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Argentine: Nouveau et Ancien Monde

Qu’est-ce que l’Argentine vinicole?
Un pays où la vigne est recouverte d’un immense filet. Des producteurs du Nouveau Monde qui se disent du Vieux Monde. Des vignes qui poussent et qu’on taille de toutes les manières possibles. Des récoltes qu’on fait debout.
Du bonarda qui n’est pas du bonarda, du carmenère qui passe pour du cabernet franc. Des rendements à l’hectare remplacés par des proportions feuillage/grappe. Des bouteilles qu’on ne veut pas vendre dans le pays, mais seulement à l’étranger. Des cépages tout mélangés, des mélanges de cépages, des vendanges tardives en rouge. L’irrigation, le goutte-à-goutte. Du ciel viennent le bonheur et le malheur. L’Argentine est un pays viticole fascinant. Un laboratoire gigantesque, vivant et à ciel ouvert.

Vous connaissez les vins d’Argentine?
Pas tellement! On ne remarque pas beaucoup les vins de ce pays sur les tablettes de la SAQ et de la LCBO. On les confond souvent avec les vins du Chili. Pourtant, ils sont très différents.

À la SAQ, il a près de 90 vins argentins. La gamme est très étendue, de 8,15 $ pour le merlot Astica de Trapiche, en passant par les Trumpeter, les Catena, Norton, Clos de los Siete…jusqu’à plus de 80 $ pour le Yacochuya de Michel Rolland et le Malbec Altamira Achaval Ferrer.

Un des vins le plus vendus au Québec est d’ailleurs un vin argentin, le Fuzion. En Ontario, la LCBO en a près de 60, de 10,95$ à 109 $ pour le Cheval des Andes.

UN PRODUCTEUR ÉMERGEANT
L’Argentine est le producteur vinicole émergeant ces dernières années. Il est le 5e producteur de vin au monde, derrière la France, l’Italie, l’Espagne et les États-Unis. Il produit deux fois plus que le Chili qui a pourtant une plus grande représentation à la SAQ avec plus de 150 vins.

On trouvait peu de leurs vins ici jusqu’à maintenant parce que les Argentins contrairement aux Chiliens consommaient tous leurs vins sur place. Ils en boivent 29 litres par habitant par année.

Toutefois, depuis quelques années, les Argentins se sont mis à consommer moins de vin [29 litres par habitant]. En fait, c’est un peu comme les Européens, leur consommation est presque tombée de moitié. Elle était de 44 litres par habitant, il y a 18 ans.

Cependant, comme partout ailleurs, ils se tournent maintenant vers les vins de qualité. Moins de vin, mais du meilleur. Les producteurs consacrent maintenant beaucoup plus d’énergie à conquérir les marchés extérieurs. Les exportations de vin se sont d’ailleurs accrues de 22 % en 2006.

On classe généralement l’Argentine parmi les pays producteurs de vin du Nouveau Monde, pourtant là-bas, on nous dit faire du vin depuis des siècles. C’est vrai, mais c’est seulement depuis peu qu’ils en font du bon.

Lors d’un voyage dernièrement dans la région de Mendoza, j’ai pu constater à quel point les vins étaient variés.

LE DÉSERT DE MENDOZA
Mendoza c’est un désert qui normalement serait impropre à toute culture si on y avait aménagé un système d’irrigation très complexe. Ce réseau d’ailleurs ne date pas d’hier. Il a été aménagé pas les Indiens Huarpas. Puis les conquérants Incas et Espagnols l’ont étendu. L’eau vient des montagnes, des Andes. Les glaciers fondent lentement chaque printemps fournissant de l’eau aux villes, villages, campagnes et vignobles, qu’on appelle là-bas bodegas.

Le système fonctionne tellement bien que les 600 vignerons de ce désert produisent maintenant 65 % des vins du pays. La région de San Juan en produit 28 %. Le reste du pays 1,6 %. Si on ne retient que des chiffres de la consommation intérieure [hormis l’exportation] Mendoza produit 77,5 % de ce qui est bu au pays [8,6 millions d’hectolitres] [1]

En plus, on y cultive des fruits, telles les poires. D’autre part, l’Argentine compte bien devenir un des principaux exportateurs d’olives.

ITALO-ESPAGNOL
La plupart des exploitants viticoles sont d’origine italienne et espagnole. Ça se voit d’ailleurs un peu dans leurs vins.

La variété de cépages utilisés est phénoménale. En fait, on essaie tout ce qu’on peut trouver. Ce qui caractérise la production vinicole de Mendoza, c’est qu’elle est en pleine recherche, on fait des expériences, des essais. On essaie de nombreux cépages sur plusieurs zones. On fait aussi des tests avec les différents types de bois. On élève la vigne de différente manière, taille haute, taille basse, broussaille, guyot, palissé, filiforme…

On utilise beaucoup la taille haute, pergola ou parral, afin de permettre aux ouvriers de récolter le raisin tout en restant debout. Car, on utilise peut la machinerie dans les vignes.

LE SOL
Le sol est très aride. Autrefois, on irriguait en inondant le sol. Maintenant, on irrigue souvent grâce à un système de tuyaux qui filent le long des plants de vigne et laisse tomber des gouttes d’eau.

Les vignes irriguées au goutte-à-goutte sont maintenant greffées. Le sol est sec, sablonneux, caillouteux et contient peu de matière organique. Il y a donc très peu de champignons, de parasites qui vivent normalement à l’humidité. Donc, on n’a pas vraiment besoin d’utiliser des produits chimiques. La culture y est pour ainsi dire agrobiologique.

LE PÉRIL VIENT DU CIEL
Le principal ennemi n’est pas de ce côté. Il vient plutôt du ciel. Car il tombe de temps en temps des balles de golf. C’est la grêle qui peut détruire en quelques minutes tout un champ.

L’effet est désastreux, comme on peut le voir sur cette photo prise à la bodedas O. Fournier. Ces plants de malbec ont perdu une bonne partie de leurs feuilles et les grappes de raisin ont été mitraillées. Il n’y a plus rien à faire, ces trois hectares de malbec ne seront pas récoltés cette année.

Lorsque les vents chauds venant du Brésil croisent les courants froids de la Cordillère des Andes, le taux d’humidité en altitude est modifié rapidement ce qui déclenche ces orages souvent très localisés. Ils peuvent même ne toucher que quelques rangs de vignes. C’est pourquoi plusieurs producteurs préfèrent éparpiller leurs domaines afin de réduire les risques.

Plus de 15 % des vignes de la seule région d’Agrolo [sud de Mendoza] aurait été détruite lors d’un terrible orage de grêle le 9 février. Il y a eu 200 de ces orages depuis décembre.

ON RECOUVRE LES VIGNES
Pour se protéger, un grand nombre de producteurs recouvre toutes leurs vignes de filets en nylon. C’est un procédé très coûteux. On a d’ailleurs demandé l’aide du gouvernement pour les financer. Ces filets doivent d’ailleurs être remplacés souvent, car ils sont détruits lors des orages violents.

À chaque alerte d’orage, le gouvernement envoie des avions pour ensemencer les nuages, mais ça ne fonctionnement pas tout le temps.

Certains producteurs font pousser leurs vignes en hauteur et les taillent de manière à ce que chaque plant soit très mince et offre ainsi une surface moins grande aux bombardements de grêle.

Lors de notre séjour à Mendoza à la mi-février, on avait déjà commencé la récolte des raisins blancs. Il fait plus de 32 °C et ça descend autour de 20 la nuit. Les raisins à vins rouges seront récoltés en mars.

Selon les producteurs, ces variations de température entre le jour et la nuit sont très profitables à la vigne. La forte amplitude calorifique permet aux raisins de mûrir plus aisément.

LES CÉPAGES
Ils sont très nombreux. On utilise de tout, on fait des expériences avec plusieurs cépages. On fait des vins de monocépage et des mélanges. Le malbec [16 000 ha], le bonarda [15 000 ha] et cabernet sauvignon [12 000 ha] sont les plus utilisés en rouge.

Le malbec est le cépage typique de l’Argentine. Il y a été introduit en 1852, en provenance de Bordeaux. Alors qu’il donne des résultats plutôt inégaux à Bordeaux et à Cahors, il s’épanouit pleinement les pieds dans le sable sec et sous le chaud soleil de la région de Mendoza. À maturité, il dévoile des arômes de prunes mûres.

Le bonarda, le cépage le plus cultivé [en quintaux][2] n’a aucune parenté avec les quatre cépages du même nom utilisés en Italie, auxquelles on l’a longtemps confondu. En 1970, l’ampélographe français Paul Truel détermina, lors d’un voyage à Mendoza, que ce cépage était en fait le corbeau, appelé aussi douce noire et charbonneau et utilisé en Savoie. Le dolceto nero utilisé en Italie serait aussi le même cépage. D’Argentine, le bonarda a ensuite été exporté en Californie, où on l’appelle charbono. [3][4]

La syrah [8000 ha], le merlot [5000], le tempranillo [4000] et le pinot noir [1000 ha] complètent la liste des cépages rouges les plus utilisés.

En blanc, le roi est de loin le torrontés [8180 ha] avec lequel ont fait des vins muscatés souvent très bons. Le chardonnay [4600] fait des vins à la mode, souvent lourd et alcooleux. Il est suivi du chenin, de l’ugni blanc et du sémillon. Le sauvignon avec près de 1000 hectares y donne des vins souvent nets, délicats et délicieux. Il est d’ailleurs en progression.

DES BODEGAS
Il y a un grand nombre de vignobles dans la région de Mendoza. On dit 600. La surface cultivée est très grande, soit 150 000 hectares, 10 fois plus que dans tout le Canada. Les principales bodegas produisent trois gammes de vins. On utilise les copeaux de bois pour le vin bon marché. Le microbullage [oxygénation du vin en fût] serait fréquent. Le contrôle de l’alcool est impératif à cause de la chaleur. Le mouillage est permis à 5 %. La main-d’œuvre est bien expérimentée et ne coûte pas cher. La vigne est irriguée soit par inondation, ce qui élimine aussi certaines maladies, soit par le goutte-à-goutte sur des vignes greffées.

Le principal élément du terroir [terruño] est l’altitude. On choisit les cépages à planter en fonction de l’altitude. Il fait plus frais la nuit à 1700 mètres qu’à 900 mètres. La température moyenne diminue de un degré par 100 mètres d’élévation. Il tombe peu de pluie, une moyenne de 200 mm par année.

O. FOURNIER
Lors de mon court séjour là-bas j’ai visité quelques vignobles. Le plus impressionnant est celui de O. Fournier.

La famille Ortega Gil-Fournier, d’origine espagnole, s’est installée dans la vallée de Uco, en 2000, à 100 kilomètres au sud de la ville de Mendoza pour faire du vin avec un cépage qu’elle connaissait: le tempranillo.

Ils ont acheté des terres où poussait déjà ce cépage ainsi que plusieurs autres. Leurs lots sont répartis sur plusieurs localités. C’est près de 300 hectares, dont 100 sont plantés. On achète aussi des raisins de petits producteurs de la région.

La propriété est à 1200 mètres d’altitude. Ce qui signifie qu’il fait chaud le jour et frais la nuit. Une amplitude bénéfique au vin.

Nous sommes à 15 kilomètres des Andes. Il fait 30 °C. Les vendanges des raisins blancs ont commencé. Les grappes sont apportées à l’étage supérieur de la vinerie.

Tout se fait par gravité. On fait le tri au troisième étage, puis on laisse descendre le tout aux étages inférieurs pour fermentation dans d’immenses cuves de ciment, d’acier oxydable conique, puis bientôt dans le bois.

Finalement, le vieillissement se fait au sous-sol dans des barriques de chêne français et américain. Ils en ont actuellement 1400. Le sous-sol peut en contenir 3000. C’est dire la dimension énorme de l’entreprise.

On y fait beaucoup d’expérimentations. Ils ont même aménagé une petite salle de fermentation avec des cuves en inox de petite dimension pour faire des tests, des mélanges…

LES VINS DE O. FOURNIER
Au Québec et en Ontario, on connaît assez bien leur vin appelé B Crux [22 $], du nom d’une étoile de la constellation la Croix du Sud. C’est le milieu de la gamme. Un ménage de 60 % de tempranillo, de 20 % de malbec, et d’un peu de merlot et de syrah. Le 2003 est encore plus costaud que le 2001 goûté précédemment au Québec. Il est profond, riche, vif, corsé même et tannique. On l’a servi avec un plat raffiné de foie gras et de champignons. Mais le B Cruz irait bien mieux avec une belle pièce de viande. ***

Le vin porte-étendard de la maison et le Alpha Crux, un pur malbec opaque et encore plus costaud que son jeune frère. Il est très boisé, bourré de tanins, riche, profond, corpulent, robuste. Ce 2004 est fort jeune et aurait intérêt à être mis en pénitence quelques années en cave. ***1/2

La maison fait aussi des vins d’entrée de gamme sous le nom Urban Uco. Il y a là du malbec, du tempranillo, et du sauvignon qui m’ont semblé de peu d’intérêt.

O. Fournier fait aussi des vins en Espagne, dans la région de Ribera del Duero. Le Spiga et le Alfa Spiga sont absolument délicieux. Le Spiga 2003 est un tempranillo coulant, agréable, d’une grande richesse, à la fois costaud et fin. ***

Le Alfa Spiga 2003 est encore plus intéressant. Il est opaque, bien boisé. L’attaque est impressionnante. C’est massif, équilibré et très long. Un vin pour la longue garde. ****

Ces deux vins sont distribués en Angleterre à 30 et 45 $. La SAQ devrait bien essayer de nous en procurer.

DOMINIO DEL PLATA
Ce domaine est dirigé par deux œnologues réputés en Argentine: Susanna Balbo et son mari Pedro Marchevsky. Pedro était à l’emploi de la société Nicolás Catena, lorsque celle-ci décida en 1980 de se tourner vers la production de vin de qualité et de réduire sa production de vin de table.

Il fit de nombreuses expériences dans la vigne afin de trouver les moyens optimums de produire du vin de qualité. Le résultat de ces recherches utilisées maintenant par plusieurs vignerons se nomme Viticultura de precisión. C’est en fait un ensemble de procédures qui visent à mieux diriger la production de raisins sur le pied de vigne.

Pour Pedro Marchevsky ce qui est important ce n’est pas le rendement à l’hectare, mais plutôt la proportion de feuilles par rapport aux fruits. Selon lui, c’est la feuille qui est la plus importante. C’est elle qui grâce à l’énergie du Soleil amène la nourriture à la grappe.

Là aussi, comme dans d’autres vignobles, en plus de ses propres récoltes, on achète des raisins de plusieurs autres producteurs du secteur et des environs afin de répartir les risques et de s’assurer d’un approvisionnement régulier.

L’autre partenaire du couple est Susana Balbo, très connue en Argentine où elle fut la première femme a être diplômée en œnologue en 1981.

Le domaine produit trois gammes de vin. En entrée de gamme, il y a la série Crios. Du cabernet sauvignon, syrah-bonarda, torrontés et rosé de Malbec assez simples.

Le milieu de gamme est représenté par la série BenMarco [qui signifie fils de Marc en hébreu], nous fait faire un énorme bond en qualité. Le Malbec BenMarco 2005, est d’un équilibre remarquable, très bon et racé. ***1/2. Il a bien accompagné le filet mignon d’agneau Lomo de cordero con yogurt de limon y tomates, préparé par le chef Andrew Ormsby.

Le haut de la gamme, top-top comme disent les Argentins, est composé des vins de la série Susana Balbo. Nous avons particulièrement aimé le très original Susana Balbo Virtuoso, ****. C’est un malbec de vendange tardive qui affiche un 14 % d’alcool. C’est velouté, rond, au sucré fin et savoureux. Ce fut délicieux avec le chocolat et la tarta de dulce de leche, une recette locale de pouding de lait mi-sucré.

Susana Balbo a eu l’idée de faire ce virtuso après avoir goûté un vin de vendange tardive rouge espagnol, lors d’un voyage en Belgique.

Dominio del Plata possède plusieurs vignobles dans la région qui sont à des altitudes allant de 650 à 980 mètres d’altitude. Susanna et Pedro ne vendent plus leur vin en Argentine. Ils se concentrent sur l’exportation.

D’AUTRES VINS
Voici maintenant, en vrac, quelques autres vins dégustés lors de ce séjour en Argentine.

Bonarda Nieto Senetiner 2004
Très ouvert, éclatant, des notes balsamiques et de poivre. Fruité et tendre. On utilise plusieurs variétés de bornarda pour faire ce vin. ***

Bonarda Syrah Nieto Senetiner Ancellota 2003
Oui, on fait toute sorte de mélange. Celui-ci est massif et tannique **1/2

Don Nicanor Tardio 2006
Une vendange tardive de torrontés très doré, vieilli en barrique américaine, aux odeurs florales, au beau sucré en bouche, minéral, savoureux, original. 86 g de sucre au litre. ***

Tapiz sauvignon blanc 2006
Un très beau sauvignon aux saveurs de pamplemousse, de fruit de la passion et d’herbe. Net et bien fait. Il a très bien mis en relief le Duo de salmon tartar y marinado préparé par le chef Pascal Valero du restaurant Eau du Grand Hyatt de Sao Paulo.***

Zolo Reserve chardonnay 2005
Doré pâle au nez discret, gras, beau boisé, alcool bien présent, riche. **1/2

Tapiz malbec 2004
Fruité, une certaine sucrosité. **

Tapiz Consecha Tardia 2006
À peine sucré, un petit délice pour accompagner en dessert le Risotto de vainilla. **1/2

Viniterra carmenere 2005
Un vin très costaud, tannique et un peu rustique. **

Viniterra select carmenere 2005
Un rouge opaque. Un vin riche, très différent, complexe, agréable, une finale sur le cuir. À l’aube d’un grand vin. Pourtant, la vigne est jeune, plantée en 2001. Le propriétaire de Viniterra, Adriano Senetiner, à fait venir ce cépage de son pays natal l’Italie en le déclarant comme étant du cabernet franc. Les autorités interdisaient l’importation de carmenère. Le producteur dit que le climat de l’Argentine est plus propice à produire du beau carmenère que le Chili. Les autorités auraient finalement accepté qu’on fasse du vin avec du carmenère. ***1/2

Le carmenère utilisé au Chili provient de Bordeaux, où il n’est presque plus utilisé parce qu’il donne des rendements erratiques sur les portes-greffes. Au Chili, il était confondu dans les champs avec le merlot auquel il ressemble beaucoup. Ce n’est que depuis 1994 qu’on distingue et sépare ces deux cépages. Trivento et Trapiche font aussi pousser du carmenère en Argentine.
En Italie du Nord, il y aurait plus de 4000 hectares de carmenère [carmenero], mais on le vend souvent comme étant du cabernet franc! [4][5]

Malbec Viniterra 2004
Un vin costaud, chaleureux, impressionnant et long. Le compagnon du bœuf argentin. ***1/2

Malbec Select 2005
Beaucoup plus élégant que le précédent. Le fruité est aussi différent. Ça colle moins aux dents. Dans les deux cas, malbec et carmenère, la série Select est beaucoup plus fine. Les tanins sont plus raffinés. L’oenologue consultant, Duncan Killiner, m’a expliqué que ce qui fait la différence, c’est une utilisation plus judicieuse du bois. On y laisse le vin plus longtemps, quelques mois de plus, ce qui attendrit les tannins. On me dit qu’on procèdera ainsi maintenant pour la plupart des vins. ****

Dolcesimo Viniterra
Pour le dessert, un beau petit vin au sucré très doux. Riche, mais pas toquant. Il est fait avec du viognier et d’un peu de gewurztraminer. Sucre 120 g/l. ***1/2

LA RÉGION DE SAN RAFAEL
Je n’ai pas visité la région de San Rafael plus au sud de Mendoza. Toutefois, j’ai pu goûter des vins de la maison Bianchi. Une maison établie depuis 1928.

Le Enzo Bianchi Gran Cru 2002, un DOC fait principalement de cabernet sauvignon avec un peu de merlot et de malbec m’a semblé beaucoup plus raffiné que les autres vins. Est-ce dû au fait qu’il soit un peu plus âgé? Car, la plupart des vins dégustés n’avaient qu’un à trois ans. Celui-ci est très différent, plus sec, plus acide, plus complexe. Un vin suave, raffiné et de grande qualité. Ce fut mon préféré de la visite. ****

La maison vient de produire un pinot noir, le Bianchi pinot noir 2006. L’employé de la maison ne semblait pas trop vouloir me laisser y goûter. Il disait que le vin n’était pas encore assez froid. J’ai insisté. Quelle belle surprise! Un pinot absolument délicieux, léger, suave, d’un bel équilibre et facile à boire. Il n’a pas les saveurs bonbon des pinots du Nouveau Monde. Si ce vin n’est pas trop cher [15-20 $], il aurait sûrement un grand succès. Presque trois étoiles. **1/2

Il est plus risqué de cultiver la vigne dans la région de San Rafael, car les orages de grêle y sont plus courants et plus violents. En janvier, de brusques orages sont apparus. Les avions du gouvernement n’ont pas pu pénétrer les nuages à temps pour les ensemencer, et plus de 3000 hectares de vignes auraient été détruits selon le représentant de la maison Bianchi.

Quelques autres vins d’Argentine seront distribués par la SAQ lors de la sortie du magazine Cellier le 19 avril. La LCBO, de son côté met en vente trois vins de ce pays lors de son arrivage du 3 mars.

CONCLUSION
Est-ce que l’Argentine produit des vins de type Nouveau Monde? Même si on y fait pousser de la vigne depuis des siècles, le style prédominant du vin de ce pays est vraiment de type Nouveau Monde par son fruité exubérant, une certaine sucrosité, des tanins parfois rudes et un niveau d’acidité relativement faible.

C’est le vin idéal pour les barbecues.

Cependant, l’Argentine est un immense laboratoire vitivinicole à ciel ouvert. La réglementation n’y semble pas contraignante. Les producteurs se cherchent encore. Ils font énormément d’expérience dans la vigne et dans les chais. La culture, l’irrigation, l’utilisation du bois, tout ça n’est pas encore fixé. On essaie de nouveaux cépages. On ne connaît pas encore très bien les terroirs.

Les producteurs de ce pays sont dans un immense processus de recherche. Ils sont à l’affût de nouvelles technologies, attentifs aux goûts changeants des consommateurs du monde entier. Je suis certain qu’on aura encore de très belles surprises d’ici quelques années.

DES CHIFFRES
L’Argentine exporte surtout son vin aux États-Unis [1,8 million de caisses], au Royaume-Uni, au Brésil, aux Pays-Bas, et au Canada [500 000 caisses en 2005].

En plus des vins fins, [800 000 hectolitres], le pays exporte aussi 1 million de litres de vin de table. [Chiffres de 2002]. Il produit aussi une énorme quantité de moûts. C’est en fait le plus gros producteur au monde. Ces moûts concentrés sont utilisés à la place du sucre dans l’industrie agroalimentaire.

Population : 36 millions d’habitants.

DU TOURISME
En terminant, la région de Mendoza est magnifique. Il y fait toujours beau semble-t-il. Les gens sont accueillants. Le tourisme est en croissance. Il n’y en n’a pas trop. Donc, on est bien accueilli.

Un hôtel à vous suggérer, le Hyatt de Mendoza. Il y aussi plusieurs Bed and Breakfast de charme dans la contrée.

Hasta Luego!
 


[1] Pronóstico 2007, Instituto nationale de la Vitivicultura
[2]CARACTERÍSTICAS DE LA COSECHA Y EVALUACIÓN DE VINOS AÑO 2006 [PDF]
[3] Bodegas y Vinos, Caviar Bleu, Editora Andina Sur, 2005. pp. 68-69
[4] Bonarda hija pródiga del piedemonte, Grupo Ojuro
[5] Carmenère, ce cépage réssuscité, Anthony Corbaz, La Passion du vin
[6] PSZCZOLKOWSKI T., Philippo La invención del cv. Carménère [Vitis vinifera L] en Chile, desde la mirada de uno de sus actores Universum. [online]. 2004, vol.19, no.2 [citado 24 Febrero 2007], p.150-165.

Hyperliens externes:

Ce voyage a été payé par Wines of Argentina, un regroupement de 70 producteurs et m’a permis de participer au Masters of Food and Wine de Mendoza.