Sept journalistes et chroniqueurs vin de Montréal refusent de se laisser manipuler.
L’événement Montréal Passion Vin suscite des passions dans le monde des chroniqueurs vin, mais cette fois-ci ce sont des passions négatives.
En effet, la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal qui mène l’évènement veut contrôler le travail des journalistes du vin pour cette édition 2013.
La fondation demande aux journalistes de s’engager, en contrepartie d’une invitation, à interviewer un producteur et à écrire un article de fond.
Les deux plus grands journalistes du vin du Québec ont aussitôt refusé cette tentative de manipulation.
Jacques Benoit du quotidien La Presse nous dit : «j’ai rejeté cette proposition injurieuse. J’ajouterai qu’en plusieurs décennies de journalisme, c’était la première fois qu’on voulait exiger de moi pareil engagement. L’accepter aurait été me déshonorer. Les journalistes doivent être libres, sinon il n’y a pas de véritable journalisme.»
Les années passées, des journalistes étaient invités à une ou plusieurs présentations des producteurs et ils n’avaient pas à s’engager à quoi que ce soit. Pour cette 12e édition du Montréal Passion Vin (MPV), chaque journaliste invité ne peut assister qu’à une seule dégustation et doit interviewer un seul producteur. La fondation lui promet toutefois l’exclusivité de ce producteur. «Vous serez invité à choisir une seule dégustation parmi les sept proposées, et vous aurez ainsi la chance d’obtenir une entrevue exclusive avec le producteur présenté lors de cette dégustation», écrit Valérie Lapierre, conseillère aux communications de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Dans le site de MPV on lit que «les représentants des médias sont les bienvenus tout au long de l’événement. Toutefois, en raison du caractère philanthropique de Montréal Passion Vin, il est impossible d’obtenir à titre gracieux des places aux dégustations et au banquet pour tous les journalistes.»
Jean Aubry, chroniqueur vin depuis 20 ans au quotidien Le Devoir écrit aux organisateurs de l’évènement «avec votre nouvelle proposition, je suis personnellement outré de la façon cavalière pour ne pas dire outrecuidante de balayer la presse sous le tapis en la cantonnant à une seule dégustation.»
Cette tentative de manipulation des journalistes du vin pourrait donner des résultats contraires à ceux recherchés si un grand nombre de journalistes boycottent l’évènement.
Montréal Passion Vin est un grand happening du gotha mondial du vin. Il est organisé par la Société des alcools du Québec et la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Ça se déroule sur deux jours. De grands producteurs de champagne et de vin viennent y présenter leurs vins, y rencontrer de riches amateurs de vin qui acceptent de débourser 1900 $ pour les séances et 600 $ pour le banquet.
Une partie des revenus de l’évènement est versée à la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal.
Parmi les producteurs présents vendredi et samedi, 1er et 2 novembre, il y aura Gaïa Gaja, Carol Duval-Leroy, Hubert de Boüard de Laforest (Château Angélus), Henri Boillot (Meursault) et Bo Barrett (Château Montelena).
Le président de l’édition 2013 de MPV est Martin Gauthier, patron de l’agence Sid Lee, une agence associée de près aux campagnes promotionnelles de la Société des alcools du Québec. Au conseil d’administration, il y a un vice-président de la SAQ, le directeur des achats de la SAQ, ainsi que le premier vice-président du Fonds de solidarité FTQ.
Nous apprenons que cinq autres journalistes ont aussi décliné l’invitation de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, pour les mêmes raisons, à savoir Nicole Barette-Ryan, rédactrice en chef de la revue Vins et Vignobles; Claude Langlois du Journal de Montréal, Bill Zacharkiw du quotidien The Gazette; Karyne Duplessis-Piché de La Presse et Nick Hamilton de lesconseillersduvin.ca.