La Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) est peu rentable !
Ceci semble étonnant et difficile à comprendre vu que cette société d’État transmet près de 2 milliards de dollars par année au gouvernement de l’Ontario.
Pourtant, c’est bien ce que dit le Conseil consultatif de la première ministre pour la gestion des biens provinciaux.
«La LCBO, comme la plupart des détaillants, est une entreprise dont la marge bénéficiaire est très faible», dit le conseil consultatif présidé par Ed Clark, anciennement PDG de la Banque Toronto Dominion.
Comment expliquer ce qui semble être un paradoxe?
La LCBO calcule mal son rendement, dit le Conseil, par «une surévaluation des bénéfices : en combinant les impôts théoriques aux bénéfices de l’entreprise, la LCBO donne à la direction et aux employés un faux sentiment de rentabilité.»
La LCBO confond donc ses profits avec ce que le Conseil appelle les «taxes théoriques»; ces dernières sont le total des sommes exigées par le ministre des Finances au titre de redevances.
Le Conseil estime donc «que la LCBO peut être améliorée en traitant de façon distincte son réel profit et les taxes théoriques qu’elle perçoit».
Le Conseil demande donc aux dirigeants de la société d’État de modifier leurs rapports financiers pour qu’il soit «possible d’évaluer plus précisément les marges bénéficiaires de la LCBO.»
Parallèle avec la SAQ
Les mêmes remarques pourraient s’appliquer à la Société des alcools du Québec. En effet, la direction de la SAQ prétend que le milliard exigé en début d’année par le ministre des Finances fait partie de son profit; alors que c’est plutôt une taxe théorique. Incidemment, le gouvernement pourrait transformer ce soi-disant dividende en taxes qui pourrait être de 5 $ la bouteille ou en pourcentage du prix ou les deux.
Revenons à la LCBO
Le Conseil de la première ministre a aussi étudié les coûts d’exploitation, dont les salaires des 7700 employés de cette société d’État. La main-d’oeuvre compte pour près de la moitié de ses frais d’exploitation.
«Notre examen consultatif a comparé les salaires de la LCBO à ceux de plusieurs sociétés comparables du secteur privé (Canadian Tire, Pharmaprix et La Source) et a établit qu’en moyenne, les salaires de la LCBO étaient de 90 % supérieurs à ceux des détaillants canadiens typiques.»
Pire, le salaire moyen des employés permanents est de 26$ alors qu’il est de 11 $ dans les sociétés comparables, dit le rapport du Conseil.
Il note aussi que le travail le dimanche est rémunéré comme étant deux jours et demi. «Cela n’est pas conforme à la situation de la concurrence et fait en sorte qu’il est extrêmement couteux d’ouvrir les magasins le dimanche.»
Autre aberration: «dans 30 magasins du réseau de la LCBO, le gérant du magasin, qui n’est pas syndiqué, gagne moins que l’assistant-gérant, qui est syndiqué.»
En conclusion, le Conseil de la première ministre lance un avertissement. «Il est dans l’intérêt de tous les intervenants que la LCBO puisse évoluer en tant qu’organisme axé sur le client. Si elle ne peut pas s’adapter, les pressions visant à accroitre la concurrence au-delà de ce que nous avons proposé s’accentueront.»
Le conseil consultatif a proposé que l’on permette la vente de vin importé dans un certain nombre d’épiceries. Ce que le gouvernement a accepté.
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Source : Rapport initial : Le Conseil consultatif de la première ministre pour la gestion des biens provinciaux, Section 3; 23 décembre 2015
Demain : La LCBO ne veut pas utiliser son fort pouvoir d’achat !