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Doit-on privatiser la SAQ?

Doit-on privatiser la SAQ?
C’est le titre du document présenté aujourd’hui à la presse par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).
 
La réponse à cette question des auteurs du groupe de recherches et de pressions est: «non».
 
L’IRIS a fait une étude sur le sujet à la demande du principal syndicat des employés de la SAQ, le SEMB-SAQ qui a d’ailleurs financé une partie du travail.
 
Dans son document de 54 pages, l’IRIS réfute les propositions du rapport Godbout-Montmarquette, ainsi que les affirmations d’Éric Duhaime dans son livre intitulé «La SAQ pousse le bouchon !». 
 
Les chercheurs Philippe Hurteau et Simon Tremblay-Pepin nous disent que la privatisation totale ou partielle envisagée dans le rapport Godbout-Montmarquette ne serait pas une bonne idée.
«Les deux scénarios étudiés sont sans équivoque. La privatisation partielle de la SAQ n’est pas une bonne solution si le gouvernement veut réduire l’endettement de l’état. Au mieux, il s’agit d’une politique relativement neutre au plan budgétaire et, au pire, d’une stratégie qui fragiliserait les finances de l’état.»
 
Le cas de l’Alberta
Puis les auteurs comparent le marché de l’alcool au Québec avec celui de l’Alberta afin de tenter de démontrer que la privatisation n’est pas nécessairement une bonne avenue pour le Québec.
 
Ils concluent que «pour le prix du vin, il apparaît évident que la privatisation n’a pas permis à l’Alberta de voir ses prix baisser. Au contraire, ceux-ci ont augmenté plus rapidement qu’au Québec et au Canada, et ce, même en comparaison de leur IPC respectif.» (IPC; indice des prix à la consommation.
 
Le milliard
La SAQ rapporte un milliard $ par année. Sa vente ferait perdre ce milliard. Au final, il n’y a pas de gain à faire en vendant la SAQ.
 
Ils calculent que s’il y a privatisation, pour conserver le milliard de dollars que la SAQ donne au gouvernement du Québec, il faudrait imposer une taxe de 2.10 $ par bouteille de vin.
 
Ils constatent que «depuis 2006, Québec demande systématiquement à ses sociétés d’état (Hydro-Québec, Loto-Québec et la SAQ) de verser davantage de dividendes afin de compenser les différentes baisses d’impôts consenties. En ce sens, ces dividendes deviennent un palliatif de plus en plus commode pour le gouvernement.»
 
Québec mieux que  l’Alberta, mais moins que le Canada
Résultat des courses, le prix du vin augmente plus vite au Québec que dans l’ensemble du Canada.
«Comme on le voit, le prix du vin au Québec a crû à 75 % de la croissance du prix des autres produits tandis qu’en Alberta, la croissance du prix du vin a suivi celle du coût de la vie. Dans l’ensemble du Canada, le prix du vin a crû à 55 % de la croissance de l’IPC. En d’autres mots, le Québec fait nettement mieux que l’Alberta, mais les données sur l’ensemble du Canada montrent que les autres provinces ont vu le prix de leur vin croître encore moins vite que celui du Québec par rapport au prix des autres produits.»
 
Les auteurs de l’IRIS constatent que «les revenus gouvernementaux de l’Alberta et du Québec, par litre d’alcool vendu, sont identiques.» Soit 2 $ par litre d’alcool vendu.
 
«En 2013, les gouvernements de l’Alberta et du Québec ont perçu, à travers leurs revenus spécifiques sur l’alcool, le même montant d’argent sur chaque litre vendu. À première vue, pour le gouvernement, les deux modèles peuvent donc sembler équivalents. Le gouvernement du Québec pourrait ainsi privatiser la SAQ et augmenter de façon importante sa taxe sur les boissons alcooliques pour compenser la perte de dividendes.»
 
Ils affirment que le nombre de produits disponibles au Québec est plus élevé que celui en Alberta. Ils y ajoutent les produits en importation privée qui serait au nombre de 16 640.
 
Spiritueux
Pour ce qui est des spiritueux, ils affirment que «le prix des spiritueux au Québec a crû à 40 % de la croissance de l’IPC de 1992 à 2014. Durant la même période, l’Alberta et le Canada voyaient le prix de leurs spiritueux croître respectivement de 55 % et 54 %. Donc, comme pour le vin, le prix des spiritueux augmente plus rapidement en Alberta, malgré (ou à cause de ?) la privatisation.» Ils omettent toutefois de mentionner que la SAQ taxe moins les spiritueux que les autres provinces.
 
Bière et dépanneur
Puis, les auteurs étudient les marchés quasi concurrentiels de la bière et du vin en épicerie au Québec. Ils constatent que les épiciers se prennent une marge de 25 % sur le vin. Ils disent que la SAQ n’a pas voulu leur fournir le montant de sa marge pour ces produits pour des raisons concurrentielles!
 
Pour ce qui est de la bière, ils mentionnent que son prix à augmenté plus vite que celui du vin. Toutefois, ils ne précisent pas si c’est dû aux taxes.
 
Philippe Hurteau et Simon Tremblay-Pepin concluent donc qu’il n’y a pas d’avantages à privatiser si on se fie à ce qui a été fait en Alberta où à ce qui se fait actuellement au Québec dans la vente de la bière ou à ce qui se fait pour la vente de vin dans les dépanneurs. Ils prétendent même que ce serait néfaste. «Nous concluons qu’une privatisation, même partielle de la SAQ, serait une erreur majeure du gouvernement. Elle priverait l’état québécois d’importants revenus tout en désavantageant les consommateurs et consommatrices d’ici.»

 
Le document Doit-on privatiser la SAQ est disponible sur le site du groupe d’études et de pressions www.iris-recherche.qc.ca.
 
Selon son site internet, l’IRIS, un institut de recherche sans but lucratif, indépendant et progressiste qui diffuse un contre-discours aux perspectives que défendent les élites économiques. Contrairement aux tenants d’un néolibéralisme, il fait la promotion d’un équilibre entre l’intérêt collectif et la liberté individuelle.