Rares sont les vins qui peuvent s’améliorer sur 10 ans.
Il y a une assez forte croyance parmi les amateurs de vin voulant que ce produit s’améliore lors d’un séjour en cave. C’est vrai pour quelques années, de trois à cinq, sept pour certains vins, mais rares sont les vins qui s’améliorent après dix ans en cave.
Autrefois, il fallait attendre longtemps les vins de Bordeaux. Ils étaient rudes en jeunesse, bien acides et très tanniques.
Ce n’est plus le cas depuis les années ’80 et surtout ’90. On a amélioré les techniques de la vigne et les méthodes de vinification.
Les vins sont maintenant bons dès la mise en bouteilles et il n’est plus nécessaire de les faire vieillir longtemps, sauf pour de très rares cas.
L’effet millésime est aussi très important. Plus la récolte de raisins est bonne, plus les baies sont de qualité, plus il y a de chance que le vin se bonifie au cours d’un séjour prolongé en cave.
Prenons l’exemple du millésime 2002, qui a la réputation d’être un mauvais millésime en Bordelais. Les conditions climatiques ont été très mauvaises tout l’été sauf en septembre. Les raisins n’ont pas pu atteindre une pleine maturité.
Ce manque de fruit à l’origine ne s’est pas amélioré avec le séjour en bouteille. Tout au contraire.
Voici un exemple de ce que peut donner un mauvais millésime au bout de 10 ans.
Chaque année, l’Académie du vin de l’Outaouais présente un «Dix ans après». Cette année c’était le tour du 2002.
Donc, 10 vins de ce millésime. Sept de Bordeaux, un du Languedoc, un d’Autralie et un de Californie.
Seulement deux de ces dix vins ont supporté le voyage. Et encore, je ne dis pas qu’ils se sont bonifiés, mais seulement qu’ils ne se sont pas effondrés ou qu’ils n’ont pas perdu en qualité et en plaisir à donner après ces dix ans. Le vin du Languedoc et les deux du Nouveau Monde n’ont pas supporté la route. Ils n’ont pas la structure, n’ont pas l’ossature acide suffisante pour faire ce long parcours. Plusieurs de ces vins ont développé des arômes intéressants, toutefois peu ont préservé une bonne longueur en bouche. |
Parmi les grands crus de Bordeaux, quelques déceptions, comme le Léoville Poyferré, mais de belles surprises, comme le Sociando Mallet.
Voici ces vins par ordre d’état de santé à l’arrivée au port de 2012.
Sociando Mallet 2002
Reconnaissable à ses saveurs de graphite. Profond. Élégance, finesse, belle texture. Superbe.
(Le 2008 est 51 $)
Smith Haut Lafitte 2002
Bien différent des autres vins de cette sélection. Un vin complexe, équilibré et suave.
Léoville Barton 2002
Fines herbes et tabac. Note de camphre. Belle bouche, rond, suave et assez long.
(le 2001 est 252 $, le 2000 est 431 $)
Haut-Batailley 2002
Des tanins encore bien présents, un peu rugueux, un peu asséchant, costaud, assez plein.
Haut-Bages Libéral 2002
Discret sur des notes de cèdre. Unidimensionnel, rien de spécial. Un peu de bois en finale. Bon sans plus. (Le 2008 est 47 $)
Château Lagune 2002
Bien discret, fin, belle texture, bien léger.
(Le 2006 est 79 $)
Léoville Poyferré 2002
Manque de fruit, bouche asséchante, après-goût de bois. Correct.
(Le 2006 est 109 $)
Caymus 2002
Thé, tabac, bois vernis, pelure d’orange, mince et dépassé.
(Le 2009 est 70 $)
Mas de Daumas Gassac 2002
Fruits chauffés, amertume un peu élevée, trop vieux.
(Le 2010 est 43 $)
Rosemount Traditional Cabernet Merlot 2002
Goût de bois brûlé sur un fruité sucré.
L’exercice est intéressant et démontre qu’il n’est pas profitable de faire vieillir ces vins lors de mauvais millésimes.
On dit qu’il n’existe plus de mauvais millésimes. Je crois que c’est plus un voeu qu’une réalité. Nous verrons bien en 2022, lorsque nous dégusterons les 2012. En attendant, j’ai bien hâte de goûter les 2003 (millésime dit solaire), l’an prochain.
Pour une évaluation des millésimes à Bordeaux voir:
http://www.idealwine.com/fr/saga_millesime/table_notation_results.jsp?mi…
http://www.vinbordelais.com/tableau-des-millesimes-des-vins-de-bordeaux
http://www.winemega.com/fr/matrice_des_millesimes.htm
http://www.guidedesvins.com/vintag.pdf