Aller au contenu

Hausse injustifiée des prix à la SAQ

La présidente de la SAQ a annoncé hier qu’elle allait augmenter les prix cet été.

Pourtant, les prix devraient plutôt baisser.
En effet, l’offre de vin est plus grande que la demande.
Les producteurs ont plus de vin qu’ils peuvent en vendre.

La fermeture des bars, des restaurants en Europe entraine de fortes baisses des ventes. Le président de l’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV) estime que «la disparition radicale dans la plupart des pays de ce canal de distribution pourrait entrainer une réduction de 35 % du volume et de plus de 50 % de la valeur des ventes».

De plus, selon M. Paul Roca, la baisse des ventes est accentuée par «la suppression radicale de l’industrie touristique très développée, qui sera fortement limitée, même une fois que le confinement aura pris fin».

Le président de l’OIV a fait ses prévisions lors de sa conférence du 23 avril dernier.

De son côté, le ministre de l’Agriculure de la France précise qu’ «après les taxes de Trump, qui a planté une partie des entreprises viticoles, aujourd’hui avec la fermeture des restaurants, la fermeture des salons, la fermeture des caveaux, la fermeture de la vente dans les exploitations, les viticulteurs français sont en train d’être totalement asphyxiés » (LCI)

De plus, le journal La Dépêche écrivait le 10 avril que «le secteur du vin est en danger. Avec le confinement, un milliard de litres de vin européen pourraient être perdus et avec eux le revenu de milliers d’acteurs de la filière viticole. Trois pays sont particulièrement concernés : la France, l’Italie et l’Espagne, plus gros producteurs de vins en Europe et pays les plus touchés par le coronavirus. Chacun a environ 300 millions de litres de vin en excédent.»

Il y a donc un grand surplus. Des associations de viticulteurs demandent même aux gouvernements européens de les subventionner pour faire distiller ces surplus. En France seulement, ils demandent la permission de distiller 300 millions de litres de vin. (Voir AFP du 12 mai.)

C’est l’équivalent de 390 millions de bouteilles seulement pour la France. C’est plus de bouteilles que les ventes totales annuelles de la SAQ!

Alors, pourquoi hausser les prix?
La directrice de la SAQ, Catherine Dagenais, a évoqué trois raisons. Ce sont toujours les mêmes. Une hausse de la taxe d’accise. C’est un cent de hausse par bouteille (voir canada.ca );
Elle mentionne aussi la fluctuation de l’euro. Pourtant, l’euro vaut aujourd’hui 1,52 $. Là aussi une cent. C’était 1,51 $ le 13 mai 2019. (voir XE) L’euro fluctue tout le temps par rapport au dollar: ça monte, ça descend. C’est autour de 1,50 $ depuis 2 ans (voir ce tableau). Avez-vous déjà entendu la SAQ dire qu’ils allaient baisser les prix lorsque l’euro descend?

Et la troisième raison, c’est que 600 producteurs demanderaient une hausse.
Normalement, dans un marché concurrentiel, les compagnies acheteuses de vin pourraient plutôt demander une baisse des prix vu qu’il y a des surplus de vin sur le marché. L’offre est plus forte que la demande. Mais ici au Québec, nous sommes en présence d’un monopole. Et ce monopole veut payer plus cher afin de faire plus d’argent. Ces gros producteurs le savent. Le consommateur, lui, n’a pas le choix, il ne peut qu’acheter à la SAQ.

Les bars et restaurants du Québec sont fermés. La SAQ vend moins d’alcool à ces établissements. Ses ventes stagnent et ses frais augmentent à cause de la Covid, la direction de la SAQ cherchera donc à hausser ses prix afin de donner un peu plus d’argent au gouvernement. Ce dernier exige 1,25 milliard pour l’année financière qui vient de commencer en avril; alors que l’an dernier il a reçu de la SAQ 1,14 milliard de dollars,

Ce qu’a fait la présidente de la SAQ hier c’est de la préparation psychologique ou du conditionnement psychologique. On annonce une hausse possible, sans plus de précisions, afin de préparer le consommateur à cette éventualité et à faire en sorte qu’il l’accepte plus facilement malgré la crise financière et la baisse de revenu des individus provoquées par la pandémie.