Le meilleur vin n’est pas toujours le plus cher!
Le plus gros, le plus costaud, le plus riche, le plus puissant n’est pas toujours le meilleur.
Il peut arriver lorsqu’on goûte des vins de calibres différents que notre évaluation de ces produits varie d’un moment à l’autre.
Cela dépend de deux choses. De notre goût et de ce que l’on mange à ce moment-là.
Notre goût
On peut préférer en général les vins costauds, corpulents, généreux, très fruités, bien boisés, les gros vins.
Ou bien on aime plutôt les vins plus légers, plus acides, plus élégants, plus fins.
On est du type A ou B, comme j’ai déjà expliqué ici.
Ce que l’on mange
Cependant, notre préférence peut varier d’un moment à l’autre dépendant de ce l’on mange.
Si le plat est léger, le vin généreux n’ira pas. Si le plat est costaud, sucré, salé, le vin délicat paraîtra fluet.
Prenons l’exemple de ce vin, Le Petit Clos de Trigedina à 17 $. C’est le «petit» vin de la maison de Jean-Claude Baldès. Normalement, lorsqu’on le déguste avec les autres grands vins de ce vigneron, on devrait le trouver moins bon que Le Clos (21 $) ou le Probus (30 $). Ces deux derniers ayant beaucoup plus de matière et coutant plus cher.
Mais ce n’est pas toujours ainsi. Lors d’un repas, je verse deux verres, un du Petit Clos 2006 (17$) et l’autre du Clos 2004 (21 $). Nous mangeons des pâtes de riz avec des légumes, champignons et des côtes levées. Le Petit nous semble alors bien meilleur que son grand frère. Il y a peut-être là aussi un effet de millésime (2004 et 2006). Le Petit paraît plus sérieux (plus acide), le Clos nous semble trop boisé et un peu mou ou un peu lourd! Pourtant, la veille, ce Clos a très bien accompagné le steak barbecue.
Donc, en plus de dépendre de son goût, l’évaluation du vin dépend aussi du goût du moment, de l’occasion, du plat, de la sauce, des condiments, des accompagnements…
Léger peut être bien
Le sommelier Bill Zarcharkiw explique très bien cela dans un article intitulé Light can be right publié dans le quotidien anglophone montréalais The Gazette. Il y écrit «one thing still confuses me : the fascination many wine lovers have with »powerfull » wines.» La fascination pour les vins puissants!
Il explique cela en disant que ce qu’on aime aujourd’hui découle des premiers vins qu’on a bus dans sa jeunesse. «Much of what we like seems to depend on what we drank when we first got into wine.»
Bill est sommelier, il observe que les clients (anglophones?) dans les restaurants préfèrent souvent les vins puissants même si ces vins très boisés et alcooleux nuisent aux mets.
Il se fait éducateur, apôtre du bon vin, du vin différent. Il incite ses clients à faire l’expérience de vins plus acides.
L’acidité
Car, tout est là: l’acidité. On en parle peu, mais c’est pourtant l’élément essentiel de tout vin. C’est la saveur la plus importante au niveau du goût, car elle affecte et modifie toutes les autres saveurs, toutes les autres sensations : le sucré, l’astringence, le minéral, le gras, etc. «Après le choc initial d’avoir quelque chose de plus acide dans la bouche, la grande majorité des gens se surprennent à vider la bouteille», écrit-il.
«Ainsi pour tout ceux qui sont amateurs de ces gros et alcooleux vins, je vous invite à essayer mes suggestions de la semaine. Ils sont différents, certes, mais vous allez découvrir qu’ils sont les vins idéals pour le reste de l’été.» Il énumère un vinho verde, un muscadet, un vin de Savoie, en picpoul et un blanc de Toscane. (The Gazette, 7 août)
Je lève mon verre à Bill l’apôtre, le missionnaire des bons vins!
Bill is right!
Light can be right!