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Gregory Patriat et Jean-Claude Boisset

Un vinificateur et une marque de prestige.

Vous connaissez sûrement le groupe Boisset présent en Bourgogne et en Beaujolais depuis 1961. La famille Boisset regroupe les domaines et marques Jaffelin, Vougeraie, Ropiteau, Bouchard Aîné et fils, J. Moreau et fils, Louis Bernard, Mommessin, Thorin, etc.

Dans cette famille, il y a aussi la maison Jean-Claude Boisset créée au début des années 2000 en l’honneur du père de la famille: Jeau-Claude.

Le but: faire des vins de grande classe. La famille embauche un jeune vinificateur Grégory Patriat et «lui donne les clefs de la Ferrari» et cartes blanches pour produire des vins d’exception. L’objectif n’est pas de faire de l’argent, l’affaire n’est pas rentable, mais de faire de grands vins, de faire du négoce haute couture. «On a d’autres gammes pour faire du business.» Jusque-là, Boisset produisait à 80 % du vin de table.

Gregory a commencé comme ouvrier vigneron dans les vignes des Hospices de Beaune en 1995, puis il a travaillé chez Lalou Bise-Leroy.

Lors de sa visite à Montréal la semaine dernière, nous lui avons demandé s’il était oenologue. Il répond qu’il n’est pas allé à l’école des vins, qu’il a appris sur le terrain et il ajoute «qu’il n’y a pas de bons vins faits par des oenologues». Je le mets en garde que je pourrais le citer là-dessus. Il répète «il n’y a pas de grands vins faits par des oenologues. Ils font des vins carrés et techniques.»  Voilà c’est lancé!

Gregory Patriat n’est pas un orthodoxe, pas un Français conservateur. Il déteste le bouchon de liège. Il dit que c’est une aberration de s’en servir pour boucher les bouteilles de vin. c’est un bouchon trop inconsistant, irrégulier et qui n’est pas qualitatif. Il préférerait utiliser la capsule à vis, plus régulière et qui donne une qualité constante aux vins. «On devrait interdire le liège dans les AOC.» Il dit que le bouchon de verre est trop étanche et la capsule à vis idéale parce qu’elle laisse respirer très légèrement le vin grâce à son joint.

Il faut dire qu’il fait une trentaine de cuvées, dont certaine à aussi peu que 900 bouteilles; alors il déteste avoir de ces vins détruits par ces lièges.

Donc, une trentaine de cuvée, 180 000 bouteilles faites par un non-eonologue.

Ainsi pas de levures ajoutées, pas d’enzymes, pas de tanins et autres produits oenologiques.

«Les levures ajoutées donnent les mêmes arômes à tous les vins.» D’ailleurs, ces vins jeunes, surtout les rouges ne sont pas très aromatiques. il dit que ce sont les levures ajoutées qui font les vins aromatiques. «Je recherche la finesse et l’élégance.»

Les 14 vins qu’il a fait déguster à la presse spécialisée jeudi à Montréal sont d’ailleurs justement plus sur la finesse que sur l’esbroufe. Des chardonnays non vanillés et pas trop gras; des pinots qui ne sentent pas la noix de coco, pas parfumés ni acidulés à la néozélandaire; ni faisandée, ni fumé comme trop de vins qui pinottent en jeunesse (comme les rieslings qui pétrolent en jeunesse). Des vins droits et sérieux.

«Je cherche la minéralité, l’énergie, la tension et la finesse
au risque que les vins soient austères en jeunesse.»

Ses blancs sont élevés en fûts de 450 litres au lieu des 228 litres habituels en Bourgogne. «Ça donne plus de fraîcheur et un boisé plus délicat aux blancs.» En effet, je n’ai pas senti de pain grillé, de mis de pain, de biscuit, de toast, de noix de coco, de vanille, de beurre rance, de plancher verni, de madrier dans ses blancs; ni dans ses rouges d’ailleurs.» Le bois est ainsi un outil et non un aromatiseur.

«Le 228 litres donne des vins blancs riches, gras et opulents; le 450 litres plus de fraîcheur et moins de contacts avec les lies.» Il ne fait d’ailleurs pas de bâtonnage. il ne recherche pas le gros gras.

Mais ces fûts ne donnent pas de bons résultats pour les rouges. Il utilise donc des fûts réguliers avec des bois neufs de 30 à 60 %.

Les millésimes récents
2009, une année chaleureuse.
2010, son préféré, plus minéral et d’une austérité supérieure.
2011, «on a eu peur, beaucoup de pluie, mais belle fin de saison, pas un vin de garde, un caractère fruité immédiat. Un vin de restaurant.»
2012, 45 % du volume normal. «Le pinot noir et le chardonnay adorent les années de petites récoltes qui donnent plus de concentration.»

La collection Jean-Claude Boisset ne possède pas de vignes. Les raisins sont achetés auprès de vignerons sous contrats qui ont des vignes de plus de 40 ans. «On ne peut pas faire de grands vins avec des vignes jeunes.»

Voici de courts commentaires sur les 14 vins dégustés jeudi dernier.
Dans l’ordre de dégustation.

LES BLANCS
Fermentation en levures indigènes très longues de 10 mois.
Sans débourbage pour conserver le maximum de lies.
Pas de bâtonnage pour accentuer la minéralité.
Collage à la bentonite.
Mise en bouteille par gravité. Filtration très légère.

Bourgoge Aligoté 2011
Toute une surprise pour un Aligoté. Étonnant, riche et minéral, une petite note de beurrée en finale. Très long. Très bon.

Pouilly-Fuissé 2011
Sera commenté le 23 mars.
(Plus ouvert, plus floral sur une texture plus grasse et de belles saveurs de pêches fraîches.
Pressurage doux en grappes entières. 25 % de fûts neufs. Pour quelques années de cave. 11675708 24,95 $.  Très bon.

Minéralité
On discoure beaucoup de minéralité ces jours-ci dans les sites internet du vin.
La minéralité, c’est plus une sensation, une impression qu’un goût comme tel.
On parle alors de tension en bouche, d’une bonne acidité. C’est quelques fois par opposition à confituré.

Auxey Duresses Les Crais 2010
Fruits jaunes, nez profond, belles saveurs, plus complexe, belle minéralité en milieu et fin de bouche. Très long, du caractère. S’ouvre lentement sur des saveurs de pêches et de poires. Juteux coulant. Pour la cave (un autre 5 ans), petite note de beurre en après-goût.Une production de 2000 bouteilles. (Importation privée 11889707 41,25)
Auxey Duresse une petite appellation de 150 ha sur sol calcaire.
Excellent.

Santenay 1er cru Beaurepaire 2010
Plus sec, droit et discret. Une certaine amertume en milieu de bouche. Jeune, sévère et austère. Difficile à juger. Un caractère certain. 1500 bouteilles. 50 $.  

Puligny Montrachet Le Trezin 2010
Belle bouche ample. Une certaine puissance. Riche et séveux. Pour la garde.
Déjà commenté le 14 février  Très bon +.
SAQ 1189803  64,75 $

Beaune 1er cru Vignes Franches 2011
Très aromatique, des odeurs étranges et difficiles à décrire. Certains ont dit du soufre. Le producteur a répondu qu’il venait d’être mis en bouteille.
En bouche, on a les mêmes saveurs. Au début, je n’ai pas, puis je le laisse s’aérer, et j’y reviens à la fin de la dégustation des rouges puis tout au long du repas. J’ai fini par aimer, j’ai tout bu le verre. À un moment donné il m’a rappelé un chardonnay de Stéphane Tissot avec ses saveurs d’oignons verts légèrement cuits. Un vin à la fois gras et bien acide (pH de 3,08). À revoir dans quelques mois.
Un bel exemple qu’il ne faut pas se fier à sa première impression!
52 $.
Une production de 1000 bouteilles. Excellent.

LES ROUGES
Vendanges manuelles en caissettes percées de 20 kg.
Fermentation en levures indigènes.
Aucun adjuvant oenologique tel que les enzymes ou tanins.
Mise en bouteilles par gravité

Bourgogne Pinot Noir 201, Les Ursulines
Très fruité, très jeune, sec et un peu austère, serré, beau fruit, assez minéral, un peu rustique et bien constitué. 20 000 bouteilles, capsule à vis.  Bien bon.
SAQ 11008121  24,95 $

Santenay 2011
Très belle attaque sur le fruit. Fin, léger, coulant, assez long, bien bon, un vin de soif.  Très bon.
3000 bouteilles.
Santenay, un vignoble de 400 ha. Taille de Cordon de Royat (Taille Guyot dominante en Bourgogne)

Gevrey Chambertin Les Murots 2011
Arômes de fruits noirs et poivre. Attaque serrée, texture ferme et bien serrée, beaucoup de bons tanins sur un fruité assez abondant et savoureux. Belle présence en bouche, jolie finale très longue, pour la garde (10 ans). Mon préféré en rouge. Fermentation en grappes entières.  1200 bouteilles.
Non collage, très légère filtration.  Excellent.
77,50 $

Chambolle Musigny 2011
un vin toute d’un pièce, rond, plein, encore bien jeune et austère.
Sans collage ni filtration.  Très bon.
68 $

Ladoix 1er cru hautes Mourottes 2011
Bouche assez grasse, terreuse sur un fruité légèrement sucré. Rond facile à boire. 900 bouteilles. Très bon.
49 $

Beaune 1er cru Les Grèves 2011
Nez discret, bouche sur une beau fruité gras, minéral. texture à la fois lisse et ample. On pourrait dire costaud. Un vin de caractère. 3000 bouteilles. Très bon +.
68 $

Clos de la Roche 2011
Morey-Saint-Denis
Encore plus costaud, bien différent, un beau fruité sur des tanins bien présents, donne un corps ferme. Belle structure tannique. Finale sur le fruit vif. Bien jeune. Pour la garde.  Très bon +.
Une production de 900 bouteilles.  207 $

Savigny les Beaune 2009
Plus souple à l’attaque, puis bien tannique et chaleureux. Semble déjà avoir un certain âge. (Bouchon plus poreux?) Bien sec, boisé perceptible.  Bon.
4300 bouteilles.
11850692  34 $ 

Conclusion:
En général, pas de bois apparent, acidité bien intégrée, de belles finales, oui un peu austère, jeune, pas trop d’extraction. J’ai préféré les blancs, déjà plus prêts à boire. Les rouges doivent faire un petit séjour en cave et deviendront sûrement encore meilleurs.

Le site du Groupe Boisset; de la marque Jean-Claude Boisset.