On se rapproche du prix juste?
Nous parlons souvent des hausses des prix des vins. Certains croient même que nous en voulons à la SAQ.
Pas du tout, nous faisons tout simplement notre métier de journaliste: rechercher, découvrir, vérifier et publier.
Si nous parlons souvent des hausses de prix, c’est qu’il y en a souvent depuis quelque temps. Toutefois, aujourd’hui nous allons parler d’une baisse de prix.
Une grosse petite baisse!
En fait, il s’agit d’une grosse baisse sur un petit nombre de vins.
La SAQ annonce un rabais de 25 % sur cinq produits, dont quatre vins.
- Un sauvignon néozélandais est réduit de 20 à 15 $.
- Un beaujolais passe de 19 $ à 14 $.
- Une réduction de 16,50 $ sur un champagne. Il passe ainsi de 62 à 45 $.
- Finalement, un toscan italien passe de 26 à 19 $.
Dans ces deux premiers cas (beaujolais et sauvignon NZ), on se rapproche du coût réel de production du vin.
Vous vous souvenez dans un article récent, (Un bordeaux, c’est 3,68 $ du coût réel.) nous relevions le calcul fait par la Chambre d’Agriculture de la Gironde qui disait que le coût de production d’un vin est de 3,68 $ la bouteille. Ce qui donne après marges et taxes 15 $ pour le consommateur au Québec.
Si le prix de production de ces vins est de moins de 4 dollars, il est donc normal qu’on puisse les vendre autour de 15 $.
Pour ce qui est du champagne, c’est une autre dynamique. Le prix du raisin est élevé en champagne (le plus élevé au monde) et le prix demandé pour un champagne est déterminé en fonction du luxe, du standing, du snobisme.
Il y a toutefois des changements dans ce système en Europe. On voit maintenant en France notamment, des champagnes à moins de 10 euros soit 13 $ (Chroniques vineuses), et en Angleterre, on commence à les vendre à 10 £, soit 16 dollars (The Telegraph). Des produits quelquefois meilleurs que les champagnes plus chers (60 millions de consommateurs).
Le cas du quatrième vin est aussi intéressant. Un toscan qu’on a dit supertoscan qui s’est déjà vendu plus de 35 $, était 28 $ en 2009, puis 25 $ dernièrement, est réduit à 19 $ (pour une journée). C’est aussi un vin produit en très grande quantité. Le producteur achète les raisins dans sa région et réussit à faire un très bon vin.
Ce sont d’ailleurs tous des vins faits en très grande quantité (des centaines de milliers de bouteilles), des produits courants disponibles dans toutes les succursales de la SAQ.
Heureux et malheureux!
Ces soldes sont jugées comme bienvenues par les consommateurs, mais suscitent aussi des réactions de déception chez certains amateurs de vin. Pendant que quelques-uns se demandent si c’est le même produit, d’autres se sentent flouées pour avoir payé ce vin cher pendant de nombreuses années. Sur un forum, un (ou une participante anonyme) dit «j’ai quand même un peu l’impression que j’ai payé trop cher pour ce vin à l’époque (…) donc, combien de bouteilles dois-je acheter pour que le rabais puisse me permettre de récupérer ce que j’ai payé en trop...»(Fouduvin)
Le début d’un temps nouveau?
Quatre vins réduits, ce n’est pas beaucoup, mais c’est peut-être le début d’autres ventes plus nombreuses?
Ces produits ne sont sûrement pas vendus à perte. En les vendant 14, 15 et 19 $ pour les vins et 45 $ pour le champagne, les producteurs couvrent assurément leurs frais en plus de faire un profit.
Est-ce qu’on se dirige vers des prix plus près du coût de revient? Est-ce que la bulle va finalement éclater? Où est-ce juste un petit soubresaut dans ce marché très élastique du vin?