La vertu cardinale de la modération !
Est-ce que l’organisme Éduc’alcool est en train de se transformer en Moral’alcool?
Ses campagnes publicitaires destinées à nous inciter à ne pas dépasser les 3 verres par jour deviennent répétitives et lancinantes. On nous demande maintenant de ne plus ajouter du vin dans les verres de nos convives. Est-ce que l’on frise l’infantilisme?
C’est ce que signale François Cardinal, chroniqueur au journal La Presse qui dans un texte intitulé «La modération a bien meilleur goût» se demande si Éduc’alcool ne devrait pas elle aussi usée de modération dans ses messages. «On n’est plus dans le message d’intérêt public, on est dans le sermon puritain. On n’informe plus, on prescrit des comportements. On ne recommande plus, on fixe de nouvelles normes sociales pour nos habitudes à la maison, entre quatre murs, entre adultes consentants.»
François Cardinal ajoute «En fait, on semble avoir éliminé tellement de comportements à risque qu’il faut maintenant en inventer.»
Hubert Sacy, directeur général d’Éduc’alcool répond le jour même dans son site internet par un texte intitulé «La rigueur a aussi meilleur goût». M. Sacy dit ceci «ce n’est pas « pour réduire les niveaux de consommation à faible risque » que nous faisons cette campagne, comme il nous le fait dire. C’est pour contribuer à réduire le nombre d’occasions où près de 40% des Québécois dépassent les limites recommandées.» M. Sacy s’attaque plus au messager qu’au message, c’est dommage!
Le responsable d’Éduc’alcool s’explique aussi à une émission locale montréalaise de la radio de Radio-Canada en disant qu’il ne fait pas de morale.
Nous pouvons tout de même nous poser la question: est-ce qu’Éduc’alcool ne va pas trop loin dans les messages répétitifs, dans ses tentatives de gérer nos comportements? Est-ce qu’Éduc’alcool ne devrait pas plutôt nous éduquer au lieu de tenter de nous conditionner.
Marteler le même message finit par lasser. Si Éduc’alcool quittait le fond du verre pour élever un peu son propos et retourner à l’information sur l’alcool.
Trois verres, oui nous avons compris, passons à autre chose monsieur Sacy.
Un peu d’humour : et si c’était trois litres comme le rapporte Mathieu Turbide dans ce texte concernant cet Espagnol mort à 107 après avoir consommé trois litres de vin par jour toute sa vie. Bon, il y a des exceptions dans tout!
Finalement, nous devons nous demander si seule la quantité ingurgitée compte. Est-ce que la qualité du vin consommé n’a pas aussi un certain effet sur notre santé?
On a peut-être atteint le fond du verre. Il faudrait alors changer le discours. Si l’on remplaçait «modération» par «information»?
L’information a bien meilleur goût !