Dans sa série d’articles intitulés Manifesto 2010, dans le magazine Wine Spectator, Matt Kramer demande aux producteurs de vin de nous dire toute la vérité. «Tell us the truth.»
Il dit que les producteurs devraient informer les consommateurs des procédures qu’ils utilisent pour fabriquer les vins.
Si on a ajouté de l’eau au vin, on doit l’écrire sur la bouteille. «Vous seriez choqué de découvrir le nombre de producteurs californiens, surtout parmi les plus chers, qui récoltent des raisins en surmaturité et qui doivent ajouter de l’eau par la suite pour réduire le taux d’alcool», dit-il. C’est une procédure permise aux États-Unis.
M. Kramer exige aussi qu’on indique sur l’étiquette si on a retiré de l’eau du moût de raisin. On utilise des procédures mécaniques, ou on fait des saignées pour concentrer le moût lorsqu’on a trop irrigué, lorsqu’il a trop plu, ou lorsque la récolte est trop abondante et diluée.
On devrait aussi savoir si de l’alcool a été retiré du vin par des procédés mécaniques comme les cônes ou l’osmose inversée.
Il faudrait aussi indiquer si on ajouté des concentrés pour améliorer la couleur ou les arômes du vin.
La même chose pour l’acidité ajoutée. Les baies récoltées en surmaturité contiennent peu d’acide. On doit donc ajouter pour compenser de l’acide citrique, malique et/ou tartrique. «Ce n’est pas une mauvaise pratique, mais ça vous dit quelque chose au sujet des grappes.»
De plus, pour les mêmes raisons, M. Kramer exige qu’on indique tanins ajoutés, si on en a effectivement ajouté.
Finalement, il demande que toutes les étiquettes contiennent des informations spécifiques et précises concernant la quantité réelle de sucre résiduel, l’utilisation des agents d’affinage tels que la caséine (protéine du lait), les blancs d’oeufs et autres.
Dans deux de ces articles, le chroniqueur de vin exige qu’on indique le taux réel d’alcool. En effet, aux États-Unis, il y a une grande latitude permise aux producteurs. Pour les vins qui ont moins de 14 %, on peut indiquer 1,5 de plus ou de moins. Les vins qui ont plus de 14 %, on peut mentir de 1 point.
Matt Kramer est critique de vin depuis 1976, il collabore à la revue Wine Spectator depuis 1985. Il écrit aussi pour le Oregon Live et il est l’auteur de nombreux livres sur le vin, dont la série Making sense of wine.