Après un millésime 2002 désastreux, dû aux inondations, nous voyons apparaître des châteauneufs 2003 sur les tablettes de la SAQ et de la LCBO. Même si c’est un millésime très chaud et très sec, il a quand même bien meilleure réputation.
Il y a un peu moins de 20 châteauneuf-du-pape 2003 sur les tablettes de nos deux monopoles ces jours-ci. Les plus grands ne sont pas encore arrivés.
Voici quelques notes pour mieux comprendre les vins de Châteauneuf-du-Pape.
Les styles – Il se fait peu de blanc dans l’appellation, à peine 6 % de la production totale. La grande majorité des blancs sont trop chers et peu intéressants.
Les rouges, par contre, sont particulièrement captivants. Les vins de Châteauneuf-du-pape sont très variés. Il n’y a pas de typicité à proprement parlé. On retrouve des vins très costauds, tanniques et alcooleux et d’autres fins, élégants et soyeux.
Il y a trois types de sol dans la région : sables et galets, cailloutis calcaires et argile rouge.
Les cuvées – La plupart des producteurs font du vin à partir de parcelles de sols différents. Toutefois, depuis quelques années, on a tendance a faire des cuvées spéciales, prestiges et autres. Les raisins de ces cuvées proviennent alors souvent d’une seule parcelle ou d’un groupe de parcelles.
Cette mode des cuvées différentes est contestée dans la région. Certains disent qu’en mettant le meilleur dans la grande cuvée, la cuvée de base est alors diluée et de peu d’intérêt.
C’est vrai, mais pas toujours. Par contre ce qui est vrai à tout coup, c’est que cette mode de cuvées haut de gamme a fait énormément monter les prix. Cette méthode de marketing, disons-le, a permis de mieux faire connaître ce vin et surtout de le vendre aux États-Unis. Ce pays est devenu le principal acheteur.
Pour plusieurs Étatsuniens, les bons vins doivent être chers. Alors, les producteurs, négociants, importateurs leur donnent ce qu’ils veulent : du vin cher. Le magazine Wine Spectator rapporte en juin que les châteauneufs qui se vendent 60 $ sur le sol des États-Unis quittent la propriété à 20 $ !
Évidemment, cela a des conséquences au Canada, les prix montent. En divisant la production en deux ou trois cuvées, on créé de la rareté. Ça fait augmenter la demande, les prix, et ces bouteilles sont ainsi plus difficiles à dénicher.
Les étiquettes – Il faut bien les lire. Le nom des cuvées n’est pas toujours bien en évidence. Les producteurs font exprès. Alors si vous lisez que tel vin mérite quatre étoiles ou 94/100, vérifiez bien si le vin que vous voyez sur les tablettes est la Cuvée à Papi, la Cuvée des faux-frères, celle à Célestine ou bien la Cuvée réservée ou tradition.
Les bonnes années – 1998- 1999- 2000-2001-2003-2004-2005
Les mauvaises – 1996-1997-2002
Les vins de châteauneuf s’améliorent en vieillissant. On peut les laisser facilement dix années en cave.
Les cépages – Plusieurs producteurs disent utiliser les 13 cépages autorisés. En fait, il apparaît plutôt que les châteauneufs rouges sont composés à 80 % de grenache.
Grenache [72 %]
Syrah [11 %]
Mourvèdre [6 %]
Cinsault [3 %]
Counoise, muscardin, vaccarèse, terret [1 %]En blanc :
Clairette [3 %]
Grenache blanc [3 %]
Roussanne, Bourboulenc, Picpoul, Picardin [1 %]
Les producteurs – Il sont au nombre de 300. Les deux tiers embouteillent maintenant eux-mêmes leurs vins. Les grands noms : Boursan, Bonneau, Sabon, Pégaü, Clos des Papes, Boisrenard, Charvin, Télégraphe, Janasse, Préfert, Diffonty, Beaucastel, Mont-Olivet, Marcoux, Du Vatican, Grand Veneur.
Quelques vins de Châteauneuf-du-pape dégustés récemment:
Château de Beaucastel 2003, LCBO 80 $
– 27 février 2006 par Marc André Gagnon
Des arômes de pruneaux chauffés, des tanins asséchant. Le vin est très sec et il manque de fruits. Ce châteauneuf de belle réputation se termine toutefois sur une longueur intéressante. Mais l’ensemble déçoit.
Château Beaucastel 2003 LCBO 80 $
– 11 mai 2006 par Benoît Lavoie
Deux confrères ont récemment commenté ce vin dans ces pages. Mais il mérite bien trois avis! Je suis d’accord que ce millésime de Beaucastel n’offre pas l’ampleur auquel on aurait pu s’attendre. Par contre la texture est très dense et saura bien se déployer dans quelques années. Le fruit, surtout la cerise, est bien présent et n’est absolument pas marqué par la chaleur du millésime. Un vin à attendre 7 ou 8 ans. Bien sûr, il est trop cher. On trouve une belle gamme de Châteauneufs 2003 à $20 ou $30 dollars de moins. Mais pour les amateurs de cette maison, ce n’est pas un millésime à sauter. Il a toute sa place en cave.
Châteauneuf du pape Mathieu 2003, 32 $
– 21 mai 2006, Marc André Gagnon
Un châteauneuf rouge moyen, un peu pâle. Des arômes de petits fruits, de fumée, de tabac et une légère note de cuir. Une belle attaque. Un vin très agréable. De la classe. Bien fait. Une belle impression en bouche. Ses saveurs persistent longtemps.
C’est un vin séduisant, de qualité et une belle réussite en 2003.
Sur son vaste domaine de 26 hectares composé de 50 parcelles, le producteur dit utiliser les 13 cépages autorisés par l’AOC. 967083
Château Mont-Redon 2003 SAQ 38.25
– 7 avril 2006 par Benoît Lavoie
Un beau Châteauneuf où le grenache, se démarque. Chocolat, mais aussi fraise/framboise et garrigue. Une structure qui offre beaucoup de présence en bouche à la fois par une belle vivacité et des tannins bien présents mais de qualité. Les Châteauneufs ne sont certainement plus des aubaines mais celui-ci offre un rapport qualité/prix parmi les meilleurs.
Château Fortia, Cuvée du Baron 2003 LCBO 38.95
– 7 avril 2006, Benoît Lavoie
Voici un Châteauneuf où les saveurs et la facture ne nous amènent pas immédiatement en Côtes du Rhône. Le fruit est abondant et net, l’alcool est bien dissimulé, les tannins bien élevés. On souhaiterait plus de complexité mais surtout un peu plus d’acidité. Le vin manque un peu de tenue.
La Nerthe, châteauneuf-du-pape blanc 2003, LCBO 52 $
– 30 mars 2006, Marc André Gagnon
Un vin blanc au bouquet de pommes, de fleurs et d’oranges. Rond et charmeur. Un beau fruité. Des fruits tropicaux. Une finale un peu chaude et un peu dure. Il faut dire que le vin était servi à la température de la pièce.
Saint-Benoît, Grande Garde, Châteauneuf du Pape 2003, 37 $
– 6 avril, Marc André Gagnon
Des arômes complexes d’épices, de tabac, de crème et de fruits chauffés. Une attaque fruitée, puis tannique. Riche et plein. La finale est tannique. Les tanins accrochent. C’est astringent. Un défaut de jeunesse, peut-être?
Pour en savoir plus sur les vins de Châteauneuf-du-Pape:
– La Fédération des producteurs de Châteauneuf-du-Pape
– Les vignerons indépendants de Châteauneuf-du-Pape
– Vidéo de James Molesworth du Wine Spectator qui goûte deux châteauneufs.
– Les 13 cépages sur le site de Beaurenard
– Les châteauneufs 2003 à la SAQ
– Les châteauneufs 2003 à la LCBO.