«Le divin nectar est-il souillé par des produits chimiques dangereux pour la santé?»
Telle est la question que pose la rédaction du journal La Gazette de Montpellier.
Le journal a fait analyser 15 vins (la plupart du Languedoc), 12 conventionnels et trois bio. La moitié des vins conventionnels contiennent des résidus de pesticides, mais pas les vins bio. On cherchait la présence de 35 produits.
Les produits trouvés sont : dimétomorphe (diméthomorphe), métalaxyl, pyriméthanil et boscalid, ainsi que la mycotoxine ochratoxine A.(1)
«Vous avez recherché « seulement » 35 résidus phytosanitaires. Alors qu’il existe plus de 5 000», dit Charles Sultan, professeur d’endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier. «Certains n’apparaissent peut-être pas dans votre étude parce que, tout simplement, vous ne les avez pas cherchés.»
Il n’y a pas de norme en Europe (ni ailleurs?) concernant les limites légales de résidus autorisés de pesticides dans le vin. Il y en a pour le raisin, mais pas pour le vin. De toute manière «le non-franchissement de la LMR, quelle qu’elle soit, ne garantit pas l’innocuité du produit. Parce que les effets de chaque pesticide sur la santé humaine sont encore mal connus.»
Un cocktail nocif
De plus, il y a l’effet cocktail. «On sait aujourd’hui que quand on mélange différents pesticides, ils se potentialisent, ils renforcent leurs effets», dit le Pr Sultan. «Ce n’est pas une simple addition, mais une multiplication dont on ne connaît pas encore le véritable impact.»
L’endocrinologue fait une mise en garde : «Les pesticides peuvent être stockés dans le sang et s’accumuler tout le long de la vie. Or, les limites officielles de résidus autorisés ne prennent en compte que les effets toxiques immédiats. C’est d’autant plus important qu’à long terme certains pesticides modifient les gènes et les réponses cellulaires aux maladies.»
«Faut-il pour autant arrêter de boire du vin ? Certainement pas. D’une part, parce que toute la chaîne agroalimentaire est contaminée.»
Le vin n’est pas le seul aliment contaminé : «En 2007, la Commission européenne a analysé 62 000 produits alimentaires achetés dans toute l’Union. Verdict: 41 % d’entre eux contenaient des pesticides.»
Favoriser la culture bio
L’Europe consciente des risques potentiels pour la santé veut réduire de 50 % l’usage de ces produits dans l’agriculture et la production alimentaire.
De son côté, le gouvernement régional du Languedoc-Roussillon veut «favoriser une agriculture respectueuse de l’environnement et de la biodiversité. Sur la période 2005-2009, elle a investi 6,5 millions d’euros dans le développement de l’agriculture biologique. Cela a naturellement favorisé la viticulture bio régionale, première de France. En pleine croissance, surtout depuis l’an dernier, celle-ci regroupe 798 exploitations qui couvrent 5% des surfaces viticoles (12661 hectares).»
Il y a encore pas mal de chemin à faire. La vigne qui couvre 3,5 % des surfaces en Europe absorbe 15 % des pesticides. (2) Une étude du ministère français de l’Agriculture a démontré en 2005 que «presque un tiers des pesticides appliqués aux raisins sont effectivement « transférés » dans le vin.»
1. La Commission européenne a fixé une teneur maximale d’ochratoxine A dans les vins pour la commercialisation à 2 μg/l. Le Canada refuse l’importation des vins présentant plus de 1 μg/l d’ochratoxine A. (Wikipedia)
2. Statistiques de la Commission européenne (2007, cité dans Le vin au naturel, François Morel.
Deux articles intéressants de La Gazette de Montpelier du 20 septembre 2010