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La Bataille du vin et de l’amour — Comment j’ai sauvé le monde de la parkerisation

Comment Alice a sauvé le monde de la parkerisation?
En fait, on devrait plutôt lire comment Alice sauvera le monde de la parkerisation.

Un livre étonnant et passionnant écrit par une Newyorkaise amoureuse du vin. «Le vin est pour moi un objet sentimental», écrit-elle.

Qu’est-ce-que la parkerisation du vin? C’est la tendance des producteurs à faire des vins qui plaisont au gourou américain Robert Parker. Des vins opulents, riches, épais, tanniques et bien boisés. Des vins bling-bling.

Des vignerons utilisent toute sorte de techniques pour produire les vins qui obtiendront des notes de 90 et plus au Wine Advocate et au Wine Spectator.

«Donc, un jour, je me suis aperçu que beaucoup des vins que j’aime étaient en train de disparaître.»

«Au fur et à mesure que les producteurs tentaient d’attirer l’attention de Parker, le spectre du goût des vins se fit moins large.» Les vins se sont standardisés. Plusieurs «n’ont aucun sens du lieu d’où ils viennent. Blanc ou rouge : un fruit large et explosif, du boisé et une impression de confiture.»

Un jour Robert Parker encensa un zinfandel 1993 d’Helen Turley en lui donnant une note de 95. La plus haute note jamais donnée à un zinfandel. Parker en devint lyrique «Honnêtement, le zinfandel ne peut pas se montrer plus riche. La texture est celle d’un sirop, avec une épaisseur et un gras qu’il faut goûter pour y croire.»

Alice Feiring écrit «peu de temps après, le reste du monde prit la suite et l’abrutissement du vin commença.»

Après le Mateus, Alice Feiring apprit le goût du grand vin par le barolo. Elle nous dit que le barolo était parmi les grands au firmament avec les bordeaux et les bourgognes, mais aujourd’hui «les techniques modernes ont dépouillé le barolo de son identité. On peut en dire autant de la plupart des vins italiens (…) les vins trafiqués ont envahi VinItali. Quand l’Italie recouvrera-t-elle son honneur?»

Les responsables sont les oenologues qui font un usage intensif ce certains outils qui «manipulent» l’âme du vin.

«Si je pouvais tout sauver, je réécrirais le programme des facultés d’oenologie : utilisation de levures, d’enzymes et d’additifs n’est pas la seule manière de vinifier.»

Mme Feiring aime les vins de Loire «inconnus de Parker», les beaujolais, les vins «authentiques».

Elle propose même une charte des vins authentiques :

  • Des pratiques agricoles saines.
  • Une cueillette manuelle des raisins.
  • Pas d’ajouts de levures ou de bactéries.
  • Pas d’ajouts d’enzymes.
  • Pas de saveurs de boisé ou de grillé.
  • Pas d’additifs pour structurer le goût ou la texture.
  • Pas d’usage de procédés mécaniques pour manipuler le taux d’alcool, le goût, la texture ou qui favorise un vieillissement prématuré.

Elle termine la version française de son livre «Eh, bien, je n’ai peut-être pas sauvé le monde mais j’ai à tout le moins le mérite d’avoir ouvert le dialogue.»

Alice Feiring nous présente en effet un point de vue très différent de celui de Robert Parker sur le goût des vins. Elle a un goût différent de ces illustres collègues américains, un goût européen. Elle est de type A.

En somme, une lecture captivante et fort instructive sur le monde du vin, de la consommation et du marketing vinicole.

La Bataille du vin et de l’amour
Comment j’ai sauvé le monde de la parkerisation

Alice Feiring
Éditeur Jean-Paul Rocher
256 pages
Papier bouffant 90 g légèrement teinté ivoire.
    ISBN 978-2-917411-27-8 
21 €

Alice Feiring écrit des articles pour des revues américaines et anime un blog www.alicefeiring.com