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PRIVATISER LA SAQ ?

Et ça recommence!
Le débat revient!

Est-ce que c’est moi qui a mal compris, ou bien ce sont les journalistes de la grande presse (ou les titreurs) qui ont mal interprété les propos des politiciens; ou bien est-ce que les politiciens se sont mal exprimés?

Voici ce que les politiciens ont dit d’après les citations de deux journaux.

Premièrement la CAQ
«On veut libéraliser le marché de l’alcool au Québec. Les Québécois sont prêts à cela. On doit augmenter l’offre et avoir une concurrence nouvelle», a déclaré François Bonardel au Journal de Québec.

Il n’est pas question de privatisation ici, mais tout simplement de libéralisation.

Puis, le Parti libéral
«On veut déterminer le modèle d’affaires le plus efficace. Est-ce que ce sera une privatisation totale, partielle ou pas du tout ? Il faudra d’abord faire ce travail-là. On va y aller dans l’ordre et après analyse», a dit le ministre Carlos Leitao au quotidien La Presse.

Donc, trouver le meilleur modèle d’affaires qui pourrait être une possible privatisation totale ou partielle ou autre chose.

Un parti, la CAQ, propose donc de libéraliser; l’autre, le PLQ, d’étudier une possible privatisation partielle ou totale. Les deux semblent aller dans la même direction quoique le parti libéral laisse entendre qu’il pourrait aller un peu plus loin ou un peu moins loin.

De quoi s’agit-il?
De modifier le monopole. Mais de quel monopole parle-t-on? La SAQ n’a pas le monopole total de l’alcool, mais seulement celui du vin et des spiritueux. La SAQ n’a pas le monopole de la bière. C’est privé, c’est libéralisé et ça fonctionne très bien. D’ailleurs la bière est moins chère au Québec que chez ses deux voisines où la bière est contrôlée par des monopoles.

(Par contre, la SAQ a encore le monopole de la bière importée. Elle s’en occupe très mal. Elle n’y est pas intéressée. Il faudrait lui retirer ce monopole.)

Elle n’a plus le monopole des vins québécois, puisque depuis peu les vignerons québécois peuvent faire affaire directement avec le marché privé, les épiceries et dépanneurs sans passer par la SAQ.

La SAQ n’a pas non plus le monopole de la vente dans les 8000 épiceries et dépanneurs qui sont libres d’acheter les vins importés en vrac proposés par les embouteilleurs d’ici. La SAQ est toutefois l’intermédiaire obligé et unique entre les embouteilleurs et les épiciers.

De plus, la SAQ n’a plus le choix exclusif des vins puisque maintenant plusieurs centaines de personnes se sont inscrites auprès de la société d’État pour choisir des vins qui sont importés par la SAQ et vendus par ces agents. C’est le système des Commandes privées que certains appellent improprement Importation privée.

Alors, où il est le problème?
C’est que tout cela ne fonctionne pas très bien et qu’il y a de nombreuses contraintes et restrictions imposées qui ne sont plus nécessaires et encarcanent le commerce du vin au Québec.

De plus, ce système archaïque limite les libertés de chacun, fait en sorte que les ventes stagnent ou ne progressent que très lentement depuis quelques années et cela restreint les possibilités de revenu pour l’État et pour l’ensemble des citoyens.

Quoi faire alors?
Il y a 400 magasins de la SAQ et 8000 épiceries et dépanneurs au Québec. Ce dernier grand réseau est très mal utilisé puisqu’on ne peut y trouver que des vins de bas de gamme, des vins importés en vrac et embouteillés ici. Il suffirait de permettre aux épiciers d’offrir des vins de qualité achetés de la SAQ ou en commandes privées.

De son côté, le réseau des commandes privées est lui aussi très mal utilisé. On est obligé d’acheter à la caisse, ce qui confine ce secteur surtout aux restaurants. Ces gens n’ont pas le droit d’avoir une boutique de vin. Il suffirait ici de permettre la vente à l’unité et via internet ainsi que l’ouverture de magasins spécialisés, des cavistes comme on en trouve dans presque tous les autres pays.

Parlons maintenant de la marge de la SAQ, de ce fameux milliard de dollars remis au gouvernement. Il suffirait de la remplacer par une taxe. Une taxe équivalant à un milliard. Soit environ 3 dollars par bouteille de 15 $; 20 % par bouteille de vin qui rapporterait le même montant qui s’accroitrait au fur et à mesure de l’accroissement des ventes. Ce serait plus transparent et plus efficace.

Ces seules mesures permettraient de revigorer grandement le commerce du vin au Québec; accroitraient les libertés des commerçants et des consommateurs; améliorerait la distribution du vin et rapporterait plus d’argent dans les coffres de l’État. Tout cela sans privatiser la SAQ, sans démolir la SAQ qui continuerait à jouer son rôle de détaillant, de grossiste et de distributeur.

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Sur le même sujet Réforme du marché du vin au Québec, éditorial juin 2016,

Dans la série Comprendre la SAQ  

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