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Les filtres des guides de vin

Le critique de vin critique, mais il doit aussi accepter la critique.

Il faut se remettre en question régulièrement et se demander si ce que l’on fait est bien et pour le mieux. Quels sont nos défauts, nos tangentes, nos glissements, nos raccourcis? En prendre conscience et améliorer le travail de la critique.

Un texte d’André Deyrieux présenté à la Chaire UNESCO «Culture et Traditions du Vin» nous dit que les guides de vin «déqualifient les vins». On parle de quatre filtres qui appauvrissent le vin.

Je vous présente ici quelques extraits de ce texte et je vous invite à le lire en entier.

«De tout temps, les guides des vins ont orienté leurs lecteurs sur des bons vins. Mais bons pour quoi ?
Pour la santé, à consommer, à se faire plaisir, bons à acheter.

Malheureusement, il semble que pour ces guides, consuméristes, orientés vers le conseil d’achats en vins, les aspects patrimoniaux, culturels, esthétiques, philosophiques… du vin soient de peu d’intérêt.

C’est même comme s’ils avaient mis en œuvre une succession de filtres, d’entonnoirs qui déqualifient les vins.

Le premier est, d’abord, de ne considérer les vins que comme des articles, des items sur une liste de courses, de simples produits de consommation

Le fait de réduire le vin à un objet de dégustation, et à ses seules propriétés organoleptiques, constitue le deuxième stade de la déqualification du vin.

Troisième filtre de déqualification, la dégustation de vin est largement réduite aujourd’hui à l’analyse de ses caractéristiques olfactives.

Quatrième stade de déqualification, le langage des dégustateurs et des guides est aujourd’hui très limité.»

Dans cet article, on nous dit qu’il faudrait désapprendre à déguster.

«L’approche d’un vin est une démarche subjective, relative, fonction des diverses sensibilités individuelles aux arômes et aux saveurs. Le nez a pris le pas sur la bouche.

La bouche n’est-elle pas plus fidèle qu’un nez pour exprimer un vin, pour apprécier sa texture, sa vivacité, sa minéralité, sa viscosité, sa longueur en bouche, sa consistance, sa sève ? Le vin, disait Henri Jayer, n’est pas fait pour être reniflé, mais pour être bu.

La recherche du succès amène fatalement à imiter les vins obtenant des scores élevés, conduisant inévitablement à un appauvrissement de la diversité œnologique.

On l’a compris, ces guides d’acheteurs de produits de consommation reflètent de manière croissante les vrais risques de la mondialisation, qui sont la simplification, la standardisation, la perte de profondeur patrimoniale et historique, l’étiolement de la diversité

L’auteur complète son article en envisageant deux scénarios possibles: celui de l’appauvrissement; et celui de l’accroissement de la complexité.

À lire  Les guides du vin, promoteurs de la diversité? André Deyrieux, Winetourisminfrance.com