On entend souvent dire que les grands vins sont bien meilleurs après quelques années de cave. Mais combien d’années se demande-t-on?
La réponse la plus facile est dix ans. Tout au moins, on se doit de vérifier au bout d’un certain nombre d’années. C’est ce qu’ont pu faire une trentaine de bons amateurs de vin à l’Académie du vin de l’Outaouais.
Domaine du Vieux Télégraphe, La Crau, Châteauneuf-du-Pape, 1995
Ce châteauneuf du Pape a été le meilleur vin de la soirée avec son magnifique bouquet de garrigue. Un vin à la fois ample et subtil, complexe et surtout très long. Un véritable plaisir. Il est à point. À boire.
Cabernet Sauvignon, Napa Valley, Joseph Phelps, 1995
D’un style très différent, ce vin opaque aux arômes de moka est très aguichant. Il a beaucoup de fruits. Les tanins sont bien enveloppés. Il est d’une grande amplitude avec ses beaux arômes de chocolat et son boisé bien dosé. Un bel équilibre. À revoir dans cinq ans.
Château Cos d’Estournel, Saint-Estèphe, 1995
Lui aussi est opaque. Il est surtout très boisé et même fumé. C’est un boisé agréable et très invitant. Le vin est riche, gras et fortement tannique. Ça se termine sur une très longue finale très épicée. À revoir dans plus de cinq ans.
Mas La Plana, Penedés, 1995
D’un rouge brillant avec des arômes de cerises. Encore très tannique, bien fait. Assez long. Il est très bon, mais vraiment trop jeune. Il faut lui laisser un autre cinq ans.
CastelGiocondo, Brunello di Montalcino, 1995
Un nez plutôt discret de viande. Très expressif en attaque, ample et suave. De facture classique. J’aimerais y regoûter dans trois ans.
Château Calon-Ségur, Saint-Estèphe, 1995
Juteux en attaque, costaud, plein et chaud. Absolument tannique. Long. Le vin est vraiment trop jeune. Il procure moins de plaisir que les précédents, il devrait être plus intéressant dans cinq ans.
Château La Nerthe, Châteauneuf-du-Pape, 1995
C’était le vin le plus évolué de la soirée. De belles odeurs de bonbon à la cannelle et de sirop brûlé. Une belle attaque. Un petit sucré en bouche. Chaud. J’aurai aimé y goûter il y a trois ans.
Château Montus, Madiran, 1995
Une teinte orangée de vin évolué. Un goût de bonbon, d’herbe et de cerise. Assez fruité en bouche, du cassis, la cerise revient avec un petit goût d’épice. Il se termine sur une finale très amère de noyaux de pruneaux.
Domaine de Trévallon, Les Baux, 1995
Des arômes de terre et plus particulièrement de betteraves. Beaucoup de fruits, de la garrigue et absolument tannique. Bien, mais sans grands plaisirs. On n’a pas le choix de le laisser vieillir, mais est-ce que sera mieux?
Farnito, Carpineto, IGT de Toscane, 1995
Un bouquet de vanille, nous l’avons pris pour un vin espagnol. Rond en début de bouche, puis surette en finale. Il est plus mince que les autres. Il se termine sur des saveurs fumées. Dépassé. Le Farnito est tellement bon en jeunesse, on n’a pas intérêt à le faire vieillir.
Des vins déjà prêts, d’autres dépassés, certains encore trop jeunes. Ah! que la vie est donc dure! Mais quel plaisir!