Les journalistes du vin sont souvent bien frileux. Ils préfèrent vendre du rêve que de la réalité. Plusieurs refusent de faire face au monde d’aujourd’hui, préférant rester coincés dans les mythes du passé.
Ils résistent, ne veulent pas voir les changements, les désirs, les craintes et les besoins des consommateurs, leurs lecteurs.
Puis, un bon jour, ils se réveillent.
Les journalistes vin du San Francisco Chronicle et de Decanter vont finalement afficher les taux d’alcool des vins qu’ils commentent.
L’éditeur du San Francisco Chronicle dit «nous avons résisté à indiquer régulièrement le taux d’alcool parce que l’acte d’introduire l’alcool dans la discussion d’un vin est en soi politique.»
Le rédacteur en chef de Decanter est du même avis «révéler le taux d’alcool risque de peindre un tableau simpliste du vin.»
Ces gens vendent du rêve et non la réalité. Ne dire que ce qui est beau dans le vin finit par ressembler plus à de la propagande qu’à de l’information.
Finalement, ils vont nous dire la vérité, ou une partie de la vérité. Le premier commence cette semaine à mentionner le taux d’alcool dans le vin et la revue britannique le fera dans sa prochaine édition mensuelle.
C’est toujours la même chanson: «un vin à 15 % peut être équilibré!», oui, mais pourquoi cacher l’information? Peur de la vérité, de la réalité, de dévier de l’image idyllique du vin. On nous nomme des odeurs sorties du fin fond de sa propre zone corticale préfrontale, mais on ne veut pas nous dire le simple taux d’alcool.
«Cependant, nous estimons maintenant que ce sujet est devenu tellement important pour le consommateur que nous devons dorénavant fournir l’information aux lecteurs afin qu’ils puissent se faire leur propre opinion de l’importance de la chose», écrit Guy Woodward sur le site de Decanter.
Il ajoute que «ce n’est pas seulement la question de l’impact du volume d’alcool sur le goût du vin, mais c’est aussi la santé qui est en jeux, la capacité de conduire un véhicule et le risque d’intoxication. Si vous voulez apprécier plus d’un vin au dîner, la différence entre un 12 et un 15 % peut être importante.»
Mais est-ce que l’étiquette dit la vérité? Le San Francisco Chronicle a fait vérifier le taux d’alcool indiqué sur plusieurs étiquettes de vins américains, et certains 14 % se sont révélés être des 15 %.