Il y a quelques semaines, lors d’une dégustation avec un sympathique vigneron, j’ai passé un commentaire concernant l’étiquette sur la bouteille. Le vigneron me dit qu’il aimerait bien la changer, «mais que c’est compliqué avec la SAQ.»
Il me montra alors une image de la nouvelle étiquette qu’il avait fait faire et qui était déjà sur ses bouteilles dans les autres pays. Mais pourquoi ne pas l’apposer sur les bouteilles au Québec alors, lui demandai-je. «C’est compliqué avec la SAQ», me répéta-t-il.
Mais en quoi est-ce l’affaire de la SAQ? Le producteur ne peut-il pas mettre l’étiquette qu’il veut? «Non, pour chaque modification, pour chaque mot modifié, pour chaque couleur, pour chaque dessin, il faut demander la permission de la SAQ et négocier.»
Je dois dire que j’étais sceptique. L’étiquette n’est-elle pas l’oeuvre du producteur? À moins d’être porno, ou de contenir des éléments mensongers en quoi cela peut-il importer au monopole?
Eh bien! Le producteur disait vrai. D’ailleurs la semaine dernière, la direction de la société d’État des vins l’a rappelé à tous les vignerons dans une missive intitulée «Procédure pour un changement d’habillage». Il est écrit que «tout changement affectant l’habillage d’un produit (…) doit au préalable être soumis à la SAQ pour approbation.»
On y précise qu’on doit demander la permission pour tout changement sur l’étiquette principale; le texte de la contre-étiquette, le graphisme, le visuel et même sur la collerette, et ce «même si la modification ne touche qu’un des éléments de l’habillage.»
La missive ne précise pas quels sont les critères de refus ou d’acceptation ni ce qui est acceptable ou non; ni quels formats, couleurs, ou typographies peuvent être acceptés ou interdits!
Jusqu’où peut aller le comportement dictatorial de ces bureaucrates? C’est étonnant !