Métier critique, de Catherine Voyer-Léger, Éditions Septentrion.
Ce n’est pas un livre sur le vin, mais un livre sur le métier de critique.
Le métier de critique culturel, de critique de cinéma, de théâtre, de livre…
Je l’ai lu dans l’optique de la critique du vin.
Mais est-ce que cela existe la critique du vin?
Est-ce qu’il y a des critiques de vin?
Pas certain!
Dans ce livre Mme Catherine Voyer-Léger explore la façon dont le métier de critique culturel est exercé et perçu au Québec. Est-ce que le métier de critique est toujours important à l’ère des nouvelles technologies? C’est très intéressant à lire pour comprendre le monde de la critique culturelle, son utilité et ses limites.
L’objectif de la critique devrait être de «dévoiler quelque chose, de mettre en lumière…», nous dit l’autrice.
Les goûts se discutent. «Le goût est un phénomène profondément culturel. Quelque chose qui est souvent partagé entre un groupe donné, qui vient de l’éducation, du milieu, des influences, qui s’apprend et se désapprend. Ce faisant, ça se discute tout à fait.»
«Ce qui devrait intéresser dans la critique, c’est moins la conclusion que ce qui y mène (…) Et c’est ce travail supplémentaire, celui que j’ai appelé l’analyse, qui demande des compétences et des talents…»
«Que ce soit par ce qui relève du goût ou par ce qui relève de l’analyse, la critique n’en demeure pas moins profondément subjective.»
Au sujet du phénomène de refus de la critique négative (omniprésent dans le monde du vin) «on peut se demander si un espace où l’on ne met de l’avant que ce qui nous plaît est encore un espace critique.» C’est le l’autocensure et la loi du silence complaisant.
Ce sont des propos qui font réfléchir. Appliqué au monde du vin, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Reposons notre question initiale: est-ce que la critique de vin existe? Si tout est dit «bon» «très bon» ou «excellent», est-ce de la critique ou de la promotion? De mauvais vins: autocensure et la loi du silence.
Rappelons-nous le discours du printemps dernier où on disait que la piquette ça n’existe pas au Québec. Le sujet, lancé par un titre du Journal de Montréal «La SAQ nous vend de la piquette» et de TVA «Piquette à la SAQ» a entraîné un communiqué de presse de la SAQ dit lettre ouverte «Pas de piquette au Québec!» signée par des sommeliers, des producteurs et des commerçants.
Il n’y aurait pas de mauvais vins sur notre marché selon les signataires! «Pas de piquette au Québec», affirment ces gens! Et personne n’a remis en question cette grossière affirmation. Personne n’ose critiquer!
Donc Métier critique pour un peu de réflexion sur notre métier.
Métier critique
Catherine Voyer-Léger
Les Éditions Septentrion, 2014, 209 pages.
22,95 $ papier. 16,99 PDF.
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