Les autorités ontariennes veulent limiter la vente de vin peu cher et encourager celle des vins faits à 100 % de raisins cultivés en Ontario.
À cet effet, les vins dits Cellared in Canada vendu dans les 300 magasins appartenant à des compagnies vinicoles seront frappés d’une nouvelle taxe de 10 %. Plusieurs de ces vins se vendent si peu que 8 $.
Les 12 millions de dollars ainsi récoltés serviront à aider les petites entreprises dites boutique wineries.
Cellared in Canada
Les Ontariens sont très friands de ces vins à bas prix qui se vendent souvent en grands formats. Des vins étiquetés maintenant Cellared in Canada, (assemblé au Canada), contiennent en fait 70 % de vin étranger et seulement 30 % de vin ontarien.
Ces vins proviendraient surtout du Chili, de l’Australie et de l’Afrique du Sud (Hansard Parlement Canada).
De 60 à 70 % des Ontariens achètent des vins de moins de 10 $.
Le vin acheté en vrac sur le marché mondial actuellement en surproduction coûte souvent autour de 1 dollar le litre, transport compris. Mélangé avec un peu de vin ontarien à 2 dollars le litre, il permet ainsi aux gros fabricants, tel Vincor, de mettre sur le marché des bouteilles à très bas prix.
Goût distinctif ontarien
«La grande différence de prix est due au fait que les pays chauds ont une productivité deux fois plus grande que dans les climats froids comme l’Ontario, où les raisins contiennent moins de sucre et plus d’acidité. Ce qui donne au vin canadien un goût distinctif,» écrit Martin Mittelstaedt dans le Globe and Mail de Toronto.
Le ministère de l’Agriculture de l’Ontario veut encourager la vente de vins étiquetés Vintners Quality Alliance, une appellation canadienne recouvrant les vins 100 % raisins de la province.
Les autorités invoquent des raisons de protection de l’environnement pour encourager le 100 % local.
Pas toujours meilleur, mais toujours plus cher
Ce label VQA ne garantit pas que le vin est meilleur ou même qu’il a meilleur goût que celui fait de mélanges, mais seulement qu’il est fait avec des raisins récoltés dans la province.
Les VQA se vendent, selon le Globe and Mail en moyenne 14 $. Le journal ajoute que leurs ventes ont augmenté de 17 % l’an dernier.
Le marché ontarien du vin est dominé par quatre grosses entreprises, dont Vincor qui appartient à l’internationale Constellation.
Les petits producteurs entre les deux
«En raison des changements fiscaux et de la future perte financière, plusieurs grands établissements vinicoles disent ne pas pouvoir renouveler leurs contrats d’achat auprès de petits producteurs,» lit-on dans un journal local du sud de l’Ontario, le Standard de St-Catharines. Andrew Peller Ltd (Hillebrand, Trius, Calona) dit qu’il réduira ses achats de raisin de 15 % auprès des petits producteurs de l’Ontario.
Les dirigeants des grosses entreprises s’opposent à cette nouvelle taxe, d’autant plus que ces nouveaux fonds serviront à aider leurs concurrents : les moyens et petites vignerons. «Çe n’est pas raisonnable de taxer une vinerie pour donner aux autres,» écrit Vincor à ses producteurs qui lui vendent des raisins ou du vin.
Ce n’est pas le point de vue des petits producteurs comme Donna Lailey, de Lailey Vineyard à Niagara-on-the-lake qui dit que si la production agricole n’est pas plus profitable, on finira par construire des maisons sur ces terres.
Cette affaire renvoie dos à dos les grosses entreprises viticoles, les 100 boutiques wineries (caves de vinification) et les viticulteurs qui vendent leurs raisins ou leur vin en vrac.
Sources :
New tax on cheap wine puts Ontario vintners in a sour mood, Globe and Mail
Champion needed for wine and grape industry, Niagara Falls Review
Large wineries continue fight against tax, Standard Ste Catharines