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Le phylloxéra a été une bonne chose pour la Loire

La destruction presque complète du vignoble a été un bien pour le vignoble de la Loire. Ça peut sembler très contradictoire! Dire que l’action de ce terrible puceron a été bénéfique.

En 1885, la récolte française de vin passe de 80 à 25 millions d’hectolitres. Le phylloxéra détruit en quelques années plus des deux tiers du vignoble de France.

La production vinique française était alors à son apogée. Le développement du chemin de fer ouvre aux vins de la Loire le marché national. Les vignerons de Loire concurrencent ceux du sud de la France en produisant de grandes quantités de vin à bas prix. Ils utilisent alors les cépages les plus productifs. Ce sont des cépages à forts rendements, mais aussi des cépages moins qualitatifs. Le vignoble s’étant dans les plaines.

Puis, arrive la tragédie, ce minuscule puceron jaune arrivé des États-Unis sème la destruction. De nombreux agriculteurs abandonnent la vigne. Puis on trouve un remède qui consiste à greffer les cépages français sur des porte-greffes américains résistants à cet insecte.

On recommence alors à replanter, mais pas n’importe où et pas n’importe quoi. On choisit les meilleurs cépages adaptés aux meilleurs sols. On abandonne les cépages très productifs, mais peu qualitatifs. Et on replante dans les secteurs les plus favorables à une production de qualité.

Voilà pourquoi le directeur général d’Interloire déclare que «le phylloxéra a été une bonne chose pour la viticulture dans la Loire parce que l’on a replanté de bons cépages plus adaptés à la région.»

C’est ainsi que commence l’exposé de Sylvain Naulin en ce matin d’avril à Nantes en présence de journalistes d’une dizaine de pays. En voici un résumé.

Ainsi, l’une des conséquences du phylloxéra fut la replantation des cépages les plus adaptés aux sols et aux climats régionaux :
• Melon de Bourgogne (Muscadet) dans le Pays nantais;
• Cabernet Franc et Chenin Blanc en Anjou, Saumur et Touraine;
• Sauvignon blanc en Touraine et dans le Centre-Loire (Sancerre).

CLIMAT
Le Val de Loire est le vignoble le plus long de France. Il est d’une grande diversité à cause de ses climats et de ses cépages.

Cette diversité est due en bonne partie au fleuve lui-même, la Loire et à ses effluents.

©InterLoire

On y trouve l’influence de deux climats: un semi-océanique à l’ouest et l’autre semi-continental à l’est, en plus de plusieurs micros climats.

Le climat du Val de Loire est tempéré. Chacune de ses régions subit des influences diverses. En région Nantaise et en Anjou, le climat est océanique.
Du Saumurois jusqu‘à la Touraine, le climat y est plus continental dû aux flux océaniques qui, progressivement, se retrouvent arrêtés par le relief des collines. Puis, des confins de la Touraine au Centre-Loire, le climat devient continental.

LES SOLS
Les sols sont aussi bien variés. À l’est, dans le pays nantais c’est du gneiss, du mica, des roches vertes et du granite. En Anjou, du schiste et du grès; à Saumur du tufeau (craie); en Touraine du tufeau, des argiles, silex et graviers; entre Centre-Loire calcaire, silex et graves et en Auvergne c’est micaschistes, grès et granite.

Loire en chiffres
6200 viticulteurs
250 négociants
16 coopératives
57200 hectares
320 millions de bouteilles en AOP et IGP.
1,3 milliard euros.
Blanc 41%; rosé 24%; rouge 21%; bulles 14%

LES CÉPAGES
Les cépages principaux sont au nombre de six. Trois blancs et trois rouges.

En blanc
Melon de Bourgogne (30 %), chenin blanc (27 %) et cauvignon blanc (28 %).
Autres cépages: folle blanche (3 %), chardonnay (8 %), chasselas, romorantin, sauvignon gris, tressalier…
Nous constations une grande diversité des vins due aux divers modes de vinifications: en sec, demi-sec, moelleux et effervescents.

En rouge
Cabernet franc (56 %), gamay (18 %) et pinot noir (8 %).
Autres cépages : grolleau (7 %), sabernet sauvignon, côt, pineau d’Aunis, négrette…
Vinifiés en sec, demi-sec, moelleux et effervescents.

Une des grandes particularités des vins de la Loire c’est qu’ils sont majoritairement vinifiés en monocépage.

La combinaison des facteurs sols, climats, cépages, micro climat, vinifications exprime une grande diversité de produits. Ce qui donne 51 appellations contrôlées AOC et 4 Indications géographiques protégées IGP.

EXPORTATIONS

Les Français boivent moins. D’une population rurale et très consommatrice de vin, les Français sont de plus en plus citadins, consommateurs occasionnels de vin et même en partie non consommateurs; alors les vignerons de la Loire se tournent donc de plus en plus vers l’exportation afin de rester en affaires.

Leurs principaux marchés sont les États-Unis en croissance de 62 % depuis 10 ans; le Royaume-Uni; la Belgique et le Canada en croissance de 29 % depuis 10 ans.

Le Québécois est depuis quelque temps particulièrement attiré par les vins de la Loire. C’est une hausse de 67 % en volume et de 86 % en valeur depuis 2010.  (Voir Forte hausse des ventes des vins de la Loire au Québec.)

En terminant, j’espère que ce texte vous aura permis de mieux comprendre les vins de la Loire. Je vous parlerai bientôt de certains de ces vins, dont les muscadets, les savennières, les vins de chenin, de côt et de cabernet franc…

Ce texte est largement inspiré de l’atelier Présentation du vignoble de Val de Loire donné par Sylvain Naulin, directeur général d’Interloire, à Nantes le 24 avril et par le document Le vignoble de Val de Loire et ses vins, édition 2019, PDF ). Interloire est la principale fédération d’associations de vignerons de la Loire.

Cet atelier a été donné lors de l’opération Millésime en Val de Loire, voyage de presse organisé par Interloire du 23 au 26 avril dans la région de Nantes.

Si ce texte vous a mis l’eau à la bouche, consultez nos comptes-rendus de dégustations de vin de la Loire.  vinquebec.com/vins-loire
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Carte du vignoble de Val de Loire 

Site web Vins du Val de Loire

Au sujet du phylloxéra.