Quanto è dolce il vino italiano!
Un journaliste italien du vin Carlo Macchi s’étonne de voir que le vin de son pays vendu au Québec est si sucré.
M. Macchi a découvert dans le site de la SAQ que le taux de sucre y est indiqué. Après avoir consulté quelques-uns des 1500 vins italiens du répertoire de la SAQ, il dit que «il vino italiano sta prendendo forse una piega “cocacolesca”». Le vin italien prend un pli Coca-Cola. Il dit s’étonner de cette tendance dans son article Quanto è “dolce” il vino italiano! (1) (Comme est doux le vin italien!)
Le journaliste affirme qu’en Italie le vin est réputé sec et doit contenir moins de 2 grammes de sucre. Il se demande si ces mêmes vins rouges vendus aussi en Italie contiennent autant de sucre. Car si c’est le cas, il ne peuvent plus être considérés comme étant secs.
L’auteur signale que des producteurs ajoutent du MRC à leur vin lors de l’embouteillage. C’est dans le langage des oenologues du «mout rectifié corrigé», un concentré de jus de raisin décoloré, une confiture, un sirop qui sucre le vin. C’est vendu dans le commerce des produits oenologiques. (2)
Un des commentateurs de l’article signale aussi que des producteurs en ajoutent plus ou moins selon les pays de destination.
Cette technique était à l’origine destinée à accroitre le taux d’alcool (3). On ajoutait alors ce sirop avant la fermentation pour faire monter le taux d’alcool d’un degré. Il semble maintenant qu’on l’ajoute après la fermentation pour accroitre la douceur, la sucrosité du vin et ainsi réduire le gout acide des vins. C’est une technique courante en Champagne où on l’appelle liqueur d’expédition.
On voudrait ainsi plaire à de nombreux consommateurs qui n’aiment pas les vins acides, mais aiment plutôt les vins d’une certaine sucrosité.
Ceci est assez étonnant surtout pour les vins italiens. L’on sait que les Californiens et les Australiens produisent des vins d’une bonne sucrosité. Toutefois, les vins rouges italiens étaient reconnus pour leur acidité rafraichissante qui en fait des vins de repas.
Le vin italien le plus vendu à la SAQ, le Modello Masi (670 000 bouteilles) contient 6 grammes de sucre, le deuxième meilleur vendeur, le Liano Cesari, en contient 10 grammes de sucre au litre, donc 5 fois plus qu’un vin sec. Ce qui est même plus élevé que le taux de sucre que l’amarone ce vin rouge italien demi-sec qui contient souvent de 4 à 8 grammes de sucre. Le troisième en ligne, le Chianti Ruffino contient moins de sucre : 2,2 g/l.
Le vin français le plus populaire, le Merlot Grand Sud (13$/litre – 1,4 million de litres vendu en 2014) contient 8,8 grammes de sucre.
Des producteurs italiens semblent vouloir concurrencer les Californiens et les Australiens qui font des affaires d’or au Québec en vendant des vins rouges sucrés.
Les champions du rouge sucré au Québec sont les Californiens avec le Ménage à Trois à 12 grammes de sucre et l’Apothic Red (950 000 bouteilles) à 17 grammes. Le meilleur vendeur toutes catégories au Québec est l’australien Wallaroo Trail (2 500 000 bouteilles) à 11 grammes de sucre.
Il faut ajouter ici que le taux de sucre indiqué sur le site de la SAQ n’est pas le taux total, pas le taux de sucre résiduel, mais le taux de sucre réducteur comme nous l’indique notre collège retraité Claude Langlois. Il faut donc y ajouter entre 0,5 et 1,7 g/l pour avoir le portrait réel. (4)
Une question en terminant : ne devrait-on pas indiquer sur la bouteille le taux de sucre, le taux d’acidité, le pH, les pesticides et la quantité de sulfite ?
Pour en savoir plus sur le sucre dans le vin rouge voir Taux de sucre dans le vin rouge
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1. Quanto è “dolce” il vino italiano! Winesurf, 14 février 2016
2. Le MCR SUCRAISIN® est élaboré à partir de jus de raisin dont on extrait tous les composants « non sucres ». Après concentration, on obtient un sirop de sucre incolore et pur. Il est parfaitement neutre. Il se compose de glucose et fructose. Disponible en contenants de 10 litres à plus de 1000 litres.
www.grapsud.com/nos-produits/oenologie/mout-concentre-rectifie-mcr
3 L’enrichissement des moûts à l’aide de techniques additives, Vigne et vin.
4 Sucres résiduels et sucres réducteurs, Journal de Montréal, 16 janvier.