Que veut dire la note 90. Qu’elle est son équivalence dans le système des étoiles qu’utilise la plupart des chroniqueurs vin au Québec.
Je serais porté a répondre rapidement 2 1/2 étoiles.
Mais ce n’est pas si simple que ça. Car il y a 90 et 90. Ça dépend qui le donne et à quelle occasion.
Il y a quelques années, j’aurais dit que 90 équivaut à 4 étoiles. Mais aujourd’hui, on a le 90 facile dans le monde anglo-saxon. Nos collègues américains donnent du 90 à un grand nombre de vins, souvent de petits vins agréables sans plus. Lorsque je les goûte, je suis souvent autour de 2 1/2 étoiles.
Il y a beaucoup plus de 90 aujourd’hui qu’il y a quelques années. Ce n’est pas seulement parce que la qualité des vins s’est améliorée. Un chroniqueur qui ne donne pas beaucoup de 90 ne sera pas lu. On croira qu’il ne boit pas souvent de bons vins.
Il faut dire que le système de pourcentage s’est enfermé dans une cage. On n’achète pas si ce n’est pas 90 minimum. Donc, on donne 90 à un vin qu’on juge qu’il vaut l’acte d’achat.
Nous avons vu dernièrement un noteur américain invité par notre monopole venir donner une tonne de 90 à des vins vendus par ce même monopole.
On note aussi une grande variabilité des pourcentages selon les circonstances de dégustation. Par exemple, pour les grands crus de Bordeaux, on donne de plus hautes notes 96-98-100 à ceux qui sont dégustés au château même, en présence du vinificateur ou du propriétaire. Par contre, les grands Bordeaux dégustés à l’aveugle obtiennent de moins bonnes notes!
Le système 90 est le résultat d’une addition. Plus il y a de la matière, plus il y aura de points. Plus de confiture, plus de tanins, plus de vanille… On juge la richesse, la puissance du vin. Et au diable, la finesse et l’élégance.
Il y a une seule exemption à cela. C’est lorsque l’on force des dégustateurs québécois à utiliser ce système 90. On obtient alors des résultats de groupe étonnants qui n’atteignent jamais 90! Peur de donner une bonne note à un petit vin? Ou phénomène d’aplatissement des moyennes?
Au Québec, les étoiles des Langlois, Aubry, Barette-Ryan, Benoit et autres
Gagnon ne sont que la représentation graphique de qualificatifs tels que correct, bon, très bon, excellent et exceptionnel. Pas le résultat d’additions, donc cela laisse place à l’élégance et aux autres qualités du vin.
Qu’en est-il du système français sur 20? Il est totalement incompréhensible pour nous Québécois. Ils donnent 12 et 14 à un bon vin! Cela provient de leur système d’ instruction ou les instituteurs donnent 12/20 un à bon élève. Ici au Québec, si un prof. donnait 12 à ses bons élèves, la commission scolaire ou le ministère même lui ordonnerait de «normaliser».
En Australie, on utilise aussi le système des étoiles, mais là c’est complètement farfelu car c’est presque toujours 4 ou 5 étoiles. Quelques collègues de l’Ontario usent aussi beaucoup des 4-5 étoiles. Il suffit qu’il y ait des saveurs de confiture pour voir des étoiles.
Donc en résumé, 90, 94, 96. indique plutôt la puissance d’un vin et non l’ensemble de ses qualités.
D’ailleurs, j’ai souvent remarqué que j’aime plus souvent les vins notés 89 par Parker et Wine Spectator que leurs 90′ possiblement parce qu’à 89 on n’a pas trop de confiture, trop de vanille…
En conclusion, disons que 90 = entre 2,5 et 3,5 étoiles selon qui le donne et dans quelle circonstance.