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Est-ce que le Languedoc aime ses vins?

Je reviens de trois semaines de vacances dans le Languedoc-Roussillon et dans l’est de la région dite du Sud-Ouest.

Lors de chaque voyage de vacances en France, mon épouse et moi aimons bien déguster les produits locaux. Cette fois-ci dans la région s’étendant de Toulouse à la Méditerranée, nous avons constaté qu’il est très difficile de goûter les produits locaux dans les restaurants et sur les terrasses.

La plupart des restaurants visités en trois semaines offraient étonnamment peu de vins de la région. Sur la plupart des cartes de vin, on ne dénombrait que trois ou quatre vins des secteurs environnants. Ces restaurateurs offrent plus de vins de Bordeaux, de la Loire et même de l’Alsace que de leur propre région!

Ce n’est pas une étude scientifique, mais en trois semaines, on en voit des restaurants, des cartes de vins, des vitrines de cavistes et des étagères d’épiceries surtout lorsqu’on cherche et qu’on est un passionné du vin.

Toutefois, le vin au pichet provenait toujours du coin. Il était aussi, sauf deux exceptions, très alcooleux et peu plaisant.

Sauf, rares exceptions, les vins locaux couvrent à peine 10 % de la carte des vins. Le seul endroit où j’ai vu un phénomène pareil en France, c’est en Bourgogne où on trouve plus de vins du Rhône sur les tablettes que de vins bourguignons.

Toute une surprise! À tel point que pour pouvoir goûter aux produits du Languedoc, nous avons dû à quelques reprises les acheter chez les producteurs et nous faire un piquenique.

J’ai aussi visité quelques cavistes, supermarchés et épiceries de quartier. Là aussi, les vins locaux sont sous représentés. C’est très différent des régions visitées les années précédentes. En Loire, à Bordeaux, dans le Rhône et en Alsace on retrouve une large sélection de vins locaux dans les commerces.

Pas ici! On n’a qu’à regarder les vitrines de ces marchands, dont celles des magasins Nicolas, pour constater la situation: deux ou trois bouteilles sur la quarantaine dans les présentoirs! Comme dans l’image ici d’un magasin de la chaîne Nicolas à Toulouse.

Dans les journaux du Languedoc, on lit que les représentants des vignerons se plaignent des méventes, de la sécheresse de cette année et demandent l’aide de l’État. 

Est-ce qu’ils ne devraient pas faire un tour des commerces de leur coin de pays et incister pour que leurs vins y soient présents?

Si on consulte les chiffres de Distillation par département, on constate que les producteurs du Languedoc sont les champions des demandes de destruction de leur vin : 83 % des vins invendables envoyés à la distillation proviennent du Languedoc. Plus de 300 producteurs de l’Hérault, 200 de l’Aude et 138 du Gard ont expédié 475 000 hl à la distillation, ce qui représente 67 millions de bouteilles. (La production totale du Languedoc était de 13 millions d’hectolitres en 2008.)

Je le répète encore, ce n’est pas une étude ou un sondage scientifique, loin de là, mais une simple observation répétée quotidiennement sur trois semaines. Je suis peut-être mal tombé, mais j’ai été très étonné dès le début de voir le peu de présence de vins du Languedoc dans plusieurs villes et villages de cette région.

Les problèmes de méventes semblent tellement élevés qu’on annonce l’arrachage de 11 000 hectares de vignes cette année dans le Languedoc-Roussillon. «A lui seul, le département de l’Hérault (Montpelier) va perdre trois fois plus de ceps que la région Aquitaine tout entière.» (La Dépêche). Ce qui se rajoute aux 14 000 ha de l’an dernier. Dix pour cent de la surface viticole auront ainsi disparu du paysage en deux ans!

Le Conseil Interprofessionnel des vins du Languedoc annonce une réduction de 10 à 40 % de la récolte de blanc cette année en raison de la sécheresse de cet été. En effet, il a fait très chaud là-bas, beaucoup plus qu’au Québec. Il faisait encore 25 °C la semaine dernière à Carcassonne, Montpelier et à Pézenas. «Les vendanges ont démarré avec une bonne semaine d’avance sur l’an dernier. C’est l’une des années les plus précoces en Languedoc.»

Plusieurs producteurs de la région ont grandement amélioré la qualité de leur vin depuis quelques années afin de mieux exporter et de mieux répondre aux exigences de plus en plus grandes des consommateurs étrangers. Je vous mentionnerai quelques-uns de ces bons vins au cours des prochaines semaines. Vous pouvez déjà consulter la section Languedoc-Roussillon qui contient un grand nombre de vins de très bon rapport qualité-prix.