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Des clients plus privilégiés que d’autres à la Société d’État des Alcools

ÉDITORIAL

La Société des Alcools du Québec veut mettre sur pied un programme de fidélité.
Plus vous achetez, plus vous aurez de privilèges.

La société d’État effectue présentement un sondage en ligne pour connaître l’opinion des clients. «La SAQ étudie la possibilité d’implanter un programme de reconnaissance pour ses clients», lit-on en introduction du sondage.

Plus vous achetez, plus vous aurez droit à des informations que les autres n’auront pas, vous pourrez acheter des «bouteilles rares», vous aurez des informations sur les produits, sur les arrivages que les autres n’auront pas.

Client inclus ou exclu

«Information exclusive» et «Accès privilégié à des produits», lit-on dans le sondage. «Publication spécialisée destinée aux membres (annonce des nouveaux arrivages, informations techniques sur les produits, critiques de nouveaux produits, etc.)
Informations exclusives sur les promotions à venir. Informations supplémentaires sur les produits (cotes des vins en ligne comme celles de Wine Spectator, type de sol, renseignements sur le producteur, etc.)»

En complétant le sondage, j’ai eu un malaise qui s’accentuait au fil des pages. Est-ce qu’on ne devrait pas tous avoir droit à ces informations? En tant que client, lorsqu’on veut acheter un produit, est-il juste que la société d’État refuse de nous donner de l’information sur ce produit?

On vous cache de l’information

Comment vous sentez-vous lorsqu’on vous exclut de ces concours, de ces informations, de certains services, de certains évènements, qu’on vous cache l’arrivée de «bouteilles rares»? Ma plus jeune dirait «ri-djèk», rejeté, «cheap», à part, pas dans le coup, «out», dégage! Dépense, sans cela tu ne seras pas dans le Club!

Est-ce que cela ne fait pas un peu clique, bande à part, deux types de clients? Peut-être que mon exprit de justice est exacerbé, mais j’éprouve un sensation désagréable face à la création de cette ou de ces classes à part. J’admet que la SAQ est une entreprise commerciale et qu’elle peut agir comme telle, mais c’est aussi un monopole d’État. Elle rend un service à la population du Québec, à toute la population en âge légal d’acheter du vin, sans exceptions.

Lorsque nous achetons à la SAQ, nous avons deux statuts : celui de client et celui de contribuable. Nous souhaitons tous être traités de la façon la plus équitable que possible, sans favoritisme, sans préférence et sans privilèges indus.

Jusqu’à maintenant le personnel de la SAQ a fait des efforts pour que les produits et l’information sur ces produits soient accessibles à tous sur le grand territoire du Québec, avec plus de 400 succursales, un service Internet, l’achat en ligne, des conseillers mieux formés…

Pas le droit d’acheter le Château Talbot

Si vous n’achetez pas assez, vous ne saurez pas quand arrivera le beau vin que vous attendez. Vous n’aurez même pas le droit de l’acheter. Monsieur Talbot ne pourra pas acheter son Château Talbot à moins d’avoir sa carte privilège rempli de beaucoup de points.

Vous achetez une grande bouteille par année et c’est le Tignanello, le Sociando, l’Alion ou le Pesquera, eh bien, il se peut que vous n’y aurez pas droit à moins d’avoir un nombre x de point sur votre carte de fidélité. Ouf, ça va faire mal! Pousses-toi mononcle, j’ai plus de point que toi.

Fidèle et reconnaissant

C’est quand même un peu étrange! Un programme de reconnaissance, un programme de fidélité! Avons-nous le choix d’être fidèle à la SAQ? C’est la seule qui vend du vin ici!

Oui, nous sommes fidèles (presque toujours), oui, nous sommes reconnaissants. Et nous vous serons reconnaissant mesdames et messieurs de la SAQ de continuer de diffuser l’information sur les produits à tous, à tous les consommateurs riches et pauvres, petits et grands acheteurs, à TOUS.

Reconnaissance ou monnayer

Si la SAQ veut être reconnaissante envers ses clients elle pourrait trouver autre chose que de monnayer l’accès à l’information, aux évènements, aux services et aux produits. Agir ainsi ce n’est pas être reconnaissant, c’est faire payer plus cher ce qui devrait être offert à tous les consommateurs, clients et contribuables.