Les dirigeants de la Société des alcools du Québec se sont fait critiquer ces deux dernières années parce qu’ils remplacent souvent des vins à moins de 15 $ par d’autres plus chers.
Ils fixent des prix plancher aussi élevés que 17,50 $ pour les appels d’offres des vins de la section des produits courants. Pourtant, c’est dans cette section, au centre des magasins, que l’on retrouve les vins les moins chers.
On a même vu plusieurs vins de moins de 15 $ substitués par des vins des mêmes producteurs sous une nouvelle étiquette, mais à plus de 17,50 $.
Est-ce en train de changer ?
Si l’on étudie les derniers appels d’offres de la SAQ pour les vins courants, l’on constate un accroissement de la demande des vins à moins de 15 $ et une diminution des demandes de vin à plus de 17,50 $.
D’ailleurs, il faut signaler ici cette pratique fort étrange des fonctionnaires acheteurs de la SAQ qui fixent un prix minimum! Dans le commerce on est plutôt habitué à des acheteurs qui veulent payer le moins cher possible.
Imaginez un vigneron qui a un vin à vendre. Il serait disposé à le vendre de façon à ce qui soit affiché à 15 $ à la SAQ. Mais il voit que l’appel d’offres exige un vin à 17.50 $ minimum. Que fera-t-il? Il l’offrira à ce prix.
Le cas de la Vénétie
Il y a 37 vins rouges de la Vénétie au rayon des produits courants de la SAQ. Trois vins quittent la sélection. Les trois sont à plus de 15 $. Ils seront remplacés par deux vins qui devront être entre 12,50 et 14,95 $.
Il faut dire ici que la grande portion des ventes de vins rouges de la Vénétie (47 %) s’est faite au cour de la dernière année par quatre vins de moins de 15 $.
La même chose pour la Sicile et la Sardaigne. On laisse tomber un vin de 19,60 $ qui sera envoyé au répertoire des spécialités et on recherche un vin de 10 à 12,45 $. Remarquez ici encore le prix plancher. On ne veut pas de vins à moins de 10 $!
Pour le Rhône, on retire un vin de 16,20 $ qui sera remplacé par un vin du même fournisseur, mais qui se vendra de 12,50 à 14,95 $.
Dans le Languedoc, on remplace un vin de 19,50 $ par un vin de la même agence qui s’appellera Pâtisserie du vin et qui se vendra entre 12,50 $ et 14,95 $.
Finalement, pour la Toscane, on retire un vin de 26,20 $ pour le remplacer par un vin du même producteur qui se vendra entre 10 et 12,45 $.
Changement de tendance ?
Est-ce que l’on peut en déduire qu’il y a là un changement de tendance à la SAQ?
Est-ce l’effet de la critique et de l’opinion publique qui trouvent que les dirigeants de la SAQ réduisent trop l’offre de vins à bon prix?
La baisse d’achalandage y est surement aussi pour quelque chose. Le Journal de Québec, sous la plume de Pierre Couture, rapporte qu’«au cours de la dernière année, la SAQ dit avoir noté une baisse de près d’un million de transactions dans ses magasins.» Elle a donc réduit l’équivalent de 80 postes dans ses 400 succursales.
Nous avons noté dernièrement un certain effort du côté des vins à moins de 10 $. Ils étaient 24, ils sont maintenant 28. Toutefois, nous sommes encore loin des 60 vins de moins de 10 $ en 2013 ou des 90 en 2012 ou encore des 183 en 2009.
À suivre.