Des propriétaires de bars à vin demandent au gouvernement Legault la permission de vendre du vin pour emporter. De vendre du vin «en Drive» comme disent certains de nos cousins de France.
Les restaurants ont le droit de vendre du vin avec les repas pour emporter. Toutefois, les détenteurs de licence de bar à vin n’ont pas le droit. Cependant la SAQ a permis à une compagnie privée de vendre le vin de ces bistrots, ce qui est jugé comme étant discriminatoire par ces propriétaires de bars à vin, dont la célèbre sommelière Vérinique Rivest du bar à vin Soif de Gatineau.
Véronique et quelques-uns de ces collègues ont fait parvenir une lettre au premier ministre François Legault. Nous reproduisons ici cette lettre telle que parue dans le site internet du quotidien Le Droit de Gatineau.
Permettez-nous de vendre du vin à emporter!
Au premier ministre François Legault, à ses ministres et nos députés, Nous sommes des propriétaires de bars, des petites entreprises de ville, de quartier. Nous sommes aussi des restaurateurs: nos ventes de nourriture représentent de 20 à 50 % de nos revenus. Nous sommes des entrepreneurs passionnés, résilients et créatifs, et nous contribuons au dynamisme de notre industrie et de nos économies locales. Nous sommes infiniment reconnaissants du travail colossal accompli à ce jour par nos gouvernements dans le cadre de la crise de la COVID-19, et réalisons tout à fait la complexité de la tâche. La santé reste la priorité absolue pour tous. Plusieurs d’entre nous avons d’ailleurs fermé nos établissements avant que ce ne soit requis. Nous avons été parmi les premiers à fermer, et serons parmi les derniers à rouvrir. Nous adhérons totalement à ces mesures, mais nous devons aussi nous préoccuper de la santé de nos entreprises. Persuadés d’être un maillon important de notre société, nous voulons continuer de contribuer à l’économie. Pour cela, il faut d’abord survivre. Ce que nous demandons ne requiert aucun don, prêt ou subvention. Nous voulons simplement le droit d’exercer notre métier, de vendre du vin, même dans des conditions exceptionnelles. Nous n’avons plus le temps d’attendre. Nous sommes, comme tant d’autres, dans l’urgence. Nous avons d’abord été mis à l’écart de toutes les mesures d’aide parce que nous détenons, en plus de notre permis de restaurant, un permis de bar. Nous n’avons pas eu le droit de vendre de la nourriture à emporter. Ces deux points ont maintenant été corrigés, mais l’interdiction de vendre du vin demeure, alors que tous les restaurants ont ce droit. Les autres provinces canadiennes et de nombreux États américains ont aussi permis aux établissements licenciés de vendre de l’alcool à emporter. Les autorités gouvernementales, la RACJ et la SAQ ont récemment permis à un tiers (alfred.vin) de vendre nos vins sur sa plateforme. Une initiative louable certes, et que nous saluons, mais pensons-y : un tiers peut vendre nos vins, que les clients pourront venir chercher dans nos établissements respectifs, mais nous non? Cela nous apparaît discriminatoire. Nous sommes conscients que beaucoup de choses devront changer au sortir de cette crise, qui a mis en lumière de nombreux dysfonctionnements, et pas seulement dans le domaine de la restauration. Nous devrons tous nous adapter à une nouvelle réalité qui changera les règles du jeu. Mais dans l’immédiat, nous avons une seule et simple demande: autorisez-nous à vendre du vin, de la bière, du cidre, de l’alcool, avec ou sans nourriture à emporter. Nous avons été très durement touchés par la crise: dans l’impossibilité de nous tourner vers les ventes à emporter, nous avons dû complètement cesser nos opérations. Zéro revenu, et d’importants frais fixes à couvrir. Plusieurs de nos collègues sont au bord de la faillite. Nous voulons simplement pouvoir générer des revenus qui nous permettront de couvrir nos frais et nous donneront tous un sérieux coup de pouce dans notre lutte pour survivre. Un nouveau modèle de bars-restaurants s’est développé au cours des 20 dernières années, qui a énormément contribué à la réputation gastronomique du Québec. Malheureusement les lois n’y sont pas adaptées. Il faut cesser de nous associer, les détenteurs de permis de bar, au crime organisé, et reconnaître notre juste place dans la société en tant qu’entrepreneurs dynamiques. La notoriété de plusieurs d’entre nous dépasse nos frontières et fait rayonner le Québec à l’étranger. C’est par notre passion et notre rigueur qu’a été établie la renommée de nos établissements. Ne laissez pas cette passion s’éteindre. Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette demande urgente, et espérons que vous comprendrez la simplicité et l’efficacité de cette mesure, et surtout, à quel point elle est essentielle à notre survie. Véronique Rivest, Soif Bar à Vin, Gatineau |