La question semble simple, mais pas la réponse!
Un vin français, c’est un vin fait avec des raisins de France. Un vin bourguignon, c’est fait avec des raisins de Bourgogne.
Mais au Québec, c’est différent!
La semaine dernière, je cherchais un mousseux québécois. Le site internet de la SAQ donne cinq vins mousseux du Québec. Toutefois, le seul disponible près de chez moi est le Charles Meunier Brutus.
Je ne connais pas de producteur du nom de Charles Meunier au Québec! Est-ce le frère de Pinot Meunier, ou le beau frère de Charles Heidseick? Et ce Brutus, est-ce parent de Brut, le voisin de Demi-Sec?
Si vous regardez l’étiquette de près vous verrez qu’il y a très peu d’informations sur la bouteille. On lit en petit caractère Élaboré au Canada Blended in Canada. Donc un vin québécois mélangé au Canada!
À ce stade-là, je suis un peu mélangé moi-même! Je contacte donc la SAQ pour en savoir plus. On me répond de contacter l’agent.
Le vin est embouteillé à la Maison des Futailles, une entreprise d’embouteillage que la SAQ a vendue à la papetière Kruger en 2006. On y embouteille du vin acheté en vrac à l’étranger pour alimenter principalement les épiceries du Québec.
Donc, ce «vin québécois» est fait avec du raisin non québécois!
Il y a environ deux ans, on a lancé la Certification des vins du Québec. À ce moment, j’ai appris que les vignerons du Québec pouvaient mettre des raisins d’ailleurs dans leurs vins. Même les vins Certifiés Québec peuvent contenir 15 % de raisins d’autres provinces. L’Association des vignerons du Québec me dit qu’à «partir de la cuvée 2014, tout le raisin devra provenir du Québec» pour obtenir la certification. Mais les autres vins du Québec?
En Ontario, un grand nombre de vins dits ontariens sont faits en partie ou en tout avec des raisins d’ailleurs aussi.
Le comble: Statistique Canada compte tous les vins embouteillés au Canada comme des vins canadiens! C’est un peu comme l’huile d’olive italienne qui est faite surtout en Espagne et en Grèce, mais embouteillée en Italie!
Au moment, où des vignerons du Québec demandent plus de place dans nos magasins pour leurs produits, est-ce qu’il ne faudrait pas clarifier un peu la situation?
Si on veut inciter à acheter québécois, est-ce que le consommateur pourra être certain que c’est vraiment fait avec des produits d’ici?
Finalement, ce Brutus, ce «vin du Québec» fait de raisins non québécois est-il bon? Voir le commentaire…