Montus et Bouscassé, deux beaux vins faits de tannat en Madiran dans le sud-ouest de la France.
Deux vins réputés qu’on retrouve régulièrement sur le marché québécois.
Ils sont l’oeuvre d’Alain Brumont, le pape du Madiran.
En 1979, Alain Brumont quitte le domaine paternel de Château Bouscassé et achète le Château Montus. Il modifie complètement le vignoble (d’autres portes-greffes, des plants sélectionnés…) Inspiré du modèle bordelais, il fait vieillir ses vins en petites barriques de chêne neuf.
En 1982, il vinifie son premier vin avec des vignes de trois ans. Ce fut un succès.
Jusque-là, le vin de Madiran avait mauvaise réputation. C’était un vin rustique. Alain Brumont, avec son Montus, a mis Madiran «sur la mappe», comme on dit.
Puis, quelques années plus tard, il prend la gestion du domaine familial, le Château Bouscassé.
Les vins des deux domaines sont apparentés, c’est évident. Ils sont fort tanniques. Toutefois, on constate de grandes variations selon les millésimes.
Ce sont des vins de garde. Donc, difficiles à apprécier en jeunesse. Il faut beaucoup de temps pour assouplir ces tanins. M. Brumont dit faire maintenant (depuis 2001) des vins moins tanniques.
Nous avons dégusté à l’aveugle dix de ses vins, Bouscassé et Montus, antérieurs à 2001. Ils sont en effet très tanniques, il leur faut plus de dix ans pour perdre leur astringence.
À l’évidence, ce ne sont pas des vins de dégustation. Il seront mieux mis en valeur avec les plats costauds. Tout au long de la dégustation (je n’avais pas soupé) j’ai rêvé à un beau plat de cubes de boeuf en sauce accompagné de «pétaques jaunes» comme le dit si bien mon ami le gourmand Benoit Guy.
Le Montus est fait de tannat à 80 %, complété avec du cabernet sauvignon. Le Bouscassé contient en plus du cabernet franc.
Le tannat est un cépage très tannique comme son nom nous le laisse entendre. De plus, c’est un raisin très acide, ce qui accentue énormément l’astringence. Les producteurs doivent donc être très méticuleux lors de la vinification.
Depuis 2001, Alain Brumont et son œnologue Fabrice Dubosc, utilisent moins de chêne, 50 % de barriques neuves. Ils veulent aussi faire des vins plus en fruit, plus accessible en jeunesse. Ils sont en train d’accroître la densité des plants, passant de 4000 à plus de 7000 pieds de vignes à l’hectare.
Les vins des deux domaines sont maintenant vinifiés au Château Montus.
Voici mes notes présentées dans l’ordre de dégustation à l’Académie du vin de l’Outaouais. L’évènement s’est tenu au restaurant Saint-Estèphe à Gatineau.
Bouscassé 1997
Très ouvert. Arômes de pruneaux et d’olives. Costaud, très sec, amer. Tanins assez coulants. Chaleureux. ***
Montus 1997
Très fruité, cerise. Tanins plus fins que le précédent. Rond, agréable, assez long. Délicieux. Plusieurs participants à la dégustation – nous étions 30 – ont noté des saveurs métalliques, ferreuses, dans ce vin, comme dans plusieurs autres de la série. ***1/2
Bouscassé 1998
Une des deux bouteilles était légèrement bouchonnée. L’autre était fermée. Toutefois, la bouche était ample, tannique, mais la finale est un peu sûre. Peu apprécié. *1/2
Montus 1998
Arômes de noyaux. Astringent. Les tanins écrasent le fruit. Sévère. Mais une belle finale juteuse ! **1/2
Bouscassé 2000
Opaque, discret, arômes de noyaux au début. Puis s’ouvre sur des notes d’herbes sèches et devient plus aromatique et invitant. L’attaque est expressive. Il y a là beaucoup de tanins. C’est riche, ample, très gros et même corpulent. Très différent des précédents. Long et capiteux. Des saveurs terreuses. ***
Montus 2000
Très ouvert. Noix, fumé, goudron, empyreumatique. Opaque. Une très belle attaque boisée. De beaux tanins. Beaucoup d’alcool. Riche en fruit. Long, agréable. Le plus aromatique de la série. ***
Montus Prestige 1998
La première cuvée Prestige a été faite en 1985, 100 % tannat, malgré les dictats de l’appellation qui ordonnait de mettre d’autres cépages adoucissants.
Un vin opaque au très beau nez de noyaux et de fumé. Les tanins semblent plus fins de prime abord ! L’attaque plus souple. Par contre au bout de deux ou trois secondes, ils emplissent toute la bouche, collent aux dents. Ça devient astringent. Il y a aussi plus de sève. Une jeunesse à revoir dans 5-6 ans. ***
Bouscassé Vieilles Vignes 2000
Opaque, très ouvert. Un beau nez de noyaux et d’olives vertes. Une bouche ample, bien tannique et longue. À mettre en cave un bon cinq ans. Disponible actuellement à la SAQ. 904979 38,25 $ ***1/2
Montus Prestige 2000
Il n’y aura plus de cuvée Prestige, 2003 a été la dernière. M. Brumont dit vouloir resserrer sa gamme. Ce 2000 est du grand vin. Un nez aromatique, sucré et profond. Le vin est opaque, très gras. Une belle structure, équilibré, riche, costaud. Des saveurs d’olives noires. Très long. Juteux. Mon préféré de la soirée. Il se laisse boire. ****
Bouscassé Vieilles Vignes 1995
La première bouteille était bouchonnée. Fort heureusement, le contributeur, Louis Landry, en avait une troisième dans sa besace, au cas où.
Moyennement ouvert. Juteux, riche, très beau fruit. Plus fin que les autres. Proche de la maturité. Assez long. ***1/2
Alain Brumont fait plusieurs autres vins bien intéressants et plus abordables en jeunesse, dont un Montus blanc délectable, ainsi que le Torus, Les Menhirs et le nouveau Argile rouge succulent.
Voir d’autres vins d’Alain Brumont…
Pour en savoir plus sur cette région, consultez le site du Comité interprofessionnel des vins du Sud-Ouest.