Le troisième jeudi de novembre nous apporte chaque année le beaujolais nouveau. On parle maintenant plutôt de vin nouveau, ou de de vin primeur, puisqu’on en fait dans plusieurs autres régions du monde, dont l’Italie et l’Ontario.
C’est un vin très jeune, les raisins viennent d’être récoltés en septembre. Il n’a pas eu le temps de mûrir, ni de développer des arômes intéressants. Ses saveurs dominantes sont le fruité et l’alcool. Au niveau du fruité, on perçoit surtout la framboise et la banane. Cette dernière saveur est présente dans les vins nouveaux faits de gamay.
À l’origine, c’était un bon coup de marketing, ça l’est toujours. C’est aussi l’occasion de prendre un bon coup entre amis à la veille de l’hiver. C’est devenu une tradition.
Par contre, il ne faut pas s’attendre à boire là du grand vin. Il faut savoir que ce n’est pas un vin qui est prêt et il ne le sera d’ailleurs jamais. Il n’y a aucun intérêt à le conserver. Il ne sera plus bon à Noël. Il est fait très vite, sulfuré et expédié. Alors attention aux maux de tête, n’en buvez pas trop.
Je vous suggère de le servir froid, froid comme du vin blanc. C’est-à-dire de le passer 20 minutes au congélateur ou deux heures au frigo afin qu’il descende à 12 ou 14 °C Sinon, servi chaud, vous ne goûterez que l’alcool. Froid, son fruité sera meilleur et ses faibles tanins seront rehaussés.
Le beaujolais nouveau se vent très cher [15 $]. C’est parce qu’on paie pour son transport en avion. Les producteurs de cette région refusent de le laisser partir par bateau quelques jours plus tôt. Il faut noter aussi que la SAQ n’a pas baissé ses prix, alors que les producteurs ont diminué leur prix de 170 à 146 euros par hectolitre à cause de la surproduction.
L’an passé, 59 millions de bouteilles de Beaujolais nouveau ont été vendues, ce qui représentait un tiers de la production totale de la région. Les principaux marchés sont le Japon, l’Allemagne et les États-Unis.
On produit tellement de vin dans le beaujolais qu’un million d’hectolitres, soit une année de production, sont en réserve, invendus. Il faut dire que le scandale Duboeuf n’a pas aidé les ventes.
Le vin nouveau, vino novello, provenant d’Italie est beaucoup moins cher [10 $]. Les producteurs italiens acceptent, eux, de l’expédier par bateau. Depuis quelques années, il se fait aussi de la syrah nouvelle et du muscadet nouveau.
La SAQ vend cette année 11 vins primeurs [6 français et 5 italiens], soit 11 500 caisses de vins de primeur français et 10 000 caisses de vinos novellos. La LCBO en a acheté moins, soit 8 vins et environ 15 000 caisses.
En général, ces vins sont moins chers en Ontario, il y a toutefois une exception : cette année le Beaujolais-Villages Nouveau Georges Duboeuf se vend un dollar plus cher en Ontario [15,95 $]. Toutefois, le Beaujolais Nouveau Mommessin y est 13,45 $, soit 1,50 $ de moins qu’à la SAQ.
D’habitude, on n’achète pas le vin nouveau pour son goût, ce n’est pas très bon, mais plutôt pour participer à une tradition. Alors, à votre santé, et pas plus de deux verres.
Pour vous amuser, vous pouvez aller sur le site officiel du Beaujolais nouveau, ou plus sérieusement lire Le spleen du beaujolais nouveau, du quotidien Le Monde, du 16 novembre.
Marc André Gagnon