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Le vignoble de Canberra, des déceptions et une belle découverte

En mars 2010, j’ai eu l’occasion de visiter quelques vignobles autour de Canberra. La capitale de l’Australie baigne dans un climat du type continental: en été (de novembre à février), les journées sont chaudes (autour de 23 ºC) et plutôt sèches, mais les nuits peuvent être étonnement fraîches.

Les Snowy Mountains, à proximité, contribuent aussi à cette fraîcheur. Le paysage est fait de collines (autour de 500-800 mètres), la végétation est pauvre et s’étale par touffes irrégulières, le paysage évoque la sécheresse — l’irrigation s’impose.

Le vignoble de Canberra compte une trentaine d’entreprises vitivinicoles, de petites tailles, qui produisent essentiellement pour le marché australien, voire local. Bien que de taille modeste, quelques producteurs impressionnent par la magnificence des équipements — je pense notamment à Lerida Estate Wines, où le spectacle des barriques bourguignonnes alignées à la manière militaire ne manque pas de séduire l’œil.

Les principaux cépages cultivés dans le Canberra District sont, en rouge, le shiraz, le merlot, le cabernet sauvignon et le pinot noir et, en blanc, le riesling, le chardonnay et le sauvignon blanc. Pour ce qui est des cépages secondaires, le vignoble accueille des plants de barbera, pinot gris, sémillon, traminer, verdelho et viognier.

Dans un pays où le shiraz fait partie de l’identité nationale (je blague à peine…), cultiver d’autres cépages relève au mieux de la hardiesse, au pire de la folie. Pourtant, l’industrie vitivinicole australienne se porte très mal, en raison d’une surproduction, certes, mais aussi parce que le marché mondial se réoriente : les vins de climat frais, rafraîchissant et clinquant, plaisent de plus en plus. C’est pour cette raison qu’en dépit de quelques déceptions, je reste convaincu que l’avenir peut sourire à la région de Canberra. Toutefois, il faudra améliorer le produit.

J’ai d’abord dégusté des pinots noirs, parce que c’est ce qui me plaît. Je n’ai pas poursuivi mon exploration au-delà du quatrième échantillon, une acidité nerveuse qu’un fruité trop peu affirmé ne pouvait redresser ayant raison de ma passion. En revanche, un trait m’a plu de ces pinots: un nez d’anis et d’eucalyptus très affirmé, peut-être même trop car occupant l’essentiel de l’espace aromatique.

La curiosité étant un prérequis aux découvertes, j’ai dégusté un barbera, un traminer, un verdelho, pour conclure que la quête du savoir passait aussi par des déceptions : aucun des vins dégustés issus de ces cépages n’a généré chez moi le sentiment d’aller au-delà de l’ordinaire, à plus forte raison au regard de leur prix ($20 pour un barbera exhalant la banane beaujolaise…).

Néanmoins, un producteur m’a fait très forte impression: Helm Wines, situé à Murrumbateman dans le secteur ouest du vignoble de Canberra. C’est le seul riesling que j’ai bu au cours de mon séjour au pays des kangourous à ne pas m’avoir fait regretter leurs vis-à-vis allemands. Il faut dire que Ken Helm est d’origine germanique et que ses rieslings ont remporté les plus nobles honneurs au 2010 Royal Sydney Wine Show (voir www.helmwines.com.au). J’ai dégusté le Premium Riesling 2009 et le Riesling Classic Dry 2008.

Dans l’un et l’autre cas, les vins étaient brillants voire cristallins, vifs et ils offraient des arômes d’agrumes et de pommes vertes avec, et c’est là le plus important pour moi, cette pointe de pétrole si agréable à l’olfaction. Le Premium était moins expressif que son aîné, le Classic Dry, les années devant remédier à cette réserve. J’ai pris une bouteille, que j’espère ne retrouver dans mon cellier que dans une décennie.

Pour en savoir davantage :
Australian Government (Australian Wine and Brandy Company), à www.wineaustralia.com (page consultée en mars 2010).
Canberra District Wine Region, à www.canberrawines.com.au (page consultée en mars 2010)

Collaboration spéciale
Manon Tremblay
Professeure titulaire
École d’études politiques
Université d’Ottawa