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La guerre et le vin. Comment les vignerons français ont sauvé leurs trésors des nazis

Guerre et vin: le second terme de l’équation aménage une approche tout à fait rafraîchissante (dans la mesure où cela est possible) au premier. En effet, cet ouvrage d’histoire porte moins sur ceux qui, pour un temps du moins, ont dominé la Deuxième Guerre mondiale que sur ses victimes, et notamment les stratégies qu’elles déployèrent afin de résister à l’envahisseur avec l’objectif de préserver leurs précieuses fioles dionysiaques.

Écrit sous forme romancée, cet ouvrage compte onze chapitres qui se présentent selon un ordre chronologique. Au terme de sa lecture, j’en tire un constat: le vin inspire l’espoir et garde en vie, d’autant plus dans ces moments les plus sombres de l’Histoire où la mort jette une ombre sur chaque seconde de l’existence. Voici deux illustrations de ce constat.

La première concerne les Weinführers, étiquette donnée par les Français à ces négociants allemands dépêchés à l’Hexagone pour y «acheter autant de grands vins que possible afin de les envoyer en Allemagne où ils seraient aussitôt revendus sur le marché international avec un gros profit, contribuant à financer les campagnes du Reich.» (p. 60) Or, soutiennent Don et Petie Kladstrup, l’erreur que commirent les Allemands est d’avoir désigné des négociants en vins qui non seulement étaient francophiles, mais qui avant le déclenchement des hostilités avaient tissé des liens d’amitié avec les producteurs français. Comment leur demander alors de décimer sans retenue aucune leurs grands crus hier pourtant vénérés?

L’autre illustration réside dans l’élévation d’un mur au restaurant La Tour d’Argent, pour y dissimuler derrière les trésors bachiques. À la lecture de ces pages, je me suis dit que seuls le désespoir et l’adoration du vin avaient ainsi pu insuffler l’énergie nécessaire à la réalisation de ce mur en si peu de temps. Et puis que dire de ce vigneron fait prisonnier et qui, pour garder espoir, récitait le classement de 1855.

De grands noms du vin français sont évoqués dans ce récit: les de Rothschild, de Vogüé, Drouhin, Huet, Hugel, n’en sont qu’un échantillon.

À lire pour qui recherche une approche novatrice du vin… et de la Deuxième Guerre mondiale.

La guerre et le vin. Comment les vignerons français ont sauvé leurs trésors des nazis
Don et Petie Kladstrup
Éditions Perrin, Paris,
Parutions : 2002 et 2005
ISBN : 978-2-262-02406-2
Pages : 256
Prix : 19,95 $;  8 €
 

Manon Tremblay
Université d’Ottawa
Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec