Un vin en bonne santé est signe de qualité. Avec l’expérience, le dégustateur apprendra aussi à lire et à détecter d’autres indices de la qualité du liquide analysé. Un œil averti peut même [parfois] identifier le cépage ou la région de production par le seul examen visuel.
C’est, quelquefois, moins difficile qu’on le pense. Par exemple, un bon bordeaux, issu de cabernet sauvignon, a bien des chances de présenter une riche nuance pourprée et une intensité qui va de foncé à noir. Un beau bourgogne, issu de pinot noir, sera plus souvent rubis, avec une intensité qui va de pâle à moyen.
Pour ce qui est d’identifier la région d’origine, il est facile de retenir que l’intensité d’un vin issu d’un vignoble inondé de soleil est normalement plus grande que celle d’un vin qui vient d’un climat plus tempéré. La seule intensité de la couleur devrait, par exemple, permettre de distinguer entre un vin de Provence et un vin d’Alsace.
Pour réussir un vin de qualité, il faut des raisins bien mûrs. Le degré de maturité des raisins peut aussi se voir à l’examen visuel. Quel que soit le cépage, l’intensité d’un vin sera toujours plus grande quand les raisins dont il est issu sont cueillis bien mûrs. Un bordeaux «vert» ne sera que moyen tandis qu’un bordeaux mûr sera plus opaque. Le bourgogne passera ainsi du pâle ou du moyen au [presque] foncé.
Beaucoup de petits vins sont vinifiés en quelques jours seulement. Pour obtenir un vin de qualité, c’est souvent environ trois semaines que les moûts doivent fermenter. Un vin qui aura subi une longue fermentation présentera toujours des couleurs plus riches et plus intenses qu’un vin vinifié trop rapidement.
L’élevage en barrique peut aussi modifier la couleur du vin. Cela est surtout bien visible dans le cas des vins vieillis dans des fûts alors qu’ils ne sont pas protégés du contact avec l’air. Le porto tawny en est un bon exemple. Ce mot anglais décrit d’ailleurs la teinte rousse ou fauve que prend ce vin lors de son élevage en pipa.
Voilà pourquoi il faut toujours regarder le vin avant de le sentir et de le goûter. Les yeux nous préparent aux plaisirs qui nous attendent. C’est comme dévorer des yeux un beau menu avant d’attaquer un bon repas. L’examen visuel a cependant ses limites. Il donne des indices, nous prévient de ce qui nous attend, nous ouvre des pistes et suggère bien des hypothèses. Cependant, il faut se garder de juger un vin après le seul examen visuel. Toujours, l’analyse olfactive et l’analyse gustative doivent venir confirmer les impressions laissées par l’analyse visuelle.