En 1959, Roger Dion (1896-1981), alors professeur au prestigieux Collège de France, publie, à compte d’auteur, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle, une œuvre d’une grande érudition, à saveur historique et géographique, sur les vignobles de l’Hexagone.
Un demi-siècle plus tard, l’intérêt de cet ouvrage réside dans l’actualité de la pensée de son auteur : au moment même où l’Europe, et notamment la France, mise sur la notion de terroir afin de distinguer ses vins sur un marché vitivinicole mondial extrêmement compétitif, Dion soutient que le terroir, moins qu’un fait géologique, est un fait historique, social, économique et politique, bref un fait humain.
Posé autrement, la magie des grands vignobles français tiendrait moins à une conjoncture alliant facteurs géologiques et climatiques, au sens large, qu’à l’existence d’infrastructures permettant le transport du vin vers les marchés où l’attendent ses amateurs.
Dixit, donc, cette lecture à mon sens quasi folklorique du terroir qui, aujourd’hui, y voit des espaces gâtés par l’Environnement ou encore, à une époque où celui-ci n’avait pas atteint le statut de religion, par Dieu lui-même.
De prime abord, il y a tout lieu de regretter que le bouquin de R. Dion ait été réédité sans aucune mise à niveau, c’est-à-dire sans qu’une préface ne le présente au lectorat actuel.
Dion, Roger ([1959] 2010), Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle, Paris, CNRS Éditions, 768 pages
Manon Tremblay
Université d’Ottawa et Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec