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Les pesticides dans le vin: est-ce dangereux?

La plupart des vins contiendraient des résidus de pesticides!
C’est ce qu’a démontré cette semaine, le magazine de l’Union française des consommateurs Que Choisir, l’équivalent du Protégez-Vous québécois.

LES FAITS
Le magazine a fait analyser par le laboratoire Excell de Bordeaux 92 vins achetés sur les rayons des magasins de France. Les résultats démontrent qu’il y a des résidus de pesticides dans tous les vins analysés.

Les quantités varient beaucoup selon les vins, les régions. Il y a plus de pesticides dans les vins de Bordeaux que dans ceux du Languedoc.

Fait étonnant, on a aussi trouvé des traces de pesticides dans les vins bio, mais en moins grande quantité que dans les vins d’agriculture chimique et souvent non quantifiable.

Les quantités trouvées vont de 10 à 1600 millionièmes de gramme.  
Certains vins dépassent même pour un produit la limite maximale suisse.
Ce serait en général 300 fois plus que les limites permises pour l’eau, selon Que Choisir.
Ce qui est le plus étonnant, c’est le nombre de résidus différents retrouvés dans ces vins; jusqu’à 14 pour le Mouton Cadet.

Mais est-ce trop?
Le problème c’est qu’en France, il n’y a pas de limite maximale de résidus autorisée (LMR). Il y en a pour l’eau, les raisins, mais pas pour le vin.  Pourtant, la fermentation du moût modifie le résultat.

Est-ce toxique?
Ces produits sont toxiques. Ce sont surtout des fongicides, des produits destinés à tuer les champignons qui attaquent la vigne. Cide, comme dans homicide et suicide.

Mais est-ce qu’il sont en quantité suffisante pour causer des torts à l’organisme humain? Ça, on ne le sait pas et on ne le saura peut-être jamais.

LES OPINIONS
Depuis la divulgation de ces chiffres, la communauté viticole s’est emballée.
Certains affirment que ces résidus de pesticides sont trop minimes pour causer des torts. D’autres disent qu’on n’a pas le choix, «On retrouve des pesticides en doses infinitésimales et ce n’est pas dangereux», dit Philippe Barbet, du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (www.francebleu.fr)

Il ajoute «on utilise de moins en moins de produits, mais on en utilise encore. À Bordeaux, il pleut donc on a des maladies qui se développent sur la vigne. En AOC, on ne peut pas changer de cépages et utiliser des cépages résistants. Sans la chimie, on ne ferait plus de bordeaux à Bordeaux depuis cent ans».

Pascal Chatonnet, oenologue, producteur de vin et co-fondateur du laboratoire qui a analysé les vins pour Que Choisir dit «Il s’agit de quantités infinitésimales. Aucune inquiétude en termes de toxicité». Il ajoute toutefois «Mais la profession ne prend pas assez à bras-le-corps ce sujet. Je connais des producteurs ignorant ce qu’est une limite maximale de résidu», «alors que la fermentation modifie la donne.» (www.sudouest.fr)

De son côté, Marc Dubernet, docteur en chimie et œnologie, expert auprès des tribunaux et fondateur avec son père du laboratoire d’œnologie éponyme à Narbonne dit qu’ «il y a des molécules qui, même à forte dose sont sans danger alors que d’autres peuvent être nocives à très faible teneur» (www.vitisphere.com)

Du côté des producteurs de vin bio, l’on réplique que «la teneur moyenne en pesticides des vins bios et 11,8 fois plus faible que celle des vins non bios» et que «malgré la sophistication des méthodes utilisées par Que Choisir, il n’a pas été possible de les quantifier!» Et on demande des actions. «Ces rares et faibles résidus sont apportés par la viticulture chimique voisine ce qui n’est pas acceptable. Il faut que les viticulteurs non bio réduisent leur utilisation de pesticides et maintiennent les produits utilisés dans leur parcelle, comme la loi les y oblige depuis 2006!» (www.reporterre.net)

Puis, le laboratoire Dubernet de Narbonne affirme qu’ «à l’heure actuelle, sur tous les vins analysés par les laboratoires Dubernet dans le Languedoc-Roussillon, près de 50% contiennent zéro résidu, et pour l’autre moitié ce sont souvent les mêmes deux ou trois résidus molécules qui reviennent.» (www.terredevins.com)

MON OPINION
Donc, est-ce dangereux? La question n’est pas vraiment là. La vraie question serait plutôt: voulez-vous consommer des résidus de pesticides?
La réponse sera probablement non ou le moins possible.
Alors que doit faire le consommateur?
Il doit essayer de dénicher les produits les moins contaminés. Comment faire? Il y a des enseignements dans ces tableaux de vins contaminés:

  1.     Les plus contaminés sont près le l’Atlantique;
  2.     Les moins contaminés sont près de la Méditerranée;
  3.     Les plus contaminés sont l’oeuvre de négociants;
  4.     Les moins contaminés sont faits par des producteurs-récoltants;
  5.     Les vraiment moins contaminés sont bio.

Donc, si vous voulez consommer moins de pesticides, choisissez des vins de producteurs du Rhône, du Languedoc, du Roussillon, de la Provence et étonnamment de la Loire et encore mieux de vignerons bio.

La revue Que Choisir n’a fait analyser que les vins de France. Imaginez maintenant ce que cela doit être dans les vins du Nouveau Monde.

Il y a beaucoup de positif dans cela. À première vue la publication de ces chiffres peut sembler négative et nuire à l’image du vin. Cependant, nous croyons que cela réveillera un peu les consommateurs et les producteurs et contribuera à moyen terme à améliorer la qualité des vins et à réduire l’usage de ces pesticides.

En France, comme peut-être ailleurs, la viticulture qui ne couvre que 3,7 % du domaine agricole utilise pourtant 20 % des pesticides épandus. (news.doctissimo.fr)

  Le blogue Idées Liquides reproduit les tableaux de la revue Que Choisir.