Le gouvernement du Québec a finalement décidé de passer à la vitesse supérieure pour son aide aux producteurs de vin québécois.
Une série de mesures ont été annoncées par la première ministre Pauline Marois. Parmi ces mesures, la plus importante est l’aide financière de deux dollars par bouteille.
Prenons un exemple:
Pour une bouteille de vin que nous achetons 15,40 $ dans les magasins de la Société des alcools du Québec, 6 dollars vont au vigneron pour son produit. De plus, celui-ci reçoit une aide de 2,70 $ la bouteille, donc 8,70 $. À partir de maintenant, l’État lui donnera 2 dollars de plus. Donc finalement, sur les 15,40 $ que nous payons pour la bouteille, 10,70 $ iront au producteur.
Ces deux dollars seront donnés à partir de maintenant à tous les producteurs qui commercialisent leurs vins dans réseau de la SAQ.
Toutefois, à partir du 1er avril 2015, seuls les vins certifiés Québec auront droit à ce qui est appelé «rabattement de marge» de 2 dollars. De plus, il y a un maximum de 300 000 $ par producteur.
Cette aide aux viticulteurs est un sujet délicat dans le contexte du commerce mondial. Cependant, le vice-président de l’Association des vignerons du Québec dit que «ceci nous permettra de jouer sur la même patinoire que les Européens». M. Yvan Quirion estime en effet que l’Europe finance à hauteur de 37 % son industrie vinicole.
«Tous les pays le font, mais ici vu qu’on a un monopole d’État, on peut être plus surveillé et plus critiqué.» M. Guirion estime qu’il n’y aura pas de contestation internationale vu que notre production vinicole est minuscule et que «nous ne concurrençons pas facilement les 10 000 autres vins étrangers sur notre marché.»
«La balle (la rondelle) est dans notre camp», dit le v.-p. qui est aussi vigneron du Domaine Saint-Jacques près de Napierville. Il faut maintenant améliorer encore la qualité des vins afin d’inciter les Québécois à acheter québécois. «Nous ne sommes malheureusement pas chauvins», constate M. Quirion. «Nous avons tendance à nous critiquer fortement et à dénigrer notre travail. C’est dans nos gênes, peut-être!»
Cette entente avec le gouvernement et la SAQ devrait inciter plus de vignerons à faire certifier leurs vins. Le coût de la certification peut s’élever à 500 $, mais le vigneron estime qu’il a économisé 3000 $ en produits chimiques, «car la certification pousse à la culture raisonnée.» Cette certification garantit que le vin est fait à plus de 85 % avec du raisin québécois.
La plupart des plus importants vignerons ont fait certifier leurs vins.
Ces vins devraient être plus visibles à la SAQ et surtout dans les succursales en territoire viticole.
Allons à l’épicerie
La prochaine étape pour les vignerons québécois, c’est la vente de leur vin en épicerie. Actuellement, on ne peut voir de vin fait de raisins québécois en épicerie. Ce qui est assez étrange! Mais pour corriger cela, il faudra changer notre vieille loi sur les alcools qui date de 1925. De plus pour le moment, ce ne serait pas rentable, car le vin est majoré d’un autre 50 % en épicerie. Donc le vigneron aurait très peu pour sa bouteille.
Le rêve de M Guirion c’est de pouvoir vendre son vin dans les épiceries fines et commerces artisanaux. «C’est là qu’est la place idéale de notre production vinicole artisanale à côté des fromages fins d’ici.»
Pour en savoir plus sur la certification des vins québécois: La certification
Écoutez aussi le reportage de Daniel Levac de l’émission Bien dans son assiette.