.
Ce vin n’est plus embouteillé par la SAQ, mais par des sous-traitants ce qui ajoute un intermédiaire et permet à la SAQ d’augmenter le prix et sa marge et donc d’augmenter son bénéfice.

Ce vin est revendu à la SAQ qui en revend une bonne partie aux épiciers et dépanneurs.

Et maintenant, comment est fait le vin embouteillé par les vignerons. Retournons à notre texte de 2015.

Le vigneron metteur en bouteille
Le vigneron plante sa vigne en coteaux sur des sols pauvres propices à la production de raisins de qualité. Il cherchera à obtenir environ une bouteille de vin par plant de vigne pour environ 30-45 hectolitres à l’hectare. Il plantera des clones de vigne peu productive, car il ne cherche pas le gros volume, mais la qualité. Il taillera sa vigne de façon à obtenir moins de raisins, mais plus de concentration dans les baies. Il a tendance à utiliser des engrais organiques plus que chimiques. Il essayera de limiter le plus que possible l’utilisation de pesticides. Il en utilisera au besoin. Il récoltera souvent ses raisins à la main dans de petits contenants afin d’éviter de les écraser. Ses cueilleurs feront des sélections et des tris de grappes afin de ne collecter que celles désirées et d’éviter les raisins pas murs, trop murs ou endommagés. Il peut aussi utiliser des levures naturelles pour la fermentation. Finalement, le vigneron met son nom sur l’étiquette. Il s’attendra à le vendre au moins 3 à 5 dollars la bouteille pour entrer dans ses frais.
 
En résumé, le mode de transport n’est donc pas là la seule différence comme l’affirme la SAQ. Il y a de grandes différences entre les vins embouteillés par les vignerons et les vins importés en vrac et embouteillés ici.
 
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