Vous avez peut être entendu parler de la nouvelle appellation IGP vin du Québec ces derniers jours.
Qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce que cela signifie pour le consommateur de vin?
IGP veut dire Indication Géographique Protégée. C’est une appellation créée en Europe en 1992 pour identifier des produits alimentaires régionaux. Elle a été étendue aux vins en 2009.
Cette appellation est utilisée au Québec depuis peu. Nous avons IGP agneau de Charlevoix (2009) et IGP maïs de Neuville (2017) et IPG vin de glace et IGP cidre de glace (2014). Puis, depuis quelques jours s’est ajouté IGP vin du Québec. Elle remplace la Certification vin du Québec et est contrôlée par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisant du Québec (CARTV). Un organisme du gouvernement du Québec créé en 2006.
L’Indication Géographique Protégée (IGP) établit principalement un lien entre un produit et une région en reconnaissant qu’un produit présente des caractéristiques particulières attribuables à sa région de production.» (CARTV)
La dénomination IGP est moins restrictive que celle plus connue en Europe appelée AOC ou AOP pour Appellation d’origine protégée ou Appellation d’origine controlée. L’IGP permet plus de liberté, plus de libéralité et plus de souplesse.
Voici donc les principales caractéristiques de l’IGP vin du Québec selon son cahier des charges.
Le territoire
IGP vin du Québec ne s’applique pas à l’ensemble du Québec, mais seulement à sa partie sud et ouest.
«L’IGP Vin du Québec est située dans une zone limitée par la chaîne des Laurentides au nord, la frontière avec les États-Unis au sud, l’Ontario à l’ouest et les Appalaches à l’est.» Voir la carte si dessous.
Cette zone a été délimitée en fonction de la température et pourrait s’agrandir en raison du réchauffement climatique au cours des prochaines années.
Les raisins
Tous les raisins doivent provenir de ce territoire et 50 % du raisin doit être produit sur le vignoble qui vinifie, embouteille et étiquette sous IGP vin du Québec.
«Toutes les étapes d’élaboration des produits IGP Vin du Québec doivent être réalisées à l’intérieur de l’aire géographique délimitée de l’IGP Vin du Québec.»
Il pourrait y avoir plus tard des IGP pour des zones plus petites, des régions, des secteurs… En France, il y a actuellement 75 IGP de vin.
Cépages
Tous les cépages vitis vinifera (nobles européens), rustiques et semi-rustiques sont autorisés. Seuls les cépages labrusca purs sont interdits. Les cépages doivent être vinifiés exclusivement au vignoble. À tire d’exemple, parmi les vinifera, nous connaissons les cabernets, chardonnay, syrah, grenache, pinots… et parmi les rustiques nommons les seyval, vidal, frontenac, st-pepin, baco, marquette…
Taux d’alcool
Pour les vins tranquilles, le taux d’alcool minimum naturel pour les vins blancs et rosés doit être de 8 % et de 9,5 % pour les rouges. Ce qui est bien bas. Les producteurs auront le droit d’ajouter du sucre avant fermentation afin d’augmenter de manière artificielle ce taux d’alcool de 3,2 points de pourcentage. Soit l’ajout de 54 g de sucre par litre de mout. C’est ce qu’on appelle la chaptalisation. Le taux d’alcool doit être inférieur à 15 %.
Le producteur aura le droit de sucrer son vin jusqu’à concurrence 20 g/l de sucre résiduel. C’est ce qu’on appelle l’édulcoration.
Sulfites
Le taux de sulfite maximum permis est de 420 mg/l de SO2 total. Ce qui est élevé, car en Europe le maximum est de 150 pour les rouges et 200 pour les blancs et rosés secs. (avec en Europe, 50 de plus pour les vins contenant plus de 5 grammes de sucre.)
Comité d’agrément
Au final, les vins subiront un contrôle d’analyse chimique et seront dégustés par un comité d’agrément formé de sommeliers, oenologues, chroniqueurs spécialisés, vignerons expérimentés et conseillers en vin. Le comité acceptera le vin «si le produit a été jugé conforme selon la liste des défauts potentiels des produits dégustés». Tout cela sera vérifié et certifié par l’organisme Écocert-Canada.
Ajout de produits
Le cahier des charges de l’IGP vin du Québec n’impose pas de restriction concernant l’acidification, la désacidification, l’ajout de tanins, de copeaux de bois ou autres produits oenologiques.
Conclusion
Tout ceci laisse beaucoup de marge aux vignerons du Québec. Cette petite activité est encore bien jeune (1980) et encore à l’étape de la recherche des meilleures pratiques viticoles et vinicoles. La production commerciale n’occupe que 500 hectares sur lesquels on expérimente plus de 50 cépages. C’est une production d’environ 2,2 millions de bouteilles sur les 230 millions de bouteilles de vin vendues au Québec; soit moins de 1 % de la consommation québécoise. Toutefois, c’est une industrie en plein essor depuis qu’on l’a libéré du monopole de la SAQ. Le vin québécois suscite beaucoup d’enthousiasme et attire de nombreux touristes dans les régions productrices.
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Source
Cahier des charges homologué pour l’appellation IGP vin du Québec, 27 juin 2018.